- Elfes
- Femme
- Solweig
- Les veilleurs
Journal personnel de Anome
Ceci est ton sujet personnel qui t'est exclusivement réservé. Chaque message posté ici comptera dans les RP postés pour l'animation, et te rapportera donc des points.
SUJET OUVERT UNIQUEMENT À ANOME
- Humains
- Homme
- Yourick
- La Caravane
01 - Un message dans le noir
Enfin un abri !
Je regarde autour de moi, pas de menace.
Il y a bien eu un squelette ... D'ailleurs, ce squelette avait été infiniment décevant.
Au vu des dangers que je vais vivre, j'ai besoin d'être prêt à me défendre, malgré mon manque de force. J'ai vu qu'il était possible de se battre efficacement en utilisant la force de son adversaire ou en jouant sur la mécanique de ses articulations. Ce squelette aurait pu être un cobaye idéal pour tester ma nouvelle maitrise de ces techniques. Plus vif que lui, j'ai réussi sans trop de mal à lui attraper la main. Et quand j'ai tenté de lui tordre le poignet pour le forcer à plier le genou, il s'est contenté de regarder ses carpes caresser son radius et son cubitus.
Il était totalement insensible à ces techniques !! C'est n'importe quoi ! C'est de la triche de vivre comme si on avait de vrais muscles et articulations, mais sans avoir les contraintes que ces éléments imposes à tous les autres êtres vivants ... en dehors surement des Acinox, blanc ou noirs, des Golems, des Titans de Feu, des momies ...
Un bruit me sort de mes pensées.
Je passe la tête derrière les ruines, craignant qu'un vampire ait réussi à retrouver ma trace.
Ouf ! Ce ne sont que quelques livres dont les pages sont soulevées par le vent.
Je les feuillette un peu. Il n'y a quasiment plus rien de lisible.
Seulement le passage du récit d'un homme que la haine et la violence semble gagner, et un cours sur la façon ... d'exploiter les autres pour son propre profit ?
- Mais comment on peut écrire des ignominies pareilles ?
Je vais me faufiler entre quelques pierres de ces ruines qui forment une cachette idéale, et me reposer un peu.
Mais dès que je sombre dans le sommeille, quelque chose de bizarre se passe.
Il y a du noir.
Du noir partout.
Je n'aime pas ça.
Soudain, je sens une présence. Je me retourne et ... zut ! Juste le temps de voir une silhouette s'évaporer.
Elle apparait ailleurs et, pendant plusieurs minutes, nous jouons ainsi au chat et à la souris. Jusqu'à ce que je sois assez rapide pour reconnaitre de qui il s'agit.
C'est mon vieil homme ?
D'un coup, je me crispe ! Je sors mon arme et me tiens sur mes gardes.
J'aime énormément ce vieil homme, peut-être est-ce la personne pour qui j'ai le plus d'affection. Mais la dernière fois que je l'ai vu dans un lieu aussi sombre, je venais de m'être fait perforer le torse et un personnage était venu me chercher, me trainer de force jusqu'à me jeter dans une sorte de Maelström. Un tourbillon dont la sensation me donne encore des nausées et qui m'a recraché à la Pyramide Blanche !
J'ai tous les sens en alerte.
Mais rien ne se passe.
Par acquis de conscience, je me palpe un peu partout pour m'assurer de la bonne intégrité de mon corps.
Visiblement, rien d'anormal à signaler.
Je me concentre alors sur le vieil homme.
C'est bizarre, nous sommes tous deux seuls, à quelques mètres l'un de l'autre, dans ce noir infini.
Mais nous ne sommes pas sur le même plan. C'est comme s'il était debout, bien droit, mais sur un plan incliné. La physique voudrait qu'il tombe, mais là, non.
Il tourne la tête, je ne sais pas vers où, il regarde ailleurs comme s'il ne me voyait pas.
Mais dès l'instant ou il effectue ce geste, je sens son regard peser sur moi.
- Qu ... qu'est-ce qui se passe? Balbutie-je
Il ne dit rien, il se contente de lever le doigts pour me désigner une direction.
J'essaye de voir ce qu'il me pointe. Rien.
Mais là encore, je sens que quelque chose ne va pas. Ce n'est pas cohérent. C'est confus.
J'ai l'impression de ne pas regarder dans la bonne direction.
Je regarde partout autour de moi et, en effet, je tombe rapidement sur un bout de papier.
Lui aussi, il bouge un peu comme les pages des livres que j'ai trouvés plus tôt, pourtant, il est totalement déconnecté de la physique. Il est presque entièrement retourné, mais ne tombe pas.
Je m'avance vers lui. ça le fait se déplacer sur le côté.
- Mais ...
Je regarde à nouveau le vieil homme.
Il a encore changé de place et ... d'angle d'inclinaison? Mais sa position est restée la même.
- ... Vous ne voulez rien me dire ?
Aucune réponse de sa part. Mais de là ou je suis, je peux juste distinguer un air assez grave, voire triste sur son visage.
Quoique ce soit, ça à l'air assez sérieux.
Pendant les secondes, les minutes, les heures qui suivent, je tente tout ce que je peux pour m'approcher du papier.
Mais cette obscurité éternelle s'est entrelacée d'une confusion malicieuse.
Je m'approché, puis m'éloigne.
Je tourne en rond.
Je la vois sous tous les angles.
Je la frôle.
Je la perds.
Je rage.
Je recommence, encore et encore.
Je manque bien des fois de perdre patience.
Je médite.
Puis, quand je comprends enfin que je dois plus me filler au regard du vieil homme que du mien, lui qui me fixe et a le doigt pointé vers le papier, plutôt que de chercher à rejoindre ce dernier à travers un palais de glaces invisible, je me déplace en regardant comment ça change son regard à lui.
Enfin, après toutes ces tentatives, j'attrape ce papier qui se révèle dès que je le tiens fermement.
- Une carte ? Juste une carte ?
Et soudain, un lieu situé sur un des bords de la carte semble commencer à m'aspirer.
Oh non ! Ca va pas recommencer ! Non !!!
Tout redevient noir !
Je me réveille en sursaut !
Je me redresse d'un coup et ...
BUNK !!
- Aie !
Se redresser brutalement quand on est allongé dans un trou de souris, c'est assez violent.
C'est à peine si j'ai assez de place pour me masser le visage qui s'est mangé le toit de mon abris de plein fouet.
Impossible de me recroqueviller dans cette position fœtale qui, il faut bien l'admettre, est une alliée précieuse quand personne n'est là pour nous consoler.
- Merde, ça fait mal ! Ca fait vachement mal !! Fait ch...
Je me traine rapidement en dehors de ma cachette.
J'éponge un peu le sang qui a coulé sur mon visage.
J'en profite pour éponger la sueur qui s'était sentie invitée par toutes les émotions fortes que ce rêve m'a transmises.
- Bon, vieil homme ! Je ne sais pas si je deviens fou ou pas. Mais par respect pour toi, je veux bien aller jeter un œil à cet endroit qui semblait si important pour toi. Et si en plus ça m'éloigne d'Altaïr, on nos intérêts vont rapidement converger ! Allez, direction le Nord Est !!
Quelques jours plus tôt, j'avais trouvé une douce brioche, dans mon sac. J'ignore comment elle était arrivée là, mais ça semble être un bon moment pour la goûter ... et en profiter pour s'assurer qu'elle est bien impérissable.
C'est d'un pas motivé et une brioche incroyablement savoureuse à la bouche que je m'élance droit vers le Sud
- 1
- 2
- 1
- Humains
- Homme
- Yourick
- La Caravane
02 - La gentillesse des os
Voila plusieurs jours que je marche.
Pas d'autre danger que celui de voyager dans le désert.
Tant de bonheur à voyager dans ce désert !!
Le sable qui monte et qui descend.
Ces vagues immobiles qui s'offrent sous mes pieds, si douces, si chaleureuses.
Ce vent qui vient caresser mes joues, soulever ma longue écharpe blanche immaculée.
Ah! plus le temps passe et plus j'aime ce monde ! Cette sensation, cette liberté !
Oh ! Une dune colossale. Ce n'est qu'un petit détour, pas plus d'un kilomètre, mais une occasion assez rare de dévaler une telle pente.
- Youhouuuu!!
Je cours, je glisse, je vole sur le versant de ce relief massif.
Je fonce, empli de joie et dépourvu du moindre complexe !
J'arrive en bas et m'étale par terre.
Que j'aime cette sensation ! C'est juste ... incroyable !
Après un soupir satisfait, je me redresse et m'apprête à repartir. Avant de me relever, je regarde à nouveau cette dune majestueuse.
Est-ce que ça serait vraiment déraisonnable ... ?
Quelques minutes et une remontée plus tard, je me retrouve à nouveau à son sommet.
Allez, juste une dernière fois !
Mais je ne me contente pas de la dévaler comme un dératé. Non, là je profite d'une pareille occasion pour tenter de parfaire cet art si méconnu : La dégringolade maitrisée.
Technique développée par mes soins qui consiste à trébucher au tout début de la pente, rouler dans tous les sens en perdant le moins d'affaire possible, le tout avec un certain panache.
Le travail le plus délicat reste bien évidemment la réception qui, je le remarque s'améliore petit à petit sans pour autant être encore satisfaisante.
Le temps de retrouver un minimum d'équilibre et je reprend la route.
Il ne me faut plus beaucoup de temps pour arriver dans la région de la Pyramide Blanche.
Wouaah ! C'est incroyable la profusion de squelette qu'il y a, par ici.
Ceux-ci sont moins agressif que n'importe ou ailleurs dans le désert.
Je passe entre eux, attirant leur regard curieux.
- Oh ! Georges ?! Georges, c'est toi ?!
Je reconnaitrai son expression parmi tous les siens. Et la lueur d'intelligence qui lui au fond de ses orbites vides est criante !
- Georges ! Je te croyais mort, lui dis-je en m'approchant de lui.
Je m'arrête un instant et le toise
- Moui, enfin ... tu m'as compris.
J'arrive à sa hauteur. Effectivement, il a toujours ses phalanges manquantes.
- C'est totalement dingue de te retrouver ici.
Je me tourne vers le désert.
- Eh ! Vieil homme ! Vous avez vu ?! C'est Georges ! Je vous avais parlé de Georges ?
Je me retourne vers Georges
- Je te présenterai le vieil homme, un jour. Mais avant, tu vas voir, j'ai quelque chose qui va te plaire.
Je vais chercher une petite bourse dans mon sac. Je l'ouvre et en sors des petits bouts de bois.
- J'ai essayé de les tailler comme tes phalanges, mais je ne suis pas très dégourdis avec un couteau. Ca te dis, une partie ? Comme au bon vieux temps !
Et pendant quelques instants, je prépare et joue aux osselets avec Georges.
Bon il n'a pas vraiment progressé et reste totalement immobile au moment d'attraper les osselets. Et au moment de les lancer, aussi. Mais il a l'air tellement heureux quand il me regarde faire.
Après quelques victoires et une défaite, je range tout mon matériel
- Ben écoute, c'était vraiment super sympa de te revoir. Je dois partir, j'ai encore de la route à faire, mais bouge pas, d'accord ? Je repasserai un de ces jours, j'aurai un tas de trucs à te raconter. Oh ! D'ailleurs, tant que j'y pense, si tu vois un Vampire qui va dans la même direction que moi, je peux compter sur toi pour le retenir le plus longtemps possible ? Toi, tu n'as pas de sang, donc tu ne devrais pas l'intéresser.
Je prend un moment pour vérifier sa réponse. C'est dur à décrypter tant le "oui" est proche du "non" et proche de l'absence de réponse. Mais il a l'air plutôt motivé.
Allez, merci, vieux ! A la prochaine !
Et je reprends à nouveau la route, brièvement percuté par une réflexion.
Tiens ? C'est vrai que je ne connais même pas son age. Si ça se trouve, il est plus jeune que moi, Georges.
Je traverse la région, toujours subjugué par cette Pyramide Blanche.
Un jour, c'est peut-être elle que je partirai explorer.
Peu de temps après, je vois un regroupement de squelettes.
Je m'approche de cet attroupement un peu festif.
- Salutations à vous, joyeux compagnons ! Puis-je me joindre à vous ?
Pendant une minute, ils se sont contentés de me dévisager alors que je me glisse entre eux.
Sauf qu'une fois leur évidente surprise passée, ils ont eu une réaction digne de squelettes sauvages ; ils se sont rués sur moi et ont commencé à essayer de me molester.
Avec une certaine agilité et profitant de la confusion d'une telle masse mouvante, j'ai réussi à m'extraire de ce traquenard, non sans en briser un au passage.
- D ... Désolé ! Crie-je en m'éloignant à toute vitesse !
Je file plein Est, et m'approche de la prochaine étape de mon voyage : la cité des pirates.
- 1
- 1
- Humains
- Homme
- Yourick
- La Caravane
03 - Un nouveau compagnon
Les pirates ont toujours été accueillants à mon égard. Mais il y a une part de crainte à chaque fois que je m'approche de leur territoire. Cette inquiétude n'est que passagère, s'évaporant au fil que je m'éloigne de leurs murs.
Tiens ? Il y a aussi des ruines non loin de chez eux. Le temps d'y trouver quelques babioles et je reprends la route. Je ne suis plus très loin et la route est, là, plutôt calme.
Peu avant d'atteindre le lieu indiqué sur la carte du vieil homme, je croise un énorme Golem de pierre, accompagné d'un Acinox.
Je ne suis pas un adepte de la violence, mais face à ces sac d'agressivité faits d'os, je fais des exceptions.
Une fois ma tache achevée, je me tourne vers le colosse.
- Désolé si je vous ai importuné, je cherche quelque chose par ici ...
En posant cette question, je fouille dans mon sac pour sortir la carte.
Ah ! C'est vrai, la carte n'était que dans ce songe étrange
- Heu ... Je ne sais pas trop ce que c'est, ni ou exactement. Pourriez-vous m'aider ?
Le Golem me regarde malgré son absence d'yeux.
Il reste immobile, impassible.
Sentant une forme de proposition que son immobilisme chercherait à me communiquer, je m'approche et tend les bras vers lui.
- Heu ... puis-je ?
Il ne dit rien, ni ne bouge, se contentant de continuer à considérer ma présence. Sûrement une forme d'acquiescement.
Je commence à trouver des prises sur son corps et grimpe, je l'escalade. J'ai déjà combattu une créature de ce genre avec des Marches Sables, mais ce contact prolongé et tout en douceur offre vraiment une nouvelle façon de voir cette créature. Sa roche est plus froide qu'il n'y parait, bien plus agréable à toucher que les cailloux ferreux brulants qu'on peut croiser ci et là, ou encore les traces d'Aphistème éparpillées dans le désert.
Ca y est, je suis perché sur la tête de ce sympathique géant. De là, la vue sur les dunes environnantes est vraiment incroyable.
- Wouaaa ! Mais c'est super grisant ! Je comprends pourquoi tu as choisi d'être aussi grand et balèze !
Je me perds quelques secondes dans ces exaltations avant de me souvenir pourquoi je suis là. Je commence alors à observer les alentours et, effectivement, j'aperçois rapidement une forme au loin. Un bâtiment ?
- Là ! C'est là-bas. En avant, compagnon !
Rien ne se passe.
Surpris, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi je reste statique. Puis, je descends, m'agrippant tel un singe à la tête du golem et me plaçant là ou je situerais une de ses oreilles.
- Dis-moi, mon sympathique rocher vivant, loin de moi l'idéee de t'obliger, mais pourrais-tu avancer en direction de la grosse bâtisse, là-bas ?
Aucune réaction.
Je désescalade la petite montagne vivante et, une fois au sol, j'attrape fermement un de ses doigts, et je tire de toutes mes forces.
- Gnnn ! Allez, tu ne vas tout de même pas passer ta vie, à t'enraciner comme une plante ! Ne reste pas sourd a ... Gnnnnnh ... L'appel de ... GNNNNNHHH!!! l'aventure !!
J'ai réussi à faire légèrement bouger sa main. Mais elle retombe à sa place dès que je lâche prise.
Je reprends mon souffle une seconde, puis essaye une autre méthode et m'adresse directement à lui.
- Peut-être qu'il y aura un linteau en granit, là bas, ça sera la roche de ta vie et vous aurez plein de petits rochers tout gravilloneux !
Aucune réaction.
Je patiente un moment, dès fois qu'il serait en train de réfléchir, d'hésiter.
Plusieurs minutes passent, confirmant son inébranlable inertie.
Je sors un petit carnet de ma sacoche.
J'y détaille la façon dont j'ai tenté de changer cette masse de roche en fidèle compagnon, et au final comment j'ai échou Je n'ai pas encore réussi.
- Allez, ce n'est que le début ! Peut-être se reverra-t-on un jour.
J'abandonne là mon allié du moment et emprunte ce chemin vers ma destination.
J'y suis presque, je vais enfin savoir ce que me voulais le vieil homme !
- 1
- 1
- Humains
- Homme
- Yourick
- La Caravane
Elle
Le vent souffle, légèrement, caresse ma peau, pousse quelques grains de sable.
Il siffle dans mes oreilles avec une douceur familière.
La lumière tombe du haut du ciel sur le désert, libérant ci et là quelques éclats cristallins.
Devant moi, un énorme bâtiment.
Une épaisse tour ronde un peu moins haute que la Cathédrale Noire d'Altaïr. Toute la partie arrière est agrémentée d'épais contreforts qui ressortent franchement du cœur.
Le toit et le pourtour des fenêtres taillées en ogive, sont gris, tirant légèrement sur le vert.
Les pierres utilisées pour les murs sont jaune pastel, reliées par des joints blanc très fins.
Le tout forme une symbiose de ton clairs qui ne jure pas avec le paysage.
Même les vitraux dont les teintes sont plus sombres et saturées sont assez discrets pour ne pas être marquants.
Devant l'entrée du bâtiment, il y a une énorme statue, mais elle est de dos et je ne peux pas voir qui elle représente. Elle porte un grand manteau qui m'est étrangement familier, mais je n'arrive pas à me souvenir où je l'ai vu.
De part et d'autre de cette statue, des petits sentiers dallés qui se rejoignant avant de mener vers l'intérieur. Cette allée est bordée de parterres de plantes de tailles et de couleurs variées. Ils sont soignés et finement taillés, apportant une noté d'élégance qui laisse le voyageur solitaire que je suis pantois.
Sans m'avancer, j'entraperçois l'intérieur d'une blancheur tranchée par les couleurs franches venant des vitraux et qui se répercute sur toutes les surfaces blanches, laissant planer une ambiance de fontaine de couleurs.
Il y a un je ne sais quoi qui me parait familier dans ce lieu, mais je reste un habitant du désert, de l'extérieur. Je n'aime pas l'idée de me perdre dans un lieu fermé.
Je le ferai, mais d'abord ...
Je contourne la bâtisse pour bien l'observer sous toutes ses coutures.
J'aime beaucoup les contreforts, dont la base doit tourner autour de deux mètre de profondeur. L'espace entre eux est assez conséquent. C'est une architecture particulièrement exotique dans cet environnement et c'est un plaisir à explorer.
C'est en arrivant à l'arrière, à l'opposé de l'entrée que je perçois quelque chose d'étrange.
Une pierre. Elle est à auteur d'homme, plus large que les autres et est légèrement inclinée. Comme un plan de travail pour architecte.
C'est étrange, j'ai l'impression qu'il y a un son qui émane de cette pierre.
Voila ce qu'on rate quand on se contente de passer par la grande porte !
Ce son. C'est comme une voix, au loin.
Sans même m'en rendre compte, je m'approche lentement.
Sans même m'en rendre compte, la lumière s'efface, les pierres s'évadent alors que je les longe.
Sans même m'en rendre compte, ciel et sol deviennent néant.
Seules restent la pierre et cette voix au loin. Un lointain cri de désespoir.
Je commence machinalement à tendre la main. Mais avant de la toucher, je prends conscience de ce qui m'entoure.
Tout ... Tout a disparu !
Je me retourne d'un coup pour vérifier dans mon dos, et il est là ! Mon vieil homme.
Je m'apprête à parler, mais d'un geste, il m'invite à ne pas prononcer un mot.
Dans le même temps, la voix s'efface et alors ... plus rien.
Plus aucun son.
Je suis un voyageur solitaire, je suis habitué au silence.
Du moins, je le croyais, j'ignorais tout ce qu'on entend sans s'en rendre compte ; le bruit du vent qui caresse ma peau, le bruit de mes pieds frottant le sol, celui de ma respiration, des animaux grouillants au loin ou sous la surface, des squelettes grommelant ci et là..
Il me regarde d'un air grave.
Il ne dit pas un mot, et je comprends bien qu'il attend la même discipline de ma part.
Lentement, il lève ses mains et les pose sur mes épaules. Je sens soudain que je me déplace. Je flotte. Le vieil homme s'envole, et il m'emporte avec lui.
Je n'ai aucun repère, mais j'ai l'impression que nous allons loin très loin.
J'ai le sentiment que nous allons à une vitesse hors norme, mais je ne la ressens pas.
Nous allons encore plus loin que loin. Nous allons ... ailleurs. Comme si nous avions quitté le monde.
Mais pour aller où ? Je n'ai pas l'impression que nous somme quelque part.
Nous sommes arrivés. Le vieil homme me serre les épaules il se pince les lèvres et ... disparait.
C'est assez soudain et, sur le moment, j'avoue, je commence un peu à paniquer.
Mais ce n'est rien, c'est mon vieil homme. J'ai confiance en lui.
Je n'ai pas à m'interroger longtemps ; rapidement un bruit viens percer le silence.
Des bruits de pas dans l'eau.
Je me tourne vers leur origine et je vois là une femme qui court, émerveillée, heureuse.
Elle semble courir sur l'eau et en plus d'un son légèrement humide, ses pas provoquent des petits remous aux reflets rouges, dans ce lieu vide de tout.
Elle disparait aussitôt que je la vois.
là, je m'interroge sur le sol sur lequel je suis.
Puis, elle réapparait encore en train de courir quelques pas. Et de nouveau, plus rien.
C'est furtif, mais je parviens à voir son style assez singulier. Rien à voir avec une habitante du désert. Elle est coiffée d'une couronne de feuilles et de fleurs colorées, desquels dépasse une épaisse chevelure sombre. Ses vêtements, quant à eux, ressemblent à une armure aux teintes dorées et vertes et aux courbures organiques rappelant encore des formes végétales.
Elle rit à chacune de ses apparitions. Un rire qui résonne même lorsqu'elle n'est plus là. Sa voix est aussi douce que son visage, et dégage un émerveillement, une joie sincère.
Je me penche et, les petits mouvements que je fais font aussi remuer ce sol liquide.
Et alors que je vais pour essayer de tremper la main dedans, la jeune femme apparait juste à côté de moi, s'accroupis pour avoir son visage très proche du mien.
- Hi hi hi ! C'est magnifique, tu ne trouves pas ? La vie est vraiment partout ...
Sans me demander mon avis, elle me saisit les mains, et m'emporte avec elle sur quelques pas euphoriques avant de disparaitre, encore une fois.
J'ai une question qui me vient à l'esprit. Enfin ... J'ai des centaines de questions, mais je ne sais pourquoi, j'ai le sentiment que ce n'est ni le lieu, ni le moment pour les poser.
Le geste du vieil homme m'intimant le silence me revint en tête et me convainc de rester muet.
Je fais demi tour quand j'entends cette femme, derrière moi.
Cette fois, elle reste sur place. En bougeant les bras, elle semble commander au liquide sur lequel nous sommes. Sans le toucher, elle en prélève une petite partie, le fait tournoyer. Elle l'agite, encore, encore et encore, changeant sa nature, sa couleur, sa consistance. Et très vite, par je ne sais quelle magie, elle se retrouve avec une sorte de petite balle dure qui flotte entre ses doigts.
Elle se tourne vers moi
- ... Tu vois ? Partout ...
Elle disparait, sans emporter avec elle sa création. Cette dernière tombe alors dans le liquide.
- ... Elle foisonne ...
Sans que je m'en aperçoive, elle est réapparue, juste à côté de moi, accroupie, la main plongée dans le liquide.
Elle en ressort la même boule et se relève, me présentant son œuvre.
- ... regarde !
Et effectivement, vu de plus près, ce qu'elle tient est vraiment incroyable.
Ca ressemble à une planète, comme j'en ai vu dans mes livres, jadis. Elle a l'air si vraie, verdoyante, luxuriante.
Je ne peux l'observer qu'un court instant car aussitôt, la femme s'écarte et dans un geste presque cérémonieux, elle invite ce monde à s'élever. Ce qu'il fait. Il monte, monte, monte, tout en douceur. Il grossit, même ?
- La vie est magnifique ...
Elle s'est encore déplacée instantanément. Quand je me tourne à nouveau vers elle, elle est en train de fixer deux créatures . Ces dernières ressemblent à des humains, mais sont beaucoup plus grandes. Un homme dont la peau est bleue et une femme, elle, verte.
Des Genasis ?!
Je sens émaner d'eux énormément de tendresse.
- ... elle est pleine d'amour ...
le couple s'agenouille, chacun enlaçant l'autre d'une main.
La femme a l'air si petite et si frêle à côté d'eux. Elle lève la main et caresse la joue du Genasis.
La compagne de ce dernier se penche et pose affectueusement son front contre l'épaule de cette femme incroyable.
- ... et l'amour est puissant ...
L'image qui se dégage d'eux fait palpiter mon petit cœur de solitaire.
Je me sens ému, la gorge un peu nouée.
J'ai le sentiment que voir une scène pareille est un privilège dont je préfère reporter à plus tard, la question de savoir si je le mérite ou pas.
Je ne veux pas gâcher ça.
- ... infiniment puissant ...
Sans se dégager de sa posture, elle tourne son visage vers moi.
Son regard me transperce et me tétanise.
- ... parfois trop puissant. Incontrôlable. Même pour les Dieux !
Quand elle prononce ces mots, les Genasis se liquéfient, et se déversent dans ce sol liquide.
Ca me fait un petit pincement dans la poitrine.
Elle ne me lache pas du regard, se tourne même pour me faire face.
Je ressens la gravité du moment. Et pourquoi est-ce que j'ai un mauvais pressentiment ?
Elle s'avance vers moi.
- Les Dieux ne sont pas tout puissant ...
Sa voix frémit légèrement. Elle ... a peur ?
Elle arrive juste devant moi.
Je vois ses lèvres trembler.
Elle ne s'arrête pas d'avancer, elle tourne la tête et se blottit contre moi.
Un intense frisson me parcours tout le corps. Je suis totalement pris de cours et je ne sais absolument quoi faire.
J'ai naturellement posé mes mains sur ses épaules, mais là, je panique un peu.
- ... Parfois, ils font des erreurs ...
La panique est bien réelle, mais elle n'est que passagère.
Je la sens triste, blessée.
Et ça me fait mal. Ca fait de plus en plus mal
Les nœuds dans ma gorge deviennent de plus en plus serrés, et toutes mes tripes qui se tordent.
- ... des erreurs dont les conséquences sont impitoyables ...
Non, non non non !!
Arrête ! Ne continue pas ton récit !!
Ne dis plus rien !
Je t'en prie, arrête.
Avec toute la mauvaise foi du monde, je me hurle à moi-même que si la suite de l'histoire n'est pas racontée, elle n'aura pas lieu.
Je sens qu'elle relève la tête. Elle cherche à regarder vers le haut.
Instinctivement, je fait de même et là, je revois le monde qu'elle a élevé un peu plus tôt. Il est là, à quelques mètres au dessus de nous. Mais surtout, il est beaucoup, beaucoup plus gros ; On pourrait facilement y mettre un chameau à l'intérieur voire deux.
Et dans ce monde, si verdoyant, si vivant, il y a un point qui semble tourbillonner sur lui-même.
Puis il s'étend, il s'étend. Il grossit, devient un maelstrom qui continue à grossir, qui balaye toute sur son passage. Et il s'étend encore ! Il est parti pour envelopper toute la planète.
Au même moment, sans que je m'en sois rendu compte la jeune femme s'est un peu écartée de moi. Juste de quoi avoir, de nouveau, son regard qui transperce le mien.
- ... Est-ce que tu comprends ?
Dès qu'elle prononce ces mots, je sens ses épaules qui s'émiettent, se désagrègent.
Cette sensation change les nœuds qui me serraient la gorge en barbelé brulants.
Elle est en train de disparaitre mais pas comme les fois précédentes.
Cette fois, j'ai l'impression qu'elle ne reviendra pas !
Très furtivement, j'ai une pensée pour Mayfair, une certaine peur que son histoire ne se reproduise.
Alors que je vois son corps se désagréger sous mes yeux, j'entends une dernière fois sa voix, sans qu'elle ait à bouger les lèvres.
Sa voix douce et bienveillante qui résonne dans ma tête.
La vie est merveilleuse !
Elle se vaporise, là, dans mes bras.
Machinalement, je balance les mains dans ce petit nuage de poussière qui disparait peu à peu, devant moi. J'espère vainement pouvoir retenir une part d'elle.
Et pourtant, elle est partie. Bien partie.
La monde en proie a son cataclysme a disparu également.
Il n'y a plus rien, plus personne.
Juste le vide.
Au milieu de ce grand vide : moi.
Au milieu de moi : un grand vide.
J'ai l'impression qu'on vient de m'arracher une part importante de moi-même.
Ma poitrine se ressert. C'est douloureux et ça complique ma respiration. Ma gorge est comme lacérée, et ma mâchoire tremble. J'ai les jambes qui flageolent, quant à mes bras, je ne sais quoi en faire. Je les crois, je les plie, je les tends devant moi. Rien à faire, j'ai l'impression qu'ils ne sont à leur place nul part. Ils sont de trop.
Mais tout ça, je n'y fais même pas attention.
Elle s'est effacée juste sous mes yeux.
Elle était là, et elle s'est effacée.
Elle était gentille, pleine de bonté et elle a disparu.
Elle était pleine de vie et d'amour ... Et elle en est morte.
Le temps passe.
Puis il s'arrête, marquant le deuil.
C'est tout en discrétion et emplis de tristesse qu'il reprend son cours.
Alors qu'il s'éloigne, je sens que je me rapproche de quelque chose.
Au début ce n'est qu'un point.
Puis une forme.
Et enfin une silhouette.
Ce sont deux personnes qui sont par terre, l'une dans les bras de l'autre.
Et rapidement, je reconnais ces vêtements, cette couronne de fleurs et de feuilles.
C'est le corps de la jeune femme, inerte, sans vie.
A ses côtés, un homme. Assez vieux, ressemblant un peu à mon vieil homme à moi, mais sans lunettes, au visage plus marqué et ses vêtements laissent découvert une musculature de travailleur acharné.
Je le vois en rage, je le vois hurler, je le vois transi d'une douleur viscérale.
Mais je n'entends rien. Pas le moindre son.
Je le vois saisir le corps de la jeune femme et le serrer contre lui.
Elle parait si légère. Elle a ses bras et sa tête qui tombent telle une poupée de chiffon. Ça me provoque un haut le cœur.
C'était déjà horrible de la voir s'évanouir juste sous mes yeux.
Ça a été un instant intense, mais au moins, il a été bref.
Là, je ne peux pas détacher mon regard de son corps.
Elle est là. Cette mort en devient palpable !
Vraie. Réelle. Définitive.
Je me sens mal. De plus en plus mal.
J'ai envie de fermer les yeux, de détacher mon regard de la scène, jusqu'à espérer tourner de l'oeil. Mais rien ne se fait.
Je reste là, obnubilé, à fixer cette scène.
Ce vieil homme aussi semble abimé, détruit à l'intérieur. Il l'exprime juste différemment.
Alors que j'observe cette triste scène, je perçois un détail.
Elle saigne ?
C'est assez discret, mais une fois décelé, ça devient assez difficile de l'ignorer.
Je vois ce liquide rouge couler hors de son corps. Et je le vois plonger dans le sol.
Dans ce sol étrange, à la fois liquide et rouge.
Je mets plusieurs secondes à comprendre. Et une fois que c'est fait, que la glace est brisée, je regrette d'avoir vu, d'avoir compris.
Ce sang qui s'écoule, ou quoi que ça puisse être, c'est la ça le sol sur lequel nous sommes posés depuis le début !!
Je repense au monde qu'elle a créé, aux Genasis, tous deux sortis ou retournés dans ce liquide.
Je suis horrifié. Ce n'est pas logique ; elle n'était pas morte, avant, mais c'est bien là.
Je n'ai pas l'énergie pour tenter d'y réfléchir.
Ni l'énergie, ni le temps car soudain, cet homme me prend au dépourvu ; il se retourne vers moi et me lance un regard avec des yeux rougis par la rage et le chagrin.
Il tend un bras dans ma direction.
Un geste désespéré. Un geste effrayant. Je sens une emprise qui m'encercle et se resserre.
A cet instant, mon vieil homme s'avance.
Il était à côté de moi ? Depuis quand ?
Il s'interpose entre cet autre vieil homme et moi, me fait face et me saisit les épaules.
Une fois encore, j'ai l'impression de décoller. Cette fois, je vois bien que je m'élève, je m'éloigne du couple.
Nous partons si vite, en quelques secondes, ils ont déjà disparu.
J'ignore ou nous allons. J'ignore combien de temps nous voyageons ainsi, je crois même qu'un moment je me détache de tout ce qui m'entoure. Je me détache de moi-même et mon esprit s'évade ... J'ignore ou je suis, j'ignore ou je vais. J'ignore qui je suis, ce que je suis ce que j'ai vu. Je suis à la limite d'ignorer jusqu'à ma propre existence.
Quand je reprends conscience, je me retrouve ... dans ma chambre ?
Cette pièce infiniment blanche, immaculée, avec des piles de livres posées ça et là.
Je tourne sur moi-même pour confirmer que c'est bien ma chambre.
- Que ... qu'est-ce ...
D'un coup, je me rends compte de cette foultitude de bruits qui existent en permanence et qui étaient absents dans le monde noir ou j'étais. Ma propre voix, ma respiration, les pulsations de mon cœur, le bruissement de mes vêtements, le frottement de mes pieds sur le sol, le crissement de ma peau quand je tourne la tête. Jusqu'à entendre une deuxième voix.
- Pardonne le, il ne se rend pas toujours compte de ce qu'il peut infliger.
Mon vieil homme est là, debout, flottant à quelques centimètres du sol, devant la porte que j'avais jadis franchie pour débuter ma vie de Marcheur du Désert.
Je m'apprête à prendre la parole, mais il lève la main pour m'en empêcher.
- Certainement beaucoup de questions. Mais il te faudra souffrir que je ne te donne la réponse qu'à la seule question qui t'a mené jusque là.
Je suis encore un peu chamboulé, je mets un petit moment à bien comprendre ce qu'il veut dire. A quelle question il fait allusion.
- Pourquoi m'avoir envoyé ici ?
Il s'avance vers moi en atterrissant par terre.
- Elle a besoin de notre aide. Acceptes tu de te joindre à nous ?
J'hésite un petit peu, ne sachant que répondre.
- E... Elle est morte, balbutie je.
Le vieil homme se contente de se placer à côté de moi et se tourne face à la porte et répéter sa question :
- Acceptes tu de te joindre à nous ?
Se faisant, il me pointe la porte que je vois légèrement luire, un instant.
Il me regarde avec un petit rictus et complète en me donnant une tape dans le dos.
- Toi seul peut décider.
Je ne m'attendais pas à une demande pareille.
Comment aider une morte ?
Je ne peux que penser au cas de Mayfair.
Je me retourne pour aborder ce sujet avec le vieil homme. Mais il a disparu.
Je peste !
Il ne reste que moi, dans mon ancienne chambre.
Moi, seul, face à cette porte.
Le cas de Mayfair est assez facile à résumer ; Une vampire qui était naturellement effrayante avant sa mort, puis qui est devenue folle dangereuse psychopathe et effrayante après sa mort.
Là, cette jeune femme, pleine d'amour et de tendresse ...
Raaaaah ! Mais j'en sais rien, moi !
Je me remémore un conseil que j'avais lu, dans un livre qui est justement parmi ceux qui m'entoure.
Est-ce que j'arriverai à dormir en ne faisant rien ? En laissant cette femme morte ? Ou en agissant, et en prenant le risque de créer une nouvelle MayfErzath ?
La question me trotte dans la tête.
Je me force à y réfléchir en sachant pertinemment que j'ai déjà la réponse à cette question.
Je m'approche d'un pas, malgré tout hésitant, vers la porte.
C'est la première fois que je l'ouvre moi-même.
Elle réagit quand je la touche. Je la tire, elle se laisse faire avec une déconcertante facilité.
Une fois ouverte, je vois l'autre côté.
Et d'un pas, je la franchis.
- 1
- 1
- Humains
- Homme
- Yourick
- La Caravane
05 - La mission
Je ne fais qu'un seul pas, mais j'ai l'impression de traverser un tunnel entier, de parcourir une énorme distance.
Je pose les pieds par terre. Je me retrouve dans un grand espace blanc, réverbérant des couleurs saturées venant de vitraux.
Je suis plongé dans cette fontaine de couleurs, je suis à l'intérieur de la tour.
Je sais que si j'avais été dans mon état normal, j'aurai certainement eu un trait d'esprit sur la richesse d'une entrée par la petite porte plutôt que par celle de devant.
Mais je n'ai clairement pas la tête à ça en ce moment.
Je regard partout autour de moi, je fais demi tour pour voir d'où je viens et, aussi surprenant cela soit-il, je vois ma chambre.
La porte est toujours là, incrustée dans une colonne.
Je ne m'attendais pas à ça. J'ai déjà franchis deux fois cette porte pour venir dans le désert. A chaque fois, elle disparaissait dès que je passais de l'autre côté.
Je veux m'assurer que c'est bien réel ; j'y rentre à nouveau.
C'est bien ma chambre, avec mes piles de livres, ma paillasse un peu plus loin et cette porte, derrière moi.
Elle est toujours ouverte, je ressors à nouveau.
Je me dis que, là encore, je préfère repousser mes questions à plus tard, mais je prends conscience du nombre dérisoire de réponses obtenues par rapport aux questions qui s'accumulent. Je commence à me dire que certaines resteront simplement des mystères.
Avance ! Il faut avancer ou tu vas t'enliser
Si je reste à m'interroger, à me morfondre, je vais avoir de plus en plus de mal à repartir. Je suis un explorateur, un arpenteur du désert ! Alors je m'avance vers la sortie.
J'ai une brume qui vient malgré tout m'envahir l'esprit. Elle efface légèrement tout ce qui m'entour et les remplace par des réminiscences de l'expérience que je viens de vivre.
Les pas de cette jeune femme, son rire, sa douceur, sa tendresse, son amour ... puis la souffrance, la tristesse, la douleur.
Je ne fais même pas attention à la statue au moment de sortir.
Juste marcher, avancer, ne pas m'arrêter ! Agir pour ne pas réfléchir !
Je ne sais pas ou je vais, naturellement, je repars par là ou je suis venu.
J'avance ! Un pas après l'autre. Puis, au bout d'une poignée de dunes, je constate que je tiens quelque chose dans ma main.
J'ai un bout de papier froissé, un mot.
Mais ... Mais ! Comment il est arrivé là, lui ?
En ralentissant à peine, je le prends soigneusement et l'ouvre devant mes yeux pour voir de quoi il s'agit.
Avant même de pouvoir lire ce qui est écrit, ce petit bout de papier fait rejaillir en moi un souvenir enfoui. Ou plutôt caché !
En face de moi, il y a encore ce petit bout de papier. En même temps que ce souvenir me remonte, je vois un petit nuage de poussière qui se dégage de lui et vient se coller à mon visage.
J'ai déjà vu ça, c'est une forme de magie.
Et une fois ma tête entière prise dans ce petit nuage orangé, j'entends ce message qui m'est transmis
Ton nom est la clef qui t'y mènera
Je prends un moment pour encaisser ce souvenir enfoui et ce message.
Je vois également le mot inscrit sur le papier.
- Mais ... Qu'est-ce que c'est que ce charabia ?!! Je ne parle pas cette lan ... Aaaaah ! D'accord, j'ai compris ! Il faut décoder ce truc ! Attends, c'est pour quoi, ça ? Oui, pour trouver le Sauf Conduit.
Je plie le papier et le glisse dans ma petite sacoche.
- Avant ça, trouver un portail !
Mais alors que je commence à m'avancer dans le désert, une autre voix vient me transmttre une consigne :
- Décrypte ce message pour trouver ce Sauf Conduit afin de passer le portail.
Mais ... C'est la voix de mon vieil homme ?
Je réfléchis quelques instants avant de comprendre.
Aaah ! C'est ça, son cadeau. Je me disais bien qu'il y avait un truc.
Sauf que si ce petit évènement s'éclaircit, il y a un autre détail qui vient me titiller
- Mais ...
Je me retourne vers le bâtiment qui commence déjà à être loin, comme si ce vieil homme y serait. Bien évidemment, il n'en est rien. Je lui hurle malgré tout :
- ... MON NOM EST LA CLEF ? C'EST UNE BLAGUE !! JE N'AI ENCORE TROUVE PERSONNE POUR ME TROUVER UN VRAI NOM !!!
Aucune réaction.
- Raaah ! C'est nul ! Je veux bien essayer avec mon nom temporaire, mais si ce n'est pas ça ... ça va quand même être vachement plus compliqué !
Légèrement contrarié, je reprends le mot dans mes mains et commence à avancer en réfléchissant à un moyen de le décrypter.
J'avance, quelques pas, quelques minutes, quelques longues minutes.
Il y a quelque chose qui m'empêche de réfléchir correctement. Comme une petite crasse dans mon esprit. Je ne parviens pas à voir ce que c'est, mais je sens bien que ça me gêne.
Au bout d'une poignée de dunes, je laisse l'énigme de côté pour essayer de résoudre ce petit problème là.
Et en un tournemain, j'arrive à mettre le doigt dessus.
Je roule les yeux aux ciel et me tourne à nouveau vers le bâtiment pour m'adresser au vieil homme.
- Et Mayfair n'est pas mon amie !!!
- 1
- Humains
- Homme
- Yourick
- La Caravane
06 - Le message
Ca fait des heures que j'essaye de déchiffrer ce code.
Je l'ai retourné, je l'ai plié, je l'ai roulé, j'ai regardé s'il y avait des caractères cachés en transparence, rien !
Je me suis posé un peu.
Je l'ai retourné à nouveau, plié encore, regardé sous tous les angles.
J'ai essayé de le chanter.
... Je serai d'ailleurs incapable de dire si je suis bon ou pas en chant.
Je me tourne vers mon publique, ce même Golem de pierre que j'avais croisé la veille.
J'essaye d'analyser sa réaction.
Mmmmh ... ça ressemble à un 6,5/10. Honorable.
- Dis-moi, tu n'aurais pas une idée, des fois, pour décrypter ce truc ?
Je le vois légèrement bouger.
- Quoi ?
Je me relève, en lui faisant face.
- J'ai pas entendu, tu peux répéter ?
Je n'entends toujours rien.
Mais je comprends que ça ne dois pas être évident de parler quand notre tête est un énorme caillou, alors je l'escalade comme auparavant pour m'approcher de ce qui pourrait éventuellement être sa bouche.
- Là, ça devrait être mieux. Tu peux répéter, s'il te plait ?
Je le dis bien haut et bien fort, en même temps que je colle mon oreille à la pierre. Il est toujours emprunt d'une agréable fraicheur.
J'entends un bruit lent et cyclique, presque résonnant. Mais rien d'intelligible.
- C'est là, le moment ou il faut me dire c'est quoi ton idée !
Toujours rien.
La vache, ça doit tellement être pénible pour lui d'être si timide.
Je redescends un peu et, une fois de retour sur le sable doux, je ne sais pas vraiment pourquoi, c'est comme un réflexe, mais je lui fais un câlin au moins aussi gros que lui.
Ça me permet de coller mon oreille contre son ventre et d'entendre les bruits de sa bedaine.
C'est étrange, c'est assez semblable à ceux du haut de son corps, mais il y a ... quelque chose en plus. Une sorte de lointaine, très lointaine mélodie.
Je me tourne légèrement pour coller ma bouche à sa pierre et crie d'une voix étouffée
- C'est joli !!
Puis je m'éloigne un peu pour le regarder dans toute sa hauteur.
- Je dirai 7,5/10 pour le Golem. Et L'Anome, lui a un point en moins avec son 6,5.
J'attends sa réaction, mais soudain, une sorte de déclic vient me chambouler l'esprit.
- Mais ...
Je ressors mon papier, commence à bien observer les mots et effectue un nouvel exercice mental pour tenter de le traduire.
- Mais oui, c'est clair !
Une fois l'astuce comprise, il ne me faut que quelques petites minutes pour décrypter tout le papier.
- C'est ça ! J'ai la solution ! Merci, mon ami, je ne sais pas comment j'aurai fait sans ton aide ! Alors, le message dit que je dois me rendre en direction Sud-Sud-Ouest par rapport ... C'est la Pyramide ? Un des livres disait que c'était peut-être un tombeau, mais qu'on n'était pas vraiment sûr. Enfin, Anome n'est pas un vrai nom, mais pourtant c'était bien la clef pour déchiffrer ce code. Donc le tombeau se trouve paaaaar là!
Et je tends le bras en direction du tombeau avec une précision chirurgicale, vers le Nord Ouest, digne d'un explorateur émérite.
- Vu la distance qui m'en sépare, et le trajet que je devrai faire, pour atteindre ma destination, je dirai que l'idéal est de partir disons paaaar là
Et je m'oriente vers le Nord Est.
Sauf qu'à peine fais-je un pas dans cette direction, je sens une énorme étreinte m'immobiliser.
Le Golem vient de me saisir de sa main.
- He mais ...
J'essaye de bouger, de me débattre, mais rien n'y fait. Il est d'une force colossale.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? Si tu veux qu'on reste ensembles, tu peux venir, tu sais.
Semblant faire la sourde oreille, il me soulève, pivote faisant un demi tour presque complet.
Puis, il me pose et me relâche.
Hein ? Je ne comprends plus rien, là
D'une main, il me pointe une direction. Juste un peu au Nord de la Faille. De l'autre, il me pousse légèrement.
- Mais c'est pas du tout par là ! Je dois aller chercher le Sauf Conduit par là bas.
Et je me retourne vers la mauvaise direction.
Sa main qui pointe se change en un poing serré. Puis il indique à nouveau la même direction. Et il me repousse à nouveau.
J'ai presque l'impression de l'entendre soupirer.
-Roh, ça va, ça va ... Je vais aller par là, si tu insistes. Je veux bien te faire confiance, mais c'est bien parce que tu es super sympa !
Je commence à marcher en suivant l'indication du Golem.
Je m'arrête. Et me retourne vers lui.
- Tu ... Tu ne veux vraiment pas venir ?
Aucune réaction.
J'aurai essayé.
Je sors mon carnet, j'y inscris ma nouvelle tentative, mon nouvel échec.
En enfin, je pars sans trop savoir où, ni quand il faudra m'arrêter.
- 1