La nuit a été pénible, à la Faille. Outre la présence d’un nombre considérable d’invités, pas tous discrets, le sommeil des visiteurs tout comme celui des habitants a été troublé par des rêves persistants. Différents pour chacun, mais tous empreints d’une angoisse et d’une oppression qui sont restées au réveil. S’ils en parlaient entre eux, ils découvriraient qu’ils ont tous rêvé du même mot : « aphistème », murmuré, inscrit, ou esquissé de mille et unes manières en fonction du rêveur. L’un l’a entendu comme un chuchotement incessant tout au long de la nuit, l’autre comme un unique cri mais qui l’a tant secoué qu’il s’en est réveillé. Ici, on l’a rêvé gravé sur les marches d’un escalier de pierre, là on l’a rêvé inscrit dans le sable par un vent puissant.

Le moment de descendre vérifier ce qui se trame tout au fond de la Faille est arrivé. Les sentiers et cavernes naturels qui s’enfoncent dans les profondeurs du monde sont étroits et malaisés - il y en a pour trois jours de voyage environ avant d’atteindre le fond, et les explorateurs improvisés se sont chargés de tout l’équipement nécessaire, ainsi que de vivres et d’armes. Ils ont également de quoi camper sommairement pour les deux nuits à venir. 

Et le groupe se met en marche, tantôt en file indienne, tantôt par deux ou par trois - parfois en ordre organisé, parfois rassemblés selon les clans, parfois de manière plus relâchée. La matinée se passe sans encombre - quelques égratignures, deux ou trois bosses là où des fronts ont heurté des plafonds un peu bas, mais tout va bien. La majeure partie du chemin traverse la roche, et les quelques endroits où le sentier longe directement la faille ont déjà été sécurisés par les habitants du coin lors d’expéditions précédentes.

En milieu de journée, la sensation d’être observé se renforce : des échos lointains résonnent parfois, laissant à croire que les tréfonds sont peut-être… habités.  L’expédition marque une courte halte, le temps de se restaurer, et pour quelques éclaireurs de vérifier les environs ; mais rien de particulier n’attire leur attention. 

Toutefois, au moment de se mettre en route, certains paquetages semblent avoir été visités - quelques objets manquent, et personne ne semble les avoir. Qui donc a bien emporter de telles menues babioles…et surtout, pourquoi ? 

C’est avec ces questions en tête que l’exploration reprend, dans une lente descente au fond de l’abîme. En fin de journée, la fatigue aidant, le groupe s’arrête dans une vaste caverne, idéale pour passer la nuit. Il va être temps de dîner, et de s’organiser pour la nuit.

Et c’est reparti !

🗡️ Le lancer de dé de dégâts a indiqué 6 : chacun des personnages prend 6 points de dégâts.

Ces 6 points sont réduits par la valeur d’armure des personnes (1 pour les intellects et dégâts, 3 pour les tanks). 

Pour chaque personnage protégé par un tank, les dégâts encaissés sont encore réduits, de la valeur obtenue par le tank au dé lors du tour précédent.

RP parlant, vous pouvez considérer que vous avez mal dormi et avez donc moins d’énergie.

📅 INFOS CHRONOLOGIE

➡️ IRL : L’événement dure tout l'été, du 20 juin au 30 août. Chaque étape, chaque tour de l’événement, durera 10 jours IRL pour vous laisser le temps de poster.

➡️ En jeu, l’intégralité de l’événement dure quelques jours pour les personnages, pendant le tour de jeu 104 (car chaque tour de jeu vaut 1 semaine pour les personnages). 

➡️ On aura sûrement quelques problèmes de cohérence dans la continuité au vu de ce qui se passe en jeu dans les conflits inter-clans. Tant pis, jetons un flou scénaristique pratique sur tout cela !

📆 IRL, le tour 2 dure du 30 juin au 9 juillet. Vous avez 10 jours pour poster votre message, et je passerai lancer le tour 2 le 10 juillet.

🔍 Pour cette deuxième étape, le premier jour d’exploration, le groupe s’enfonce dans les étages supérieurs de la Faille. Vous avez la sensation d’être épiés, il y a des bruits diffus au loin par moments, et pendant la pause de midi des objets anodins disparaissent des paquetages, pris par… quelqu’un, ou quelque chose. Vous ne savez pas…

Ce tour prendra fin au moment où le groupe s’arrêtera pour dîner et dormir, vous pouvez donc raconter toute la première journée, mais vous n’allez pas encore vous coucher. Pensez à vous organiser pour la nuit : est-ce que vous disposez les dormeurs d’une manière précise ? Y a-t-il des tours de garde ? Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

💬 Vous avez un seul message par tour de l’événement, ce qui va restreindre les interactions directes. N’hésitez pas à ouvrir des RP parallèles à l’événement si vous voulez échanger plus spécifiquement avec d’autres joueurs !

✍️ Il n’y a pas de limite de mots, écrivez comme il vous plaît, que ce soit court et direct ou long et dense. Simplement, nous sommes 30 rôlistes, aussi pensez à intégrer un résumé de votre RP en fin de message, sous balises Citation, pour que je m’y retrouve facilement. 

🎯 En fin de tour, je lancerai un dé 30 à 4 reprises, pour désigner les 4 joyeux volontaires qui auront un rôle-clé au prochain tour. Je vous demande donc de choisir un nombre entre 1 et 30 dans votre résumé en fin de message. (Pensez-y ! C’est important.)

Je tiendrai la liste à jour ici aussi souvent que possible. [Dernière MàJ : 09/07 22h30]

1 : Mayfair | 2 : Kaevann | 3 : Nyx | 4 : Faïre | 5 : Gris | 6 : Byurus | 7 : Shamy Rajan (#1) | 8 : Zik Solaris | 9 : Vvarden | 10 : Poulpe | 11 : Okene | 12 : HawlF | 13 : Éfiossa | 14 : Shamy Rajan (#2) | 15 : Longinus | 16 : Racoon | 17 : Shamy Rajan (#3) | 18 : Aelyss | 19 : Shamy Rajan (#4) | 20 : Andreï | 21 : Chmojo | 22 : Ticket en trop (abandon Judas) | 23 : Avel Egerzhour | 24 : Asmirov | 25 : Mastani | 26 : Zven Tveskoeg | 27 :Plahäsmmä | 28 : Thini | 29 : Radito 77ème | 30 : Antarès

🎲 Vous devrez lancer un dé correspondant à votre rôle, dans le sujet de lancer des dés. Pour rappel, toutes les informations concernant votre rôle sont sur le wiki.

→ Pour les tanks, merci d’indiquer qui vous protégez avec vos super pouvoirs tissés en poil de scénario. ♥

→ Félicitation au groupe Intellect qui atteint pile poil 50 et a débloqué le premier palier de la jauge de Savoir. Vous avez découvert le mot « aphistème ». Le prochain palier est à 100 points de Savoir, continuez les bons lancers !

❓ Pour toute question, si vous n’êtes pas sûrs de vous, avez des doutes, besoin de précisions… le salon Discord de l’event est à votre disposition ! Je suis également joignable par MP.

✅ Ce sujet est ouvert aux 30 participants inscrits uniquement.

📢 Et c'est parti ! Le tour est lancé, vous pouvez commencer à poster. Bon jeu à tous !

Aphistème ? Aphistème ? Après avoir médité sur la possibilité ou non que quelqu'un ait pu verser de la drogue dans sa nourriture ou dans son alcool, Byurus décida d'oublier ce mauvais rêve. Il avait été très vigilant et Valdania avait pris l'habitude d'être un peu plus claire dans ses communications, aussi le mot devait être un simple rêve étrange comme on en fait tant.

En revanche la disparition de babioles dans l'après-midi l'inquiéta. Après en avoir discrètement parlé avec les autres pirates ses inquiétudes grandirent encore. Ils lui avaient affirmé ne pas être responsables.

Une fois le constat effectué il se plaça sur un rocher légèrement en hauteur et déclama :

Je parie que plus de la moitié d'entre vous ne vénère pas la déesse peut-être même que d'autres croient encore Taps vivant voire pire encore : d'autres ne jurent pas. Comment peut-on faire confiance en quelqu'un qui n'a jamais exprimé sa colère ? Qu'ont-ils à cacher, ces gens là ? Mais je n'ai pas le temps de vous expliquer à quel point vous êtes dans l'erreur, l'heure est grave ! Nous devons débusquer le voleur parmi nous et lui faire cracher sa planque.

Si votre voisin se plaint d'avoir lui aussi perdu un objet, ne vous y fiez pas ! Il peut mentir ou plus malin encore s'être lui aussi soustrait un objet et l'avoir caché sur le chemin avec le reste de son butin pour le récupérer au retour. Scrutez les regards, sondez les gestes, tentez de deviner les pensées, et au premier soupçon, inscrivez son nom sur un bout de papier et remettez le moi. Ceux d'entre nous à l'estomac le plus accroché se chargeront d'interroger les suspects.

Et n'oubliez pas : Les pickpocket les plus dangereux sont toujours sympathiques au premier abord, parfois même il s'agit de ce voisin avec qui vous aviez discuté la veille, erré la nuit en hurlant ensemble des insultes envers cette chienne de vie.

Une fois son discours terminé, Byurus se rapprocha des autres pirates afin qu'ensemble ils puissent tripler leur vigilance.

Aelyss s'était réveillée en sursaut, avant même que le soleil se lève. Elle avait commencée à préparer quelques affaires, peu de nourriture, elle s'était habituée dans le désert a consommer un minimum, mais elle ne lésina pas sur l'eau. Elle pris également soin de récupérer les effets personnels qui lui remonter le moral habituellement, un médaillon de son ancienne vie, un gant de sa fille.... Puis sans qu'elle s'en rende compte le temps passa très rapidement tellement elle était obnubilé par son cauchemar. Elle en avait rarement eu d'aussi prenant.

une fois son paquetage prêt et les quelques larmes essuyées, elle rejoint la petite troupe pour descendre dans la faille.

Tantôt prêt de la caravane ou elle prenait plaisir a retrouver ses anciens compatriote, mais également auprès des autres clans, tentant de nouer des liens avec eux. Elle tenta une approche vers les princes du Nord, reconnaissant la sénéchal qui était venu à la cérémonie de la caravane quelques mois plus tôt.

Chère Mayfair, comment allez vous? comment votre nuit c'est déroulée? que pensez vous que nous allons trouver ici?

les cernes creusé et le visage fermé de la vampire répondait tout seul à ces question, excepté la dernière, mais son demi sourire qui faisait plutôt penser à une grimace n'en laisser pas penser moins.

en tentant de rejoindre le clan des pirates Aelyss glissa sur le rebord du chemin et failli tomber dans le précipice. Heureusement quelqu'un l'as vit tomber et la rattrapa par la main de justesse, mais l'ancienne reine se cogna fort contre la paroi. Elle abandonna l'idée de retrouver les pirates et revint vers son nouveau clan d'accueil, la faille.

Elle avait récemment développé une relation d'amitié avec le conseiller Shamy et se sentait désireuse de partager son cauchemar, peut être pour se le sortir de la tête.

j'ai encore vu ma fille, elle était en vie cette fois... elle gravait avec la lame de son père le mot "aphistème" sur les mur du chateau, une écriture aussi bien enfantine que démoniaque, et en me répétant sans cesse de ne pas descendre... mes cauchemar sont souvent prenant, mais celui ci semblait avoir un sens presque divin... jusqu'à ce que le château d'Isthar s'effondre et qu'Alyss fuit à travers les décombres, me laissant seule dans le désert avec des pierres gravés éparpillé partout.

Raconter cela la soulagea d'un certain poids, mais l'ambiance était toujours des plus pesante et on commençait à ne plus voir le ciel, ou bien était-ce simplement une nuit sans étoile qui tombait?

dans tout les cas il était temps de mettre en place un campement, la marche avait été épuisante et tout le monde en avait eu pour son petit accident.

C'est en s'installant au coté d'Avel et Asmirov qu'elle remarqua que son médaillon avait disparu. Les rumeurs de vol au sein du groupe semblait fondé... cela n'allez pas aider à l'ambiance entre tout ces peuples. Elle prépara un feu et fit le tour du campement pour proposer de l'aide a monter des tentes, ou bien choisir les emplacements en fonction des affinités, mais les visages lourds et fermé ne la recevait pas toujours de bon cœur.

Il était temps de prendre la route vers l'intérieur de la Faille, Éfiossa avait un simple sac de fortune, sachant qu'il n'avait pas besoin de grand chose en terme de vivres mais avait un peu d'équipement de base pour aider les autres. Le vampire avait eu un sommeil très léger pour les rares instants où il avait pris le temps de se reposer. L'avenir est chaque jour incertain et il préférait de loin savourer le plus de moment heureux possible, nul doute que sa mémoire garderait le souvenir de cette dernière nuit avant de partir dans les entrailles de la Faille. Lors des préparatifs sous la tente de l'Oasis, il avait brièvement pu discuter avec Okene, de ses craintes et ses doutes face à l'inconnu qui les attends, se questionnant sur ce mot qui résonne dans sa tête de façon sporadique ... aphistème ...

Tantôt il était un murmure, tantôt une écriture erratique sur une enseigne ou une succession de lettres sur la pierre. La faille essayait t'elle de faire passer un message ? Une aide de Valdania pour guider son aventure ? Le problème était qu'il ne connaissait pas ce mot, rien de ses connaissances ne lui permettait de se rapprocher d'une quelconque signification. Le vampire prit une grande respiration avant que son besoin de comprendre le rende complètement fou. La dirigeante de l'Oasis avait confirmée qu'il n'était pas le seul à avoir ce mot en tête, rassurant ou pas, cela donnait encore plus d'intrigue à cet aphistème. Il posa la main à la taille d'Okene, la regarde dans les yeux et murmure "Allons-y... "

Il prit les devants, son sac sur le dos, une partie du matériel de leur trio dans un autre sac qu'il trainait d'une main. La descente était aisé mais il fallait rester prudent, un accident pouvait vite arriver et le drame fut évité de peu pour une femme qu'il ne connaissait pas. Sans les réflexes d'un autre, elle aurait visité le fond plus vite que prévu. Éfiossa gardait une distance avec quiconque devant et derrière lui, s'assurant de laisser passer les pressés qui osaient lui coller aux talons. Une pause sur la route, il fouilla dans son sac pour y prendre sa pièce fétiche, vidant littéralement le contenu sur le sol en grommelant. Sa voix portait dans la caverne "Qui est le bougre qui a oser me voler... elle était là j'en suis certain... que le coupable soit franc et rende car si je trouve moi-même qui a fait le coup, il ne survivra pas à son séjour dans la Faille." Il rangeant son bazar avant de reprendre la route, frustré par cette perte. Il aimait jouer avec la pièce en marchant pour éviter de réfléchir, ne focalisant que sur son mouvement entre ses doigts.

Ce fut ensuite le temps du campement pour la nuit, retrouvant Okene et Radis pour voir à se mettre tout trois confortable et instaurer une garde à tour de rôle. Le ou les voleurs pourraient reprendre du service en profitant du sommeil de tous et chacun. Le vampire avait de toute façon nulle envie de dormir, ses pensées vagabonde ici et là... il ne lui faudrait qu'une bonne gorgée de sang pour calmer son esprit. Le vampire ne pouvait se permettre de croquer quiconque comme si il s'agissait d'un buffet chaud...

Durant la nuit qui précéda la descente dans la faille, des visions avaient assailli Okene à chacun de ses assoupissements. Elle explorait les ruines de la cité de la fertilité, sous terre bien au dessous de la capitale de l’Oasis en compagnie d’émissaires du Saint-Siège. Le mot aphistème, qui lui était jusqu’ici inconnu, y apparaissait régulièrement sur les murs, les portes, les sols et mêmes les plafonds, jusqu’au moment où il apparaissait plusieurs fois partout où elle regardait avant de se réveiller en sursaut.

Coïncidence ou non, c’est à l’un de ses réveils qu’elle fit le point avec Éfiossa pour terminer les préparatifs. Sans les partager, elle comprenait ses craintes et ses doutes face à l’inconnu qui les attendait. Okene avait foi en ses songes et la voix de la déesse. C’était bien ainsi qu’elle avait découvert la cité de la fertilité.

Radito était d’humeur légère, comme à son habitude. Ces mauvais rêves ne semblaient pas le perturber le moins du monde. Peut-être que le fait de partager la tente d’Okene l’avait mis suffisamment en joie pour l’en protéger. Du moins c’est ce qu’elle pensa en observant son sourire béa à l’aube alors qu’il semblait ne pas vouloir se réveiller.

…

Au matin, Éfiossa semblait moins énergique qu’à son habitude. Okene décida de porter toute son attention sur lui pendant la descente qui s'annonçait collée serrée.

Aphistème… Profitant de la pause du midi, la vampire sonda ses souvenirs en vain. Cela ne lui inspirait absolument rien.

Elle sentait régulièrement qu’ils étaient observés et cherchait vainement les observateurs extérieurs au groupe.

Alors que des vols étaient constatés ici et là au moment de reprendre l’exploration, le climat de suspicion qui s’instaurait fit sourire la vampire. Était-ce parce qu’elle pensait n’avoir encore rien perdu ? Non, ce qui l’amusait était double : cet attachement des uns, qu’elle estimait puéril, à des objets, et l’égo des autres confronté au fait que leur vigilance et leurs sens puissent avoir été mis en défaut ou que l'on est osé s'en prendre à eux. Elle ne prit pas la peine de vérifier ce qui lui manquerait tôt ou tard, préférant veillez à la sécurité de l’exploration, chassant le mot aphistème de son esprit chaque fois qu’il l’y distrayait. Elle préférait se concentrer sur les dangers immédiats du terrain.

…

En fin de journée, Okene aide à monter la tente de l’Oasis puis confectionne une petite pièce de bois qu’elle offre à Éfiossa. Au moment du dîner, elle va à la rencontre d’autres membres du groupe, discuter de leurs sentiments et partager les siens. Elle fait le point tranquillement avec Éfiossa en prenant son relais pour la garde du campement et avec Radito quand vient son tour d’être alerte.

…

Vvarden mit du temps a comprendre qu'elle était éveillée. Ou plutôt elle mit du temps à comprendre que ce qu'elle venait de vivre était un rêve.

Elle avait passé une nuit infernale, perdue dans les Archives Générales Oecuméniques, celles qu'on appelle couramment les Archives, à prononcer avec un grand « A » et un profond respect teinté d'appréhension.

Au Saint-Siège toutes les institutions, Eglises et Ordres disposent de leur propres archives, mais chaque document archivé est systématiquement copié pour être conservé aux Archives Générales Oecuméniques, qui compilent donc l'intégralité de la production du Saint-Sège.

On imagine alors aisément l'immensité du lieu. Mais il faut l'avoir vu de ces propres yeux, il faut y avoir déambulé soi-même pour ressentir cet indicible « vertige horizontal » qui vous saisi en ce lieu.

Ce n'est pas à proprement parler un bâtiment, mais un réseau de galeries souterraines, basses de plafond et peu larges, sans aucune autre lumière que de celles cierges à la flamme verdâtre et maladive.

La galerie principale forme une boucle immense, de sorte que son rayon de courbure est assez grand pour donner une puissante sensation de profondeur. A intervalle régulier s'ouvrent des galeries perpendiculaires, suffisamment espacées les unes des autres pour qu'on ne puisse jamais voir deux ouvertures en même temps en quelque point que l'on se trouve de la galerie principale.

Ces galeries sont elles aussi circulaires, et légèrement inclinées dans le plan vertical, afin qu'elles puissent passer par-dessous ou par-dessus les autres galeries. De ces branches secondaires partent d'autres branches accessoires, selon les même principes que pour la galerie principale, constituant ainsi une architecture de type fractale.

Ce choix n'a pas été fait pour optimiser l'espace de stockage, et encore moins pour faciliter l'orientation au sein des Archives. Non, cette architecture unique a été pensé pour perdre le visiteur, pour le fondre dans un dédale sans fin, pour conférer à ce lieu une impression d'infini.

C'est pourquoi, aussi cruciale que soit les Archives pour la société du Saint-Siège, elles ne sont pas gardées. N'importe qui peut y entrer. Mais nul ne s'y risquerait sans être guidé par un Maître Archiviste, seul à même d'y plonger et d'en ressortir l'esprit indemne.

« Ici le fond et la forme concourent à un même but Vvarden, lui avait expliqué Amontloq, lorsqu'il lui avait fait visiter (pour la première et la dernière fois) les Archives. Pourquoi penses-tu qu'il soit si important de consigner tous les faits et gestes du Saint-Siège ? Pourquoi aurait-on besoin des noms des convives d'un banquet donné il y a 57 ans pour l'intronisation du 3e Chambellan de la Chambre Basse du Culte de Yourrick ? Ou la liste des frais de blanchisserie de l'expédition de reconnaissance n°02-774 du 8e Corps de Croisés, datant de 38 ans ? 

En conservant tout, absolument tout, nous gardons en quelque sorte une mémoire absolue. C'est ainsi que nous pouvons cueillir une part de l'ubiquité divine. La seule qui soit à notre protée. »

La voix grave et lente d'Amontloq était apaisante, et sa présence suffisait alors à rassurer Vvarden.

Mais cette nuit dernière, dans son terrible cauchemar, elle était seule les galeries sans fins des Archives. Seule, mais elle percevait de lointains et étranges bruits, dont elle ne parvint jamais à déterminer la source. Elle se voyait errante, attrapant de ci de là un parchemin au hasard d'une étagère. Mais, pour son plus grand étonnement, tous affichaient le même contenu, un unique mot. Un mot qu'elle ne connaissait pas, et qu'elle s'efforçait de déchiffrer dans la lumière encore plus faible et glauque que dans ses souvenirs. Un mot répété de parchemin en parchemin, de galerie en galerie, ad nauseam : APHISTEME.

A son réveil l'elfe était en nage, aussi fourbue que si elle avait réellement parcouru toute la nuit des kilomètres de galeries, les yeux endoloris comme si elle les avait vraiment froncés pour lire dans la pénombre.

La matinée passa vite et lentement à la fois. Elle suivi dans la douleur et le silence le gros de la troupe s'enfonçant dans la Faille. Elle percevait de temps à autre des sons angoissants, sans savoir s'il s'agissait d'échos de son rêve ou s'ils venaient des profondeurs. Lors de la halte déjeuner, elle décida d'aller interroger les membres de l'Oasis, peut-être qu’aphisteme était un mot du langage Génasis que leurs fouilles avaient permis de découvrir ? Alors qu'elle les cherchait, elle entendit un discours de Byurus sur des vols qui auraient été commis.

Elle vérifia machinalement son paquetage et constata qu'il lui manquait un petit pochon de plantes aromatiques qui lui servait à parfumer ses vêtements de voyage (le voleur était-il un être délicat et raffiné?) et, plus étrange encore, son parchemin d'ordre de mission.

Qui pouvait bien croire que ce bout de papier avait une quelconque valeur en dehors du Saint-Siège? Elle en avait de toute façon mémorisé chaque ligne, comme on pouvait en attendre d’un membre du Saint-Siège à qui l’on confiait une telle responsabilité.

Pour s'en assurer elle se le récita :

Cette dernière phrase avait été tracé légèrement différemment, et Vvarden, avec un sourire en coin, s'était figuré pourquoi : le scribe avait certainement fait une apoplexie à ce moment-là, tiraillé entre son devoir de retranscrire fidèlement le texte qu'on lui dictait, et son incapacité à concevoir qu'une telle liberté puisse être accordée.

« Contrevenir au Code Ecclésiastique » ! Il fallait bien que soit menacée « l'intégrité de Terra toute entière, et par la même pour l'intégrité du Saint-Siège » pour que ses autorités de tutelle autorisent Vvarden à une telle extrémité....

Elle se remémora ensuite la fin de la missive, et remarqua quelque chose auquel elle n'avait pas encore prêté attention.

Il n'y avait donc pas de copie pour les Archives de l'Eglise de Valdania, et un tel oubli ne pouvait être que délibéré.

«  La montée en puissance du clergé au sein de la société Ubarite », « l'ouverture de Polaris à l’œcuménisme » : le récent contexte géopolitique allait favoriser le culte de Valdania, et cela n'était pas pour déplaire à ses commanditaires.

Cela paraissait donc limpide : Amontloq voudrait profiter du poids croissant de Valdania à l'extérieur du Saint-Siège pour accroître sa propre influence à l'intérieur, mais il voudrait en profiter seul, et c'est pourquoi il cherche à mettre à l'écart les autres membres de sa propre Eglise. Convoite-il une place au sein du Corps Diplomatique ? Ou vise-t-il plus haut encore ?

A la réflexion, une telle manœuvre semble trop évidente. Ce n'est probablement pas cela que veut Amontloq, c'est ce qu'il veut que l'on croit qu'il veut. Et il prépare certainement un coup plus sournois encore.

Mais qu'importe, pour Vvarden ces luttes de pouvoir appartenaient désormais à une autre vie. Le monde était au bord de l’effondrement, et dans cette perspective les rivalités internes d’institutions secondaires d’un des plus petits clan de Terra semblaient tellement futiles…

Elle n'avait dormi qu'une nuit à proximité de la Faille mais elle ne serait plus jamais la même. Elle se sentait appartenir à une nouvelle famille : ce groupe hétéroclite d’une trentaine d’âmes que rien d’autre qu’une fin du monde imminente n’aurait pu rassembler.

Elle sorti de ses pensées, et relevant la tête, elle se résolu à « prendre toute type d’initiative sans attendre l’aval de sa hiérarchie ».

Et pour commencer elle allait partager un maximum de connaissances avec l’Oasis. Et pourquoi pas partager un bon repas. Briser la glace et rompre le pain… la journée finirait mieux qu’elle n’avait commencé.

Les personnes s'étant réveillées à l'aube ont pu voir un drôle de spectacle.

Au loin et à l'écart de tous, le conseil de la Faille semblait en plein débat.

Malgré la nuit compliquée pour tous, Avel semblait avoir plus d'énergie que la veille et pointait sa pioche devant le visage de Shamy qui faisait deux fois sa taille.

Aelyss et Asmirov quant à eux avaient calmé le jeu et se rangeaient du côté du nain, le conseil avait tranché.

Alors que tous les invités commençaient à se préparer, Avel prit la parole.

"Je tiens d'abord à tous vous remercier d'être venu.

Au son des rumeurs de ce matin, je pense que vous comprendrez pourquoi nous estimons que ce qu'il se passe ici est un problème qui concerne l'ensemble de Terra et pourquoi nous vous avons conviés sur nos terres."

Il se racla la gorge, s'arrêta un instant pour réfléchir puis reprit la parole.

" Néanmoins, la Faille reste un sanctuaire à nos yeux et nous vous prierons de suivre quelques consignes.

Premièrement, j'ouvrirais le chemin et j'invite ceux qui veulent passer en tête à se présenter à moi.

Nous avons eu des éboulements la nuit dernière et beaucoup de chemins ne sont plus praticables, nous forçant à faire des détours.

Pensez à prendre une pioche si vous savez la manier, cela pourra nous être utile.

Et veillez également à bien suivre le groupe de tête si vous ne voulez pas vous perdre dans un boyau qui vous mènerait dans un dédale ou un nid de vers de sables.

Deuxièmement, comme je vous l'ai déjà dit, mais ce lieu est sacré pour nous.  

Plus loin sur le chemin, nous aurons l'occasion de bivouaquer dans des ruines d'une ancienne citée troglodyte.

Je vous prierais de respecter ces lieux et les âmes de ce défunt peuple.

Et enfin, normalement ce soir nous arriverons dans un premier campement qui a été sommairement aménagé ces derniers mois. 

Il nous servira de point de ralliement en cas de danger ou si quelqu'un  se perd.

Le groupe qui sera avec moi à l'avant se chargera de baliser le chemin en dessinant, à chaque intersection, notre sceau et une flèche pointant vers ce campement.

En terme de ravitaillement, ce campement sera le dernier endroit où  nous pouvons être sûrs de trouver de quoi boire et manger car c'est à cet endroit que se trouve notre élevage et la champignonnière. 

Veillez donc bien à avoir de quoi vous sustenter sur vous pour la suite du périple.

Si quelqu'un d'autre souhaite s'exprimer à tous, qu il en profite avant le départ.

Sur ce, nous vous laissons une petite heure pour vous préparer et le groupe de tête commencera la route."

Laissant la foule, Avel se rapprochait de Ludmila.  Il savait qu'elle faisait des recherches depuis quelques temps maintenant et souhaitait l'avoir à ses côtés à l'avant de l'expédition.

C'est avec son cœur qui fit un bond dans sa poitrine et la nuque dégoulinante de sueur que HawlF se réveilla les yeux écarquillés. Il profitait de sa dernière période de sommeil après son dernier tour de ronde lorsqu'entre deux rêves une silhouette indéfinie hurla "APHISTEME" dans ses oreilles, le réveil fut aussi court que brutal.

"Hmmrr, je m'attendais bien à passer de sales nuits mais pas aussi tôt, ni aussi brusque."

Il s'étira, fit quelques pompes et deux trois mouvements de souplesse et commença à ranger ses affaires. Il ne lui fallut pas longtemps pour constater que sa pierre à affuter manquait au paquetage. Alors qu'il s'interrogeait sur l'utilité de voler un objet aussi commun, il commença à entendre de part et d'autres du campement des gens pester sur le manque de tel ou tel objet.

Alors qu'il allait faire part à ses compagnons de ce problème, Avel se mit à leur parler pour leur dicter la marche à suivre.

Il écouta attentivement pour ne rien rater des éléments donnés et prit sa décision instantanément.

Si le groupe de tête devait déblayer et baliser leur chemin pour que personne ne se perde il allait falloir des yeux pour surveiller les alentours ainsi que des bras au cas où combat s'en suivrait. De plus si par hasard les deux groupes se retrouvaient séparés à cause d'une tempête de sable, d'un éboulement ou d'un balisage erroné, étant donné que le premier groupe allait se constituer de personnes assez fortes pour casser les roches il se dit qu'il y en aurait moins pour protéger l'arrière, donc il resterait à l'arrière.

Il leva la main puis s'exprima d'une voix posée mais de manière à ce que toutes et tous puissent l'entendre.

" Je resterai avec le groupe arrière pour le protéger le cas échéant, que celles et ceux qui veulent suivre Avel et le groupe de tête se dirigent vers lui, les autres regroupez vous vers moi une fois que vous aurez finis vos préparatifs.

Je fermerais la marche, aussi je suggère qu'une personne du clan de La Faille rejoigne le groupe arrière pour pouvoir plus efficacement nous guider, après tout vous connaissez déjà les lieux."

Il se tourna ensuite vers Longinus et Vvarden et leur fit savoir qu'il se sentirait moins inquiété de leur bien être s'ils décidaient de rester avec lui mais qu'il n'allait forcer personne après tout les circonstances étaient pour le moins particulières et il admettait qu'il se fallait d'avoir une plus grande souplesse d'esprit qu'a l'accoutumé.

Il profité des derniers préparatifs pour vérifier une énième fois son armement ainsi que son armure, mis la corde à son arc au cas ou il devait s'en servir pendant le trajet et patienta calmement le temps que les groupes se forment.

L'heure du réveil approchait dangereusement, Mayfair n'avait pas cru bon de dormir, elle avait passé toute la nuit éveillée avec cette étrange corruption dans l'air qui avait fini par se dissiper un moment.

Souhaitant faire un brin de toilette, et se rafraichir, elle allait dans l'Oasis toute proche se baigner.

Quand elle sortie de l'eau, les premiers aventuriers se levaient, et très vite, les cheveux encore mouillées, elle croisait la Reine Aelyss qu'elle saluait avec le respect dû à son rang.

-Et bien votre Altesse, ma nuit fût bien courte, mais plutôt bonne. Je n'ai aucune idée de ce que l'on peut trouver ici, mais je sens que quelque chose rode, je ne sais pas dire quoi, mais je ressens qu'il ne faut faire confiance à personne dans ce souterrain...

Sur ces mots, en boitant légèrement, la Sénéchal rejoignait les Princes du Nord pour s'organiser.

Le groupe s'était organisé, Mayfair passait devant, suivi du Prince, de Kane, Andrei, et Faïre fermait la marche.

Tiens Nyx avait disparu ?

Elle écoutait les blablateries du nain, sans vraiment y prêter attention, il faut dire qu'elle était un peu fatiguée la vampire...

Et les différents groupes descendaient, La faille ouvrait la marche, et tous les clans suivirent il ne restait donc que les Prince du Nord et les hommes de Polaris. Les vampires passaient donc devant.

Le descente s'effectuait dans le calme, la vampire était concentrée, l'ambiance était tendue, et les explorateurs aussi. Les chemins étaient parfois escarpés et la Sénéchal avait de plus en plus mal à sa hanche elle avait tendance à faire quelques micro pause pour se tenir contre le mur.

Lors de l'une d'elle, sans le vouloir, elle marcha sur une des flèches qui indiquait le chemin à suivre elle étaient faites de craies, et sa botte l'effaçait.

Elle regardait au loin derrière...le groupe de Polaris..

Tiens c'est intéressant ca...

Elle fût prit d'un regain de force et de vitalité, et forçait la marche, que les vampires tous combattants derrière elle ne manquait pas de suivre aisément.

A chaque intersection, elle effaçait parfaitement les indications de chemins, et au bout d'un moment, suite à un virage séré suivit d'une intersection, le groupe polaréen était enfin hors de vu, le moment était parfait, et c'est celui que choisi la Sénéchal pour faire accélérer l'allure jusqu'à rejoindre la Caravane devant.

Quelques instant plus tard, les Princes du Nord arrivaient à une zone de restauration.

Le Baron Kane pouvait venir voir la vampire.

Evidemment, elle acceptait volontier, et malheureusement, elle voyait Polaris arriver avec un petit groupe de Faille et de Saint Siège qui avait visiblement récupéré les "autres"...

Flute...

Au moment de repartir, Mayfair se rendait compte que son bandana porte bonheur, celui qui est toujours attaché à sa ceinture avait disparut...

Mon bandana...mais ?? Un coup du nain ?

L'ambiance devenait encore plus oppressante et pesante, et ils se remirent en route, cette fois Kane devant, portant Mayfair dans son dos, il l'agrippait par ses cuisses et elle se tenait en croisant ses bras au niveau de ses épaules.

Il était courageux et fort, et elle, elle pouvait se reposer un peu en ricanant par moment du petit tour qu'elle avait joué plutôt avec les flèches. Ca aurait été marrant que...

Quelques heures après avoir failli tomber deux fois, se cogner au parois, glisser sur des roches humides, le groupe arrivait à la zone de bivouac et le chevalier vampire reposa sa Sénéchal au sol.

Merci mon brave ! en lui faisant un clin d'œil, lui faisant comprendre qu'elle n'oublierait pas le geste.

Mon Prince, je me propose de prendre le premier tour de garde cette nuit si vous me le permettez ?

Charge au Voïvode de faire le reste du planning maintenant...

Shamy Rajan, se tenait stoïque devant les antiques portes de la Cité de la Faille. Les veines de son torse musclé frémissaient, rappelant la nuit agitée et passionnée passée dans les bras des beautés énigmatiques. Deux crocs avaient laissé leur marque, un stigmate qui brûlait comme une flamme glacée. Son regard perdu sur le lointain, il observait les guerriers et les sages se rassembler pour l’expédition vers la Faille Vernal. Leurs voix se mélangeaient en une cacophonie de peurs et de désirs.

Soudain, son attention fut captée par Avel, un autre membre de l'expédition. Lorsque Shamy et Avel se querellèrent, le choc des personnalités était tel que l’air même semblait vibrer. Des mots aussi aiguisés que des lames étaient échangés, et Shamy, avec l’ardeur d’un guerrier-né, était prêt à tout pour atteindre un lieu paraissant sacré, un lieu dont le nom n'était qu'un murmure dans le vent. Avel, cependant, portait le poids des ans et de la sagesse, plaidant pour une approche plus mesurée, le conseil se rangea derrière lui. Shamy se plierait donc à leur volonté…

Les portes menant à la faille étaient des monolithes de fer et de pierre, ornées de runes ancestrales et gardées par des sentinelles vêtues d'armures sombres, aux yeux qui racontaient des histoires de batailles et de dangers.

Les portes s’entrouvrirent avec un grondement qui semblait émaner des abysses de la terre, et l'odeur de l'ancien monde enveloppa Shamy. Ils commencèrent à descendre, une caravane d'âmes courageuses, dans la gueule de la terre elle-même, où les légendes murmuraient des dangers incommensurables.

La Faille était une cicatrice dans le monde, une tapisserie de roches sombres, de cristaux étincelants et de vents qui portaient des murmures éthérés. Des stalactites pendaient comme des épées de Damoclès au-dessus de leurs têtes tandis que des rivières souterraines murmuraient des secrets.

Shamy était un peu plus loin sur le sentier, lorsque son regard croisa une figure familière. C’était l'ancienne reine, Aelyss, dont les traits semblaient troublés. Elle faisait partie du groupe, elle aussi avait senti l'appel de la faille. Ses yeux étaient creusés par la fatigue et ses mouvements avaient la fébrilité de quelqu’un qui a été poursuivi par des spectres dans ses rêves.

Soudainement, Aelyss glissa sur le rebord du chemin et faillit tomber dans le précipice. Le guerrier vampire réagit avec une rapidité surnaturelle, attrapant son bras et la tirant en arrière. Elle se cogna contre la paroi, et ils échangèrent un regard silencieux de remerciements et de soulagement.

Aelyss semblait avoir besoin de partager un fardeau, et Shamy, qui était souvent un homme de peu de mots, offrit son écoute. Elle parla d’un cauchemar qu'elle avait eu, où sa fille gravait des mots étranges sur les murs d’un château, avec une lame. C'était une vision à la fois enfantine et démoniaque, qui l'avait laissée avec un sentiment d'avertissement divin.

Raconter cela sembla alléger Aelyss, et dans un élan de camaraderie, Shamy posa sa main sur son épaule. « Nous avons tous des fantômes, » murmura-t-il avec un timbre profond. « Mais ici, dans les entrailles de la Terre, peut-être trouverons-nous ce qui apaisera nos âmes tourmentées. »

Ils continuèrent leur descente, Aelyss semblant plus déterminée, et Shamy l’ombre protectrice à ses côtés. Plus tard, lorsqu'ils atteignirent une grotte majestueuse, où les ombres dansaient comme des spectres au gré de la lueur des torches, elle lui confia la perte de son médaillon. Il n'y avait pas de paroles pour consoler une telle perte, mais dans le regard de Shamy, elle vit une promesse silencieuse de veiller sur elle.

Les murs de cette grotte semblaient presque vivants, recouverts de mousses et de lichens anciens. Une petite cascade se frayait un chemin à travers la grotte, l’eau pure et glacée chantait une berceuse de la terre.

Les divers clans commencèrent à faire des discours, mais Shamy, ne trouvait aucune satisfaction dans ces paroles. Ses pensées étaient tournées vers les profondeurs insondables, son âme aspirait à la grandeur et au mystère.

Assis sur un siège de pierre improvisé, il regardait les flammes des torches danser. Les voix de ses compagnons étaient un murmure lointain, et tout ce qu'il pouvait entendre était le battement de son cœur immortel et le chant des profondeurs.

Soudain, dans le tréfond de la caverne, les lumières des torches illuminèrent une fresque ancienne, presque effacée. Elle représentait des guerriers du passé, leurs armes étranges brandies vers un ciel étoilé, entourés de créatures cosmiques semblables à des dieux.

C'était là que les légendes tissaient leur toile avec la réalité, et Shamy Rajan se tenait en leur sein, tel un spectre du passé ressuscité.

Son âme était un brasier ancien, et il sentait la sauvagerie des héros d'antan courir dans ses veines.

Les ombres semblaient s'épaissir autour de lui, l'embrassant dans un voile d'énigmes et de promesses.

Il savait que l'expédition ne faisait que commencer, et que les défis et les révélations qui les attendaient dans la Faille Vernal étaient aussi insondables que les abîmes de la nuit éternelle.

Longinus se réveilla après un horrible cauchemar, encore. Décidément, il avait mangé quelque chose de pas net ces derniers jours. Et ça devenait de pire en pire, le premier rêve avait un minimum de sens, mais voilà que son esprit inventait maintenant des mots ridicules comme "Aphistème".

Heureusement qu'une petite gorgée d'alcool de cactus était là pour le réconforter de bon matin. Si seulement ce trou béant avait pu s'ouvrir près d'Ubar, il aurait pu se saouler à volonté, ou au Saint-Siège pour lui éviter ses précédents jours de marche.

Le calvaire n'était pas fini puisqu'il était temps désormais de s'engouffrer dans la faille, à la recherche de... En fait, il ne savait pas vraiment. Sans prendre le temps d'y réfléchir davantage et rejoint le grand groupe d'expédition. Il écouta d'une oreille les recommandations des habitants et guetta plutôt les vivres à côté de lui, pour découvrir ces peut-être prochains repas.

Une fois sur la route, il réalisa instantanément l'ennui de cette mission. Des cailloux, des cailloux et des cailloux : un trou était un trou et celui-ci avait beau être bien grand, il n'en était pas plus passionnant. Il fallait espérer que le fond cachait bien une quelconque menace.

HawlF proposa aux deux membres du Saint-Siège de le rejoindre à l'arrière pour mieux veiller sur eux, mais Longinus refusa en prétextant vouloir aider un groupe plus en avant. Rester à l'arrière ? Quelle drôle d'idée ! Et si des vers et des squelettes arrivaient dans leurs dos ? Non, être au milieu du groupe, bien à l'abri d'une attaque venant de devant et de derrière, voilà le meilleur endroit pour se reposer et avancer sans crainte.

Cependant, Longinus ne connaissait personne autour de lui et le silence dans lequel s'enfonçait certaines personnes ne lui plaisait pas vraiment. Alors, pour ce faire un nouvel ami, Longinus s'enfila une nouvelle rasade d'eau-de-vie avant de tendre la petite bouteille à son voisin, qui qu'il soit.

- Une petite gorgée ?

Alors que le groupe s’enfonçait, le voïvode Kaevann s’inquiéta de voir la sénéchal Mayfair affaiblie. Lorsqu’elle ne put plus avancer, les vampires échangèrent des regards inquiets. Même s’il était le prince, tous savaient qu’elle était le cerveau de la bande et que malgré leurs redoutables efficacités à tous, il leur fallait un tacticien en dehors de la mêlée pour prendre les bonnes décisions.

C’est le Baron Kane qui proposa sa force au sénéchal et le monarque des ténèbres le remercia d’un hochement de tête approbateur avant que leur groupe ne reprenne la descente dans les entrailles de Terra. Le voïvode fit un signe discret, signal vers la griffe écarlate et la duchesse Faïre se rapprocha de lui :

« Duchesse, la sénéchal a-t-elle été empoisonnée ? » Demanda le prince, son éternelle paranoïa reprenant le dessus tandis qu’il jetait des regards mauvais aux représentants des « races inferieurs » qui l’entouraient.

La duchesse ne répondait jamais trop vite à une question posée, c’était d’ailleurs une de ses plus grandes qualités : elle faisait des déductions plutôt que des spéculations, à la différence du prince, beaucoup plus « démonstratif ». Celle-ci décomposait froidement les faits et cherchait des preuves. Mais il sembla au prince d’Altaïr qu’elle se posait fondamentalement la même question et était déjà en cours d’analyse des hypothèses sur le sujet.

Cependant, la duchesse soupira pour toute réponse à l’heure actuelle et le voïvode, connaissant son manque d’appétence pour les mots, pris cela pour un « aucune preuve pour le moment ». Ce qui eut pour effet de suspendre la paranoïa du voïvode, du moins pour le moment.

Ainsi, le trajet continua, le voïvode profitait de la marche pour détailler la plupart des aventuriers présents. Bien qu’il avait repéré d’autres vampires de bannières différentes que la sienne, mélangés dans des groupes hétéroclites, il avait surtout entraperçu l’une des leur à laquelle il ne s’attendait pas.

Sur cette découverte, le voïvode s’approcha de Dame Nyx qui sembla gênée et s’attendait visiblement à recevoir une réprimande. Après tout, elle était censée être en mission dans le sud certes mais plutôt dans le désert que dans une faille. Cependant, le prince d’Altaïr fut rassuré de la voir car il ne doutait pas que ses multiples talents de survie seraient utiles avant la fin de la quête ou plutôt, de l’enquête.

« Dame Nyx, quel plaisir de vous compter parmi nous dans nos recherches, veuillez rester près de nous, une force étrange semble à l’œuvre ici et nous serons plus efficaces ensembles. » Invita le voïvode afin qu’elle s’intègre à l’escadron des Princes du Nord sans plus essayer de les éviter.

Un peu plus tard, le voïvode se permit un rafraichissement durant le voyage, sa gourde contenait du sang de nain qui eut pour effet de le revigorer pour quelques heures.

La progression se faisait dans un environnement de plus en plus sombre, cela ne gênait pas les vampires qui aimaient naturellement l’obscurité. Cependant, la fin de « journée » arriva et des petits campements furent montés. Les princes du Nord campèrent quelques peu à l’écart, la paranoïa du voïvode ayant encore frappée. Lorsque Mayfair proposa de prendre le premier tour de garde, le prince d’Altaïr refusa la proposition :

« Mayfair, vous devez récupérer des forces pour être lucide au bon moment.

Reposez-vous je vous prie. » expédia-t-il sur un ton étrangement situé entre magnanimité et injonction.

Le prince d’Altaïr se tourna vers les autres :

« Je prends le premier tour de garde avec le Chevalier Andreï.

Duchesse Faïre et Baron Kane vous prendrez le deuxième tour. 

Dame Nyx, pouvez-vous soigner la sénéchal afin d’accélérer sa régénération je vous prie puis je souhaiterai que vous enquêtiez sur les disparitions de matériels qu’il y a eu aujourd’hui. »

Le voïvode profita du début de « soirée » dans la faille pour s’approcher du précipice, curieux malgré lui. Le fond n’était toujours pas visible et aucun écho ne remontait lorsqu’un caillou y dégringolait. Le vampire recommença son analyse des aventuriers présents dans un but beaucoup moins coopératif : lequel d’entre eux ferait le plus de bruit en tombant ?

Son regard se posa sur le chevalier d’or et d’azur engoncé dans une armure de plate complète : Gris. Les princes du nord l’avaient régulièrement combattu dans le nord. Nul doute qu’il ferait du bruit en tombant, tout de métal qu’il était. Mais sa qualité de combattant était reconnue, même parmi les vampires et il pouvait s’avérer utile plus tard en tant que fine lame. D’ailleurs il était aussi reconnu pour ne pas crier en combattant ni même en mourant, ce qui finissait de gâcher le projet du prince d’Altaïr.

Et donc, naturellement, son regard finit par se poser sur le nain. Cette race avait la particularité d’être toujours bruyante. Même en tombant, le voïvode en était sûr : le nain insulterait tout ceux qu’il pouvait durant sa chute libre jusqu’à la mort. Et si un dieu lui accordait la réincarnation, le nain beuglerait surement encore en se réveillant à la pyramide blanche d’ailleurs.

L’idée avait son charme se dit le voïvode en tapotant sa bague sertie d’une pierre précieuse, un saphir noir étoilé, tandis que son regard vorace se posait tour à tour sur le nain et dans le gouffre.

Finalement, le prince d’Altaïr croisa le regard du vampire barbare Shamy, conseiller de la Faille, qui le fixait d’un regard réprobateur, celui-ci lisait surement ses intentions. Après tout, il connaissait l’intolérance des vampires de Démétrius envers les autres races et leurs cruautés face aux différences, souvent prétexte pour assouvir leurs soifs de sang qui ne cache souvent rien de plus que leurs plaisirs de martyriser plus faible qu’eux. En l’occurrence, le voïvode sourit au vampire de la Faille et repoussa son plan morbide à plus tard pour se contenter d’en revenir à sonder les ténèbres du gouffre à la vue. Il était encore trop tôt pour une confrontation directe.

Le prince Kaevann jeta un œil aux vampires des autres clans. Il espérait bien faire des envieux parmi les buveurs de sang et revint vers la cabale du nord tandis qu’il sortait une fiole ouvragée qu’il s’apprêtait à partager entre vampire : un vieux millésime de sang d’elfe.

La nuit a été… agitée. Peu de repos, car elle n’a pas fermé l'œil, mais une satisfaction qui permet à Mastani d’affronter la journée avec plus de sérénité. La dérangeante sensation d’être épiée ne l’a pas quittée de toute la matinée, tandis que les habitants de la Faille rassemblaient le groupe et distribuaient les consignes de dernnière minute ; ni ensuite, quand les émissaires de la Caravane se sont réparti leur chargement avant d’emboîter le pas à leurs guides. Elle marche avec le groupe de tête, Mastani, familière avec les souterrains de Sit’Har, curieuse de découvrir en quoi ceux de la Faille divergent.

L’heure de midi arrive - le groupe s’arrête pour se restaurer et reposer quelque peu les muscles fourbus. Les esprits sont tendus : elle constate plusieurs prises de bec et remontrances, sans vraiment en comprendre l’origine, et là encore Avel et Shamy ont l’air de se disputer à mi-voix. Le nain, en tout cas, semble faire reproche au vampire. Au moment de repartir, elle étire avec une grimace ses courbatures, et reprend la route avec les autres. 

Les ruines qu’ils traversent sont fascinantes, et la matriarche promène le regard dans toutes les directions, pour ne perdre aucun détail. Quand ils auront terminé leur mission - où est-ce qu’on les emmène, d’ailleurs… ? - elle ne manquera pas de solliciter une visite plus détaillée des vestiges. Le soir venu, elle dort presque en marchant et percute de plein fouet le dos de son voisin de devant lorsque le signal de la halte est donné. La caverne est assez vaste, et la nomade installe son couchage un peu à l’écart, pour profiter du calme et pouvoir dormir. Elle dîne à peine, et lorsque Zik et Zven lui font grâce des tours de garde - elle s’est endormie en plein repas - elle s’apprête à aller dormir. Mais… « Mesdames ? Il semblerait que mon peigne ait disparu de mon paquetage. L’une de vous pourrait-elle… ? » Elle aurait bien demandé au sire Bartel, probablement prêt à parer à toutes les urgences capillaires, mais le brave homme n’est pas descendu dans la Faille avec eux. C’est l’ambassadrice Mayfair d’Altaïr qui lui prête le sien, et Mastani se hâte avant de le lui rendre. Qui peut bien lui avoir chipé un objet aussi commun, dénué de valeur ? Le mystère reste entier. 

La sensation d’être épiée ne l’a pas quittée de la journée, et s’est encore renforcée au bivouac. Nerveuse, sans pouvoir l’expliquer, alors que son naturel est plutôt intrépide, elle parcourt du regard les parois de pierre. Rien d’anormal. Rien de suspect. Mais toujours cette obscure démangeaison, dans la nuque… Elle frissonne un instant, et rapproche son sac de couchage de l’endroit où se sont installés les vampires. Eux vont veiller, et eux seront alertes, la nuit… Autant s’en remettre à leur vigilance, et elle se sent plus rassurée à la périphérie de leur protection. 

Antarès s'assit avec Chmojo dans un espace relativement reculé de la caverne, la pénombre illuminée seulement par le halo de Plähäsmma.

La descente était pénible, et le Prieur n'appréciait pas cet assemblage incongru, tous ces orgueils confis dans leur suffisance, soudain réunis dans une cordialité précaire. Une telle unité eût été à son goût s'il avait pu la croire sincère, mais Antarès savait en son cœur que quoi qu'il arrive, quoi que l'on trouve dans cette faille, ces clans, ces races en ressortiraient prêts à en découdre comme toujours.

Il s'adossa à la roche sombre, la tête légèrement penchée en arrière le crâne appuyée à la paroi, plongée dans son amertume. Une vibration se faisait sentir, plus ou moins intense par moment, à peine perceptible, l'activité récente de la Faille donnait l'impression que Terra elle-même murmurait.

Il entendit çà et là des rumeurs de vols, de vols sans intérêt, cela le fit sourire, ils étaient tous fidèles à ce qu'il pensait déjà d'eux, des voleurs, des mécréants, rien que le feu ne saurait résoudre un jour.