HRP : désolé, il ne sera pas question de sexe ici, c'était juste un moyen de vous racoler ;)

Mais ne soyez pas déçus, les lignes qui vont suivre vous révélerons bien un terrible complot qui menace le Saint-Siège !

Le texte fait référence aux (més)aventures de Vvarden lors de l'event "L'anathème des tréfonds", il se situe temporellement juste après le tour 7 bis, et avant le tour 8 (il ne modifiera en rien le déroulement de l'event).

Pour ceux qui ont du temps libre et qui le souhaite, je vous remet la liste de mes RPs qui font référence au complot (je suis un champion de l'auto-promotion)

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Bande son vivement conseillée ici

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Conium maculatum... Crocus Sativus.... Thymus pseudolaniginosus.... Oenanthe aquatica.... Salvia nemorosa... Laurus nobilis...

Sur son palais la liste des ingrédients défilait. Sans trop de surprise la composition reprenait la plupart des ingrédients des potions d'extra-lucidité utilisées pour les transes des devineresses, dans une variante généreusement dosé toutefois. Et avec un ajout notable...

Cette saveur....Je ne l'ai pas étudiée, mais je la reconnais. Je la reconnaîtrais entre mille : la fleur de figuier garanajos ! Je la reconnaîtrais entre mille pour les avoir planté par centaines dans les jardins du temple de Valdania, ces figuiers si rares !

Elle se rappela sa discussion avec Amontloq à ce sujet :

«-Pourquoi autant de ces figuiers ? Nous devions planter des arbres d'ornement, pas un verger ! Et pourquoi cette variété si onéreuse ? Des Ficus carica auraient très bien fait l'affaire...

-En vérité Vvarden, il y a eu... une erreur du service de facturation. Un zéro de trop glissé par mégarde, et nous nous retrouvons avec quelques centaines d'arbres au lieu de quelques dizaines... Ailleurs, il aurait été possible de reconnaître l'erreur, de la signaler et d'annuler la commande. Mais nous sommes au Saint-Siège. La conviction que nos directives viennent des Dieux est le ciment de notre société. Si la chaîne de transmission de ces directives -la hiérarchie- commettait des erreurs, alors les ordres ne seraient plus exactement ceux envoyés par les Dieux.... Et tout serait ébranlé. C'est ainsi que nous nous devons d'assumer nos égarements comme s'ils étaient volontaires, d'avancer comme si nous ne faillissions jamais. Quant à cette variété en particulier... Disons que c'est un caprice. Il est important de rappeler parfois que les Dieux peuvent être capricieux, sans raison. »

Une erreur du service de facturation... Un organisme sous la responsabilité directe du Second Chambellan de la Chambre Haute... Amontloq !

Sans qu'elle comprenne pourquoi une voix s'imposa subitement dans son esprit. Une voix charismatique et autoritaire, la voix du Commissaire Instructeur Anankè Thanaata.

Amontloq avait volontairement falsifié la commande des figuiers d'ornement du jardin du Temple. Il avait ainsi constitué un verger pour produire en grande quantité cette potion....

Une potion qui augmentait les capacités psychiques et sensorielles. Et qu'il m'avait fourni discrètement pour faire face aux dangers de l' expédition : « Et puis, je ne doute pas que dans l'adversité tu sauras où chercher des ressources. » lui avait-il dit mystérieusement lors d'un entretien avant son départ.

La potion modifiait aussi sa vision, offrant à Vvarden à la fois un champ de vision plus large et une acuité supérieure pour discerner les détails. Elle voit les pansements saturés de lymphe et de sang qui protègent imparfaitement les blessures de Mayfair. Le tissu dessine des lignes tortueuses qu'elle interprète tour à tour comme les méandres d'un delta, l'enchevêtrement des racines d'un arbre, les ramifications de vaisseaux sanguins, l'arborescence alambiquée de la Classification Générale des Sciences, Arts, et Techniques de l'Université Oecuménique du Saint-Siège.

L'eau, le vivant, l'être animé, la pensée.

Curieuse ironie que les séquelles de l'agression de la vampire, conséquence d'une effroyable pulsion de mort, lui livre ainsi dans une vision syncrétique une si belle allégorie de la Vie.

Mais son but n'était pas seulement de m'aider. Je comprend enfin pourquoi il a tant manœuvré pour me placer dans la délégation de soutien à la Faille.

« J'ai réussi à trouver un terrain d'entente avec Xersès ».

Sur quoi deux personnages aussi puissants et ambitieux peuvent-ils bien s'entendre ?

Elle se rend compte qu'elle peut compter en temps réel les gouttes d'eau qui forment la modeste protection qu'elle a créé pour protéger un des verrous. Le nombre augmente puis diminue selon une courbe sinusoïde régulière et prédictible. Elle constate que la courbe suit les mouvements de sa respiration. Elle se fat la réflexion qu'ainsi en observant les gouttes d'eau elle peut savoir à l'avance quand elle va inspirer ou expirer.

« J'ai hâte que tu me prouves qu'un citoyen non combattant puisse devenir en si peu de temps un implacable guerrier. »

Il veut monter une milice. Une milice qui puisse rivaliser avec l'armée régulière du Saint-Siège. Des civils de l'Eglise de Valdania, aux capacités augmentées par le mystérieux breuvage, encadrés par l'unité d'élite des Sentinelles du Commissariat à la Sécurité Intérieure !

Mais cette potion, il fallait la tester, en conditions réelles... et loin de la Croix-du-Sud pour ne pas éveiller les soupçons !

Et cette précision surprenante sur mon ordre de mission « l'Agent serait autorisé à prendre tout type d'initiative sans attendre l'aval de sa hiérarchie ».

Je l'avais naïvement compris comme une confiance que m'accordait mes supérieurs, alors que cela signifiait beaucoup plus vraisemblablement que si l'expérience se passait mal, je serait seule tenue responsable, personne n'en serait éclaboussé, quand bien même on pourrait prouver que j'ai utilisé une substance interdite !

Elle est aussi capable de dénombrer les plis sur les vêtements de Plahäsmmä. Sur la manche gauche le nombre était paire, et sur la manche droite il était impaire.

Alors elle se posa cette question, insurmontable et terriblement angoissante : « comment doit être le nombre de plis sur son capuchon ? »

Amontloq s'est odieusement servi de moi ! Il se sert de moi depuis le début! Et j'ai marché, idiote que je suis, j'ai tout avalé.

J'ai cru que son affection pour moi était sincère. J'ai cru qu'il me considérait comme sa fille autant que je le considérait comme un père. Qu'il m'appréciait pour ce que j'étais.

Un regard de côté et elle aperçoit Gris et son armure.

Gris,

Celui dont on a jamais vu le corps,

Celui qui par deux fois est mort !

J'ai cru, dans ma vanité, que seule parmi toute cette foule anonyme qui constitue et qui subit la machinerie étatique du Saint-Siège, je pouvais avoir un destin singulier. Que je pouvais exister pour moi-même plutôt qu'être un simple morceau de ce grand tout qui nous dévore.

Elle entend, venu des lointaines profondeurs de la faille, les échos de la musique que Zik avait joué pour apaiser la flamme bleu (ou est-ce une hallucination ?). Elle la compare au crépitement des braseros. Il lui semble qu'il y a une certaine symétrie, les flammes reprenant la mélodie avec un décalage de tonalité d'une tierce majeur.

Il y a forcément un lien, c'est évident ! Pourquoi personne ne l'a-t-il remarqué ?

Un destin singulier... C'est ce à quoi nous rêvons tous, n'est-ce pas ? Mais nous ne sommes pas dans le monde des rêves, stupide Vvarden ! Tu n'es rien ! Tu n'es rien à leurs yeux ! Tu n'es rien pour l'Oeil Unique !

Tu n'es rien Vvarden !

[HRP : ce texte se situe après la fin de la partie 2 de l'Event, lorsque les participants à la partie 1 ont retrouvé la mémoire de l'expédition.]

Le soleil n'éclairait pas encore les rues de la cite administrative mais Vvarden devait déjà zigzaguer pour esquiver les fonctionnaires qui commençaient à s'affairer. Elle pénétra enfin le bâtiment qu'elle recherchait et fit face au réceptionniste.

- Quel est l'objet de votre venue ?

- Je dois m'entretenir urgemment et en privé avec le Commissaire Superviseur du Registre des plantes cultivables.

Urgemment et en privé. Vvarden savait qu'il fallait frapper fort, et elle ne s'était pas retenue en bousculant ainsi les protocoles feutrés de l'administration.

Le réceptionniste venait d'entrer en ébullition face à l'arrogance de l'elfe, mais il se contenta de répondre :

- Votre laissez-passer je vous prie.

Elle lui tendit son certificat de participation au premier échelon du programme de formation Sentinelle. 

- Ce document est bien une certification officielle, mais il est tout à fait inadapté à votre requête.

- Ce document atteste que je suis capable d'arracher un oeil et de le faire gober à son propriétaire avec seulement deux doigts. Il est tout à fait adapté aux demandes impérieuses. 

Le réceptionniste considéra un instant la situation. Il déglutit laborieusement, comme s'il craignait d'avaler autre chose que sa salive, puis marmonna  qu'il verrait ce qu'il peut faire, et ajouta en s'éloignant qu'il ne pourrait être tenu responsable de la décision de ses supérieurs.

Pendant qu'elle patientait dans le hall du Conservatoire Général de Botanique, une antenne du Haut Commissariat à l'Agronomie, elle se fit la réflexion qu'il n'était finalement pas si inutile de conserver tout ses documents officiels. Elle se rappela avoir perdu, à son grand regret, son ordre de mission de l'opération extérieure de soutien à la Faille. Les circonstances exactes de la disparition de ce document n'étaient d'ailleurs toujours pas claires, bien que la mémoire de l'expédition lui soit revenue, ce qui l'avait conduit en ce lieu. 

- Le commissaire superviseur va vous recevoir. 

Dédaignant le regard accusateur du fonctionnaire, Vvarden entra dans le bureau de l'officier, et annonça sans cérémonie :

- J'ai fait des découvertes susceptibles de modifier la classification de certaines plantes cultivées.

- Vous m'avez dérangé pour ça ? Le commissaire lui répondit sur un ton  hésitant entre courroux et mépris, sans sortir la tête des dossiers disposés sur son bureau. 

- La distillation de la fleur de figuier garanajos permet d'obtenir une potion aux propriétés psycho actives. 

Le commissaire ralentit sa lecture.

- Psycho active de classe 3. 

Le commissaire releva la tête.

- Quelle est votre degré de qualification en botanique ? Cette fois il n'y avait ni courroux ni mépris dans la voix du commissaire. 

- J'ai une licence standard en botanique et physiologie. 

- Autrement dit le niveau de base pour l'admission au tronc commun de l'Université. C'est une plaisanterie j'espère ? Personne ne vous prendra au sérieux. 

- Disons que je suis perspicace et que j'ai acquis ces données empiriquement. 

Elle lui tendit une laisse de papier. 

Mais je sais pertinemment que personne ne me croira et c'est la raison pour laquelle je fais appel à votre autorité.

Le commissaire feuilletait les documents avec une attention de plus en plus soutenue. 

- Empiriquement dites-vous ? J'aimerais comprendre quelle a été la nature de votre expérience ? 

Vvarden eut un sourire amer en convoquant brièvement ses souvenirs. Elle reprit :

- Le plus important est surtout ce qu'il se passera si ces données venaient à être publiées. La catégorie 3 des substances psycho active impose l'interdiction de la culture sauf autorisation préalable de l'administration. 

- Vous êtes bien renseignée. 

- Et si quelqu'un, disons à tout hasard le Directeur du Conservatoire Général de Botanique se trouvait en possession d'un tel type de figuier, la sanction serait a minima une destitution.

- Sinon l'exil.

- Et qui serait le mieux placé que le Commissaire Superviseur du Registre des plantes cultivables pour prendre sa succession ?

Elle marqua une pause et continua :

- Ces figuiers sont comme une mauvaise herbe. On néglige un peu son jardin, et un beau jour on en retrouve pleins sans qu'on se soit rendu compte qu'ils avaient poussés...

Le regard pétillant de cupidité du commissaire indiqua à Vvarden qu'il avait compris où elle voulait en venir. 

- Bien... Je dois mettre un terme à cet entretien. Je suis sur le point de publier des données susceptibles de modifier la classification de certaines plantes cultivées... Et je dois faire un brin de jardinage d'ici ce soir, conclut-il.

Il faudra ensuite peu de temps pour qu'une enquête soit menée autour de la plus grande concentration de figuiers, sous espèce garanajos, de la Croix du Sud, qui se trouvait dans les jardins du temple de Valdania. Elle remontera jusqu'à Amontloq. On perquisitionnera ses biens, on découvrira son laboratoire clandestin.  Xerxès sera éclaboussé, ou pas. Peu importe, la cible était Amontloq.

Vvarden s'offrit une balade dans les dunes au clair de lune ce soir-là. Le sable sous ses pieds était froid. D'un froid qui était presque agréable. Froid, comme sa vengeance.