Tour 455

Voilà plusieurs jours que Yanemir s’était mis en route pour rejoindre ses alliés de la Faille, installé profondément au Sud-Ouest de ce désert. Alors qu’il était un peu plus d’à mis chemin, le ciel avait perdu sa teinte bleutée pour laisser place à une mer de nuage sombre et menaçante.

Une tempête se préparait et pas une petite. Le jeune homme n’avait nul part où s’abriter, il devait continuer.

Soudain, un trait de lumière transperça le manteau ténébreux qui obscurcirait le ciel. Celui-ci frappa le jeune paladin et l’aveugla totalement. Impossible de rouvrir les yeux, même derrière ses mains, ses pupilles souffraient.

Alors qu’il se protégeait le visage de la lance lumineuse, une voix chaleureuse l’accueillit. Elle lui était familière, et cela réveilla les souvenirs de son périple jusqu’au territoire de Polaris.

La voie s’estompa et la lumière faiblit jusqu’à disparaître. Petit à petit le jeune homme retrouva la vue. Les nuages s’étaient déchirés et commençaient à s’éparpiller.

Nul doute, cette intervention était celle de Solweig. Elle ne lui était apparut comme ça qu’une seule fois, et cela l’a conduit à construire la cité de la vie. Une nouvelle fois, la déesse de la lumière le guidait vers l’inconnue. D’ailleurs Yanemir ne comprenait pas vraiment ce qu’il devait faire. Les dieux avaient toujours cette manie de s’exprimer aux travers d’énigme ou de phrase incomplète, comme si pour eux leur messages étaient évident pour les mortelles.

Pour trouver des réponses, rien de mieux que de se rendre au cœur d’un des plus vieux sanctuaires encore debout de la divinité : l’ancien temple de Solweig.

Bien sûr celui ci était tout prêt de Polaris, à l’opposé de sa destination initiale.

« Bon et bien… il n’y a plus qu’à rebrousser chemin… tu aurais pu me dire ça avant mon départ, ç’aurait été plus simple ! » ronchonna-t-il.

« Au moins je ne vais plus me prendre cette vilaine tempête, c’est déjà ça. »

Ainsi donc, il tourna les talons et entama son trajet de retour.

Tour 456

La route était longue, trèèèès longue. Heureusement pour lui, Yanemir avait une bonne mémoire, enfin presque, heureusment qu'il avait une carte. Sur celle-ci était minutieusement inscrites chacunes des Oasis de la région. Faudrait-il qu'il sâche retrouver le Nord, toute une péripétie pour rentrer à la maison. A se demander si Solweig ne lui donnait pas un coup de pouce pour qu'il puisse accomplir sa quête.

En attendant, chacun de ces petits paradis idiliques qu'il visitait pour se reposer et refaire un stock de vivre, lui rappelait que ce désert n'était finalement pas si hostile que ça. Certes il y avait toujours ces squelettes qui le poursuivaient. Parfois mêmes ces ideuses bestioles à quatres pâtes qui courraient bougrement vite. Mais au finale, il en réchappait et savourait le goût de la vie dans ces sanctuaires naturelles. Cela pourrait presque lui donner envie d'être nomade... mais son lit dans sa maison était quand même plus confortable.

"Aller hop, on y retourne !" dit-il en reprenant son sac pour quitter cette Oasis.

Tour 460

Le jeune paladin touchait au but. Le vieux temple se trouvait au creux de deux immenses dunes de sable. Si on ne savait pas où chercher, il serait facile de passer à côté. L’édifice était partiellement enseveli, mais une descente menait directement à l’entrée. Yanemir s’assit sur le sable chaud et se laissa glisser sur une vingtaine de mettre. Il franchit l’ombre et se retrouva à l’intérieur. Ses yeux mirent un instant avant de s'accoutumer à la pénombre du lieux.

Les murs étaient ornés de fresques en mosaïque. Celles-ci représentaient la déesse de la lumière. Ils la mettaient en scène de différentes manières, tantôt offrant la lumière et la vie puis en pourfendant ses ennemies.

L’origine du temple était incertaine, certains pensent que ce sont les tout premiers incarnés par les dieux qui l’ont érigé, d’autre imagine qu'il est plus ancien et ce seraient les Genasis. L’histoire de Terra est encore très méconnue et les archéologues ne court malheureusement pas les rues pour l’étudier.

Yanemir s’installa en tailleur au centre de la pièce principale et ferma les yeux. Il attendit là, sans dire un mot, pendant plusieurs minutes.

Petit à petit, l’atmosphère se rafraîchit, le vent tomba, et les sons cessèrent. Le jeune homme ouvrit les yeux. Il était alors debout, dans une prairie ensoleillée. Puis il entendit des pleurs, ceux d’une femme. Il se retourna et aperçut un corps. Celui d'une jeune femme, vêtu d’une robe verte avec une chevelure rousse tenue par une couronne de fleurs. Une tache sombre et moite sur son abdomen laissait penser qu’elle était gravement blessée. Au-dessus d’elle, à genoux, une femme plus âgée, drapée d’un linge blanc, tentait désespérément de lui venir en aide. Les deux mains sur la plaie, elle suppliait la victime de tenir le coup, qu’elle s’en sortirait. Ses mains se mirent alors à briller d’une intense lumière et une vague d’énergie commença alors à déferler. Puis s’estompa après une vingtaine de secondes intense. La plaie refusait de se cicatriser, et le visage de la mourante se détendit dans ce qui serait son dernier rictus.

Accablée, la soigneuse hurla un gris d’agonie et de souffrance.

La scène se volatilisa alors comme une figure de fumé et il se retrouva à nouveau au cœur du temple.

Une voie vint ensuite à sa rencontre et lui murmura.

« Aide-moi. Aide-moi à sauver ma petite sœur. Aide-moi à sauver Neeko ! »

Son nom résonna plusieurs fois dans sa tête comme un écho sans fin.

'Sauver une déesse ? Était ce seulement possible ?' S'interrogea-t-il.

'D’accord, l’exploit avait déjà été réalisé, mais pour des mortels, pas du divin.'

Le jeune dirigeant était perplexe. C'est ensuite qu'il s'aperçut qu'un parchemin avait été glissé dans sa main. Solweig lui avait donné des instructions. 'Enfin quelque chose de plus clair !' Du moins, c'est ce qu'il croyait.

Yanemir déroula le parchemin. Il espérait y trouver des informations pour le guider dans sa quête un peu farfeulu, mais une quête divine.
Lorsqu'il parcouru les lignes, son visage perdit son sourrir et la lassitude l'envahit.
"Une énigme..., pourquoi une énigme ? C'est toujours des énigmes !!!"
Il s'agaça très vite puis reprit son sérieux.
Durant les 2 jours qui suivirent il tenta de percer le code, en vain. Ce message restait hors de sa porté.
"A quoi ça sert de me demander de faire un truc, si c'est pour que les instructions ne soit pas compréhensible par les mortels ??" S'indigna-t-il.

Soudain, les lettres remuèrent sous ses yeux et se transformèrent petit à petit. Des mots apparurent, une phrase, des instructions.
"Ah ba voilà ! Je préfère ça !" Remercia-t-il en levant les yeux au ciel.
Il savait maintenant où aller.

"Ok le palmier, il est là" Yanemir regarda sa carte et son parchemin.

"3 pas à gauche, 3 pas à droite, faire demie tour et creuser." Perplexe, il fouilla à ses pieds.
Surpris mais pas tant que ça, il trouva ce qu'il cherchait.
"Bon et bien voilà ! Facile en fait, j'suis sur que j'aurai pu trouver sans instruction."
Et il reparti vers sa prochaine destination.

Le portail, une structure qui a transpercé les dunes il y a un bon mois. Personne ne sait vraiment ce que c’est et où il peut bien mener. Mais surtout, personne ne savait comment l’activer.

Avec son sauf-conduit, Yanemir savait que c’était la clé pour activer ce monument mystique.

Après plusieurs jours de marche, il atteignit enfin sa destination. La structure imposante se dressait devant lui. De la végétation avait commencé à coloniser les lieux et des oiseaux chantaient, perchés au sommet du cadre de la porte.

A son approche, l’air se chargea de magie. Le jeune homme sorti son parchemin et l’observa. Celui-ci commença à briller, puis se décomposa en des milliers de petit confetti lumineux. Telle de petites lucioles, elles virevoltèrent vers le monument puis s’unirent pour former une fine toile transparente dans le cadre du portail.

« J’imagine que c’est ouvert » dit il en inspectant l’horizon du passage.

« Aller, on traverse, si les dieux veulent qui j’y aille, tout devrait bien se passer. Non ? » il hésita un instant, puis traversa la porte magique. Derrière lui le passage se referma et la fine poussière disparut avec le vent ardent du désert.

Yanemir ouvrit les yeux. Tout était sombre et ondulent. L'air était chaud, humide, avec une forte odeur de soufre. L'ambiance était vraiment très désagréable. Après un rapide coup d'œil autour de lui, il constata qu'il était seul, entouré d'immense falaise rocheuse fumant une vapeur noir, épaisse, qui semblait ensuite se condenser sous forme d'un goudron visqueux.

Trois portes ont été positionnées pour protéger cette zone d'accueil, si on pouvait l'appeler ainsi. Mais protéger de quoi ? La simple idée qu'il puisse y avoir quelque chose de l'autre côté fit frémir le jeune homme.

Les jours qui suivirent, furent longs et éprouvants. Cet endroit était un véritable dédale de goudron gluant. Les chaussures du paladin étaient noires, il avait même failli les perdre lorsqu'elles se sont embourbées profondément. Chaque pas devenait une souffrance, ses poumons sifflaient à chaque respiration, la toxicité du lieu rendait son exploration vraiment très compliquée. Mais avec beaucoup de persévérance, Yanemir se retrouva alors devant une porte. Il n'avait rencontré aucune créature démoniaque jusqu'ici, mais qu'est ce qu'il pouvait y avoir, à nouveau, derrière cette nouvelle entrée ?

"Pitié, faites que ce dédale infernal prenne fin !" Supplia à voix basse le jeune dirigeant.

Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir. Le jeune homme frappa poliment sur le bois noir et gondolé, et celle-ci souvrit avec peine dans un couinement d'agonie.

Lorsque la grande porte s'ouvrit, un courrant d'air pure et frais carressa le visage du jeune homme. Oh quel plaisir de respirer pleinement.

Devant lui se dressait une forêt plutôt dense. Difficile d'y voir à plus d'une dizaine de mettre.
Yanemir s'enfonça dans la végétation et il entendit la lourdre porte se fermer dans un nouveau cuinement d'agonie.

"Bon ok, une presque jungle, et je vais où maintenant ?" S'interrogea-t-il.

Sans réelle instruction, il avança au hasard dans l'espoir de découvrir quelque chose qui l'orienterait. Après quelques heures de fouille, il trouva un brasero. Son foyer était allumé et sa lumière semblait repousser l'atmosphère toxique de ce labyrinthe, permettant à cet endroit d'exister.

"Solweig est donc à l'œuvre dans ce lieu !" Dit-il.

Par Curiosité, Yanemir farfouilla autour de la structure. Il y découvrit d'ancien écrit. Il décida donc de retourner entièrement la zone pour être sur de ne rien louper. Par la suite il découvrit 3 autres braséros, il fallait tous les fouiller !

Après presque 2 semaines de fouille acharnée et sans avoir croisé âme qui vive, ou qui ne vive pas d'ailleurs, le jeune explorateur décida qu'il en avait assez fait.

Lors de ses fouilles, il avait généreusement renfloué les braseros avec du bois fraîchement coupé. Pourquoi ? Une intuition, un geste de bonté et de conservation pour que ce lieu continue d'exister face à ce dédale de poison. Un petit peu comme Polaris finalement...

En retournant au centre du sanctuaire, un portail s'était soudainement réveillé, comme celui qu'il avait emprunté pour arriver ici. Il se plaça devant, regarda une dernière fois derrière lui, serra le médaillon de solweig contre sa poitrine et franchis la toile magique du portail.

Yanemir rouvrit les yeux, le blanc immaculé réfléchissait la lumière du soleil. Sans aucun doute, il devina qu'il était à la pyramide blanche. Une longue route vers le Nord l'attendait afin de retourner chez lui, puis d'apporter son objet de quête. À vrai dire, il ne savait pas trop quoi faire de ce médaillon. Alors il retournera au vieux temple, espérant avoir un peu plus d'indication.

"Aller c'est reparti, tu aimes me faire marcher hein ?!" S'exclama-t-il en regardant le ciel bleu.

Le vieu temple de Solweig. Le voilà de retour, là où, presque, tout avait commencé. La fatigue du jeune homme se faisait sentir. Voilà plus d'un mois qu'il voyageait et le confort de sa cité commençait à lui manquer. En revanche, ses responsabilités pas vraiment, c'était donc finalement un mal pour un bien.

Yanemir s'installa un campement pour passer la nuit et ensuite poursuivre son aventure.

Ce soir, la lune était absente, c'était l'occasion pour les étoiles de se révéler dans leur plus belle tenue. Un spectacle que le jeune voyageur n'avait pas souvent le temps d'admirer. Mais son répit fut de courte durée. Quelques instants plus tard, une silhouette sortie de l'obscurité. Encapuchonné dans un long voile noir, un fourreau étrangement long se dessinait à sa taille. Yanemir se redressa et sentit que l'étrangé ne venait pas avec des intentions amicales.

Sur cette pensée, l'inconnu chargea dans sa direction. À mi-chemin, il dégaina une longue et fine lame. Le temps sembla comme s'arrêter pendant que l'acier fendait l'air en reflétant la lumière du feu de camp. Yanemir n'eut pas le temps de réagir qu'il venait déjà d'encaisser deux violents coups. La lame était meurtrièrement bien aiguisé. Sa cuirrasse tomba au sol, découpé chirurgicalement.

L'assassin aux allures de Ninja au Katana reprit son assaut. Mais cette fois-ci Yanemir para son attaque et rendit avec force un violent coup qui fit reculer son assaillant.

L'homme parut surpris et il rangea son arme. Le jeune aventurier ne comprenait pas. Puis les yeux de son adversaire se teintèrent d'une lumière jaune orangée. Il inspira longuement, bombant son torse à vouloir le faire exploser. Puis, il fit déferler un souffle de feu colossal. La vague d'énergie et de chaleur manqua de le faire chuter. Yanemir campa sur ses positions en se protégeant de son bras gauche. La chaleur brûla ses cheveux, sa barbe, mais surtout son bras où son armure fondue lui faisait maintenant office de nouvelle peau. La douleur était forte, mais l'adrénaline l'empêchait de prendre le dessus.

Profitant de cet effet de surprise, l'assassin dégaina à nouveau et lui sauta dessus. Les coups de Katana fusèrent et chaque touche laissait une longue et profonde entaille dans la chaire du paladin. Yanemir faisait de son mieux, mais ses forces diminuaient progressivement.

Puis, à nouveau, l'étranger cessa son assaut et observa sa cible. Le jeune homme était recouvert d'entaille et son sang ruisselait sur sa peau pour finir sur le sable.

Essoufflé, Yanemir sentait le coup fatal arriver. Mais au lieu de cela, son assaillant fouilla dans son sac et sorti un flacon jaune, verdâtre, irradiant une faible lumière. Il l'observa un instant puis d'un geste précis, le lança sur sa cible. A l'impact, le verre se brisa et une gerbe de flammes s'en échappa. Du feu grégeois ! La terreur se lut dans les yeux du paladin quand il comprit ce qu'il se passait. Les flammes recouvrir son corps et une douleur immense s'empara de lui. Il hurla et se roula désespérément dans le sable pour éteindre l'incendie. Mais rien ne pouvait arrêter une telle magie, à part ne plus rien avoir à consumer. Yanemir senti sa peau fondre avant de durcir, calciné, tel charbon. Son sang bouillonnait sous la chaleur. C'est après des secondes qui parurent des heures, lorsque son visage fut recouvert par les flammes et que tout devint rouge devant ses yeux, que Yanemir rendit son dernier souffle dans un râle d'agonie et de souffrance.

Yanemir se releva d'un coup, en hurlant. Sa peau était moite et son corps tremblant. Il était dans le sable chaud, seul, proche du vieux temple de Solweig. Il regarda son armure, ses vêtements, presque tout était détruit ou carbonisé. Sa résurrection semblait avoir effacé les traces de sa terrible exécution, à l'exception de son avant bras gauche. L'armure fondue avait tellement brûlé sa peau, qu'une énorme boursouflure irrégulière avait persisté, même après l'intervention de Solweig. Les souvenirs de ce moment lui faisaient encore mal rien que d'y penser. La vision des flammes était épouvantable, l'odeur nauséabonde et ce Ninja, cet homme aussi habile que cruel. Il n'avait pas su l'identifier, mais il était sûr que si leurs chemins se recroisaient, il saurait le reconnaître.

Le jeune homme se releva et se rafistola un pagne improvisé avec les restes de lambeaux de tissu qui avait survécu au brasier. Heureusement pour lui, l'inconnue ne lui avait pas dérobé son amulette sacrée, ce qui aurait été sacrément ennuyant

Ainsi donc, le jeune dirigeant prit la route du retour, à moitié nue, sous un soleil de plomb, en tenant ces maigres possessions entres ses bras. Après plusieurs heures de marche, il aperçut les hautes murailles de Polaris. Yanemir soupira de soulagement, il était bientôt à la maison.

C'est à ce moment qu'il aperçut une silhouette, plus loin devant lui, marchant sur la route vers la cité. Le Ninja, il était là, c'était lui sans aucun doute. Mais pourrait-il se venger ? Sans armure et avec uniquement sa Flamberge de Gaïa à moitié casser, saurait-il le vaincre ? Et puis pourquoi a-t-il continué vers la cité ? Il ne pensait quand même venir quémander de la nourriture après ce qu'il avait fait ?

Trop de questions se bousculaient dans sa tête. Dans ce genre de situation, il valait mieux arrêter de réfléchir et de passer à l'action. Le jeune paladin cacha ses affaires et tenta de monter une embuscade à son assassin. Par pur hasard, il croisa la route de Thini, qui devait faire une ronde dans les parages.

"Solweig soit louée ! Tu es là !" S'exclama-t-il en la voyant.

La sourcière eut du mal à le reconnaître dans cet accoutrement à faible présence de tissu.

"Yanemir, c'est toi ? Mais que fais-tu là ? Que t'est-il arrivé ?" L'interrogea-t-elle.

"Une longue histoire..., et pas des plus agréables, je t'expliquerai tout. Mais avant, aide moi à tuer ce type là-bas." Répondit-il en montrant la silhouette lointaine.

Thini hocha la tête sans poser plus de questions.

Ainsi, tous deux, ils fondirent sur l'inconnu et engagèrent immédiatement le combat. A deux contre un, ils avaient largement l'avantage. Néanmoins, l'agilité hors du commun de l'homme vêtu de noir le rendait très difficile à atteindre. Il se défendit vaillamment pendant de longues minutes, avant d'encaisser un coup fatal au ventre. L'homme tituba et tomba à genoux. Yanemir s'approcha et souleva la capuche de sa victime. Son visage se dévoila. Ninjaja, un ancien marche-sable, maintenant mercenaire à la solde d'Ubar.

"Pourquoi m'avoir assassiner ?" Dit-il d'un ton sec.

Ninjaja pressait sa plaie de ses deux mains, mais son sang continuait à couler entre ses doigts. Il ne dit rien.

"Parle ! Pour qui tu travailles ?" Insista-t-il en le bousculant avec son genou.

Le Ninja toussa et cracha une giclée de sang.

"Un marche-sable n'oublie jamais..." Sa respiration sifflait. "Votre mort aura nourrit ma vengeance pour l'enclave que vous avez honteusement assiégé." Murmura-t-il.

Puis il fut prit d'une quinte de toux s'enguinolente avant de s'effondrer sur le sable, mort.

"L'enclave ? Mais c'était il y a des lunes !" Rétorqua-t-il. Yanemir soupira.

Le passé de son clan restera encore longtemps gravé dans les mémoires. Il devait être plus prudent, d'autre pourrait être encore rancunié.

Le jeune dirigeant venait de rédiger une missive musclé à destination d’Ubar suite à sa récente agression. Il se dirigea vers les volières où plusieurs escadrons de volatile piaillaient d’impatience pour sortir et remplir leur mission. D’habitude il y a avait toujours un éleveur-dresseur dans les parages pour attraper et équiper les messagers volants. Or aujourd’hui il était introuvable, il fallait donc le faire soi-même. Une tache qu’il avait déjà fait plusieurs fois, accompagné, sans aucun problème, il n’y avait pas de raison que ça soit plus compliqué. Il s’approcha donc de l’entrée et entrouvrit la porte pour se glisser à l’intérieur. A ce moment là, une soudaine agitation s’empara de la volaille qui s’affola et se précipita vers la porte. Yanemir n’eut pas la réactivité pour fermer la porte à temps et inévitablement une quinzaine de précieux messager s’enfuirent.

« Non non non ! Revenez !! » Cria-t-il. Rien à faire, ces poules n’ont pas été élevé pour réagir à des ordres. Par contre, la nourriture ça les connaît bien. C’est ainsi que le jeune homme se retrouva au Sud des murs de Polaris avec des cages et un sceau de grain pour tenter d’appâter et de capturer ces maudites fuyardes. 

Pendant que Yanemir appelait les volatiles avec des : « Pitit pitit pitiiit ! » ou encore des « Bande de boule de plume ramenez vos becs par là ! » mais aussi « Si tu continues à me faire courir tu vas finir en poule au pot ! » il ne remarqua pas l’arrivé d’étranger dans son dot. Alors qu’une poule venait tout juste de rentrer dans une cage, attiré par les graines, le jeune homme s’avança doucement, courbé, pour venir fermer la porte avant qu’elle ne fuie à nouveau. 

Soudain une ombre longue et épaisse se dessina devant lui, il n’eut pas le temps de se retourner que deux violents coups le frappèrent dans le dos. Yanemir tomba au sol, la respiration coupée, et une douleur tétanisante. Il roula sur le côté et découvrir son assaillant. Au dessus de lui se tenait le Sir Ramix avec une énorme masse d’arme en fer.

Satisfait de son embuscade il lâcha son arme et fit un signe de main au loin. Quelques instant plus tard une nouvelle silhouette apparut à ses côtés. Licorna, une vampire de renom, elle avait été sa geôlière à Altaïr puis s’était retirée pour rejoindre ce nouveau groupuscule : la Camora des dunes.

« Qu’est ce que vous me voulez ? » balbutia Yanemir encore sous le choc de la douleur. Les deux individus se regardèrent puis sourirent ensemble. Ils firent deux pas en arrière, l’une inspira très profondément pendant que l’autre ferma les yeux et incanta silencieusement. Le sol commença à se craqueler autours de lui, des fissurent rougeoyante se formèrent et une chaleur irradiante émanèrent d’elles. Puis au même moment Licorna relâcha un souffle de feu qui le plaqua à terre et de puissante flamme bleu jaillirent du sol.

Yanemir se retrouva littéralement entre deux feu, carbonisant son armure, ses vêtements et sa peau. Il hurla de douleur et se débâtit pour fuir la zone. Quelques instant plus tard les sorts cessèrent et une brise fraîche porta l’odeur de cochon grillé sur les dunes voisines.

‘Qu’ai je fait pour mériter de tel supplice… ?’ Pensa le jeune homme.

Sur cette pensée le Sir Ramix sorti une dague en croc d’acynox. Il s’approcha pour porter le coup de grâce. Cela paraissait simple, Yanemir gisait au sol, à moitié mort immoler par les flammes. Mais le jeune paladin n’avait pas dit son dernier mot. Puisant dans des réserves insoupçonnées, il parvînt à faire trébucher son bourreau et se jeta sur lui. Les deux hommes descendirent la dune en roulant l’un sur l’autre, en tentant de s’emparer de la dague et porter un coup fatal. Un jeu de lutte s’engagea et tous deux subirent de vilaine estafilade. Arrivé au creux de la dune, Ramix parvint à prendre le dessus et immobilisa Yanemir, dos au sol, les bras bloqué sous ses jambes. Il était à la merci du mercenaire.

« Aller comme ça tu ressembleras à un vrai pirate ! » Lui dit-il. Sur ces mots, il saisit la dague et l’enfonça dans l’œil droit du jeune homme. Le choc fut violent, Yanemir ne ressentait pas encore la douleur, l’adrénaline était encore forte. Mais celle ci disparut rapidement et c’est tout son corps qui se mit comme a bouillir. Après plusieurs secondes d’agonie, il sentit la présence de Libra l’envelopper et le porter jusqu’à la pyramide blanche. Même le dieu de la mort semblait avoir eu pitié du jeune homme tant il avait souffert dans ses deux derniers décès.

A son réveil, Yanemir ne vit plus jamais les choses du même angles. Les perspectives étaient différentes. Certes il nourrissait maintenant une haine débordante envers Ubar, mais surtout il lui manquait un œil. Les dieux ne lui avait pas rendu et cela le toucha énormément.

Voilà plusieurs jours que le jeune dirigeant ruminait. Il faisait tournoyer son marteau de chantier dans sa main. Ce même marteau qu’il avait troqué contre son arme de guerre. Depuis ses deux dernières morts, où il s’était littéralement fait cramer la tronche sans rien pouvoir faire, il sentait qu’il était peut-être temps de revenir à ses origines. Mais pour cela, il faudrait rejoindre son ancien maître d’armes en direction de la faille.

C’est ainsi que le jeune homme se mit en route. Sur son trajet, il découvrit plusieurs ruines comme une vieille école de magie où il y découvrit des gemmes magiques ainsi qu’une vieille brindille. A son contact celle ci frémi et une petite lumière apparut au bout avant de disparaître. On raconte que c’est la baguette qui choisit son sorcier. Yanemir n’en était pas un, mais il prit soin de la conserver, elle pourrait toujours servir.

Quelques jours plus tard, il arriva à sa destination. Le vieux professeur attendait devant la porte.

« Je savais que tu reviendrais » lui annonça-t-il en guise de bienvenu.

Les deux hommes échangèrent tout l’après-midi. Puis pour conclure, son ancien maître d’armes s’absenta et revint avec son précieux marteau de guerre orné de glyphe et portant le sceau de sa déesse.

Yanemir le remercia de l’avoir conservé pendant tout ce temps. Et après avoir fait leur adieu, il reprit la route vers sa cité. En chemin, il reprit ses exercices pour manier la lourde masse. C’était un peu comme le vélo, ça ne se perdait jamais vraiment. Mais, c’est quoi un vélo ? Bref…

Yanemir atteignit les ruines d’Istar. Il comptait y monter son campement et passer un peu de temps sur le vestige de leur temple. Lorsqu’il arriva sur place, priant devant l’hôtel recouvert de mousse et autre végétation, un pirate d’Ubar lui tournait le dos.

L’hésitation ne fut pas longue, il laissa tomber son paquetage et dégaina son marteau. Yanemir voulait en découdre avec ces pirates. Certes, ce n’était pas l’un des deux qui l’avait assassiné, mais la vision de ce scorpion noir le fit sortir de ses gonds.

Quelque chose attira son attention. Un frémissement dans sa poche. Il fouilla dedans et sortit la fameuse baguette magique. Elle aussi semblait vouloir de l’action. Pourquoi pas, se dit il.

Alors il fit un geste de la main et un projectile lumineux fondit sur le mercenaire. Celui-ci encaissa la violente secousse de magie et se retourna vers son agresseur.

Yanemir, surprit par la puissance et la facilité à manier cette nouvelle arme, il la leva bien haut et avec beaucoup d’élan, il fendit l’air de sa baguette. Une gerbe lumineuse sortit de celle-ci et frappa avec virulence le pauvre homme.

Le jeune sorcier jubilait devant tant de puissance. Il se souvenait avoir déjà entendu parler d’un sort meurtrier, mais difficile de se rappeler de la formule exacte.

Il tenta un truc du genre :

« Aya nacadavra ! » un flash de lumière distordu l’éblouit. Non, ce n’était pas ça.

« Aya nakamora ! » une musique étrange se mit à souffler sur l’Ubarite. On pouvait entendre « Ooooh JaJa ! j’suis pas ta catin JaJa ! » le pauvre homme tentait de se boucher les oreilles. Trop fort ou bien de mauvais goût, Yanemir ne comprenait pas ce qu’il avait fait, il secoua la baguette pour mettre fin à l’incantation.

« Avada cadabra ! » un éclair verdâtre frappa aussitôt sa cible. Il se figea, son regard devint vitreux et il s’effondra sur le sol, mort.

« Ahah je t’ai eu ordure ! » lanca le jeune homme en sautillant.

« Sympa ce bout de bois quand même » dit il en admirant sa trouvaille. « J’suis sûr que je pourrais faire un massacre chez les pirates avec ça, héhé! » conclut-il avec un sourire aux lèvres.

Néanmoins, le jeune paladin venait d'apporter la mort sur une place sacrée et une petite sueur froide perla dans son dos. Alors il pria sa déesse pour lui avouer ses sentiments, toute cette colère, cette frustration qu'il ressentait. Après plusieurs minutes de communion, Yanemir était satisfait et se sentait soulagé, du moins, un peu. Il avait une mission à accomplir, et cette fois ci, personne ne pourrait l'en empêcher.

Le temps..., une notion bien étrange, où seul les mortelles ne peuvent y échapper. Voilà maintenant des jours que Yanemir campe sur le vieux temple de Solweig à patienter. Mais qu'est-ce qu'il attendait ? Il n'en savait rien. Tout ce qu'il avait, c'était des instructions, et ces ruines étaient sa destination.

Alors pour tuer le temps, du moins essayer, il se prit au métier de paysagiste. Pour commencer, il fallait déjà supprimer toute cette végétation envahissante. Habituellement ça ne pousse pas comme ça, mais la proximité d'une source magique doit bien aider à cette croissance végétale.

Après avoir déboisé toute la région, il se rendit soudain compte que cet abri forestier était bien pratique pour se cacher des hordes de squelette. Mais trop tard, un troupeau, non..., une armée de mort de vivant avait remarqué sa présence et se dirigeait lentement, mais sûrement, vers sa position.

Yanemir eut le temps de fortifier le vieux temple avec tout le bois qu'il avait accumulé. Il construisit plein de pièges à base de pieux, de rondin et de barricade. Lorsque la vague mort vivante arriva à lui, il était prêt à les accueillir.

Cette nuit fut la plus longue qu'il n'avait jamais connue. Et une des plus épuisantes. Les cadavres s'accumulaient les uns sur les autres, mais d'autres continuaient sans cesse d'arriver, escaladant les os de leur défunt congénère.

Puis, après avoir écrasé plus d'une centaine de crâne aux orbites vides, une lumière chaleureuse vint briser le voile la nuit. Le soleil apparaissait timidement à l'horizon, annonçant enfin la fin de ce raid interminable.

Yanemir épuisé, tomba à genoux, son armure salement amochée par les coups qu'il avait encaissés.

C'est là qu'enfin, Solweig le remercia de lui avoir rapporté son talisman. Elle disparut aussi tôt dans le bruissement d'un oiseau légendaire, lui glissant ses nouvelles instructions.

"Ok... y'a pas de quoi..." répondit-il éssouflé.

"Par contre..., demain. J'irai demain..." Et il s'effondra sur la sable froid, pour une sieste bien mérité.