La cathédrale noire était particulièrement sombre et propre aujourd’hui. Le jour, ou plutôt la nuit était particulière, en effet, l’évènement qui allait se dérouler n’était autre que la nomination d’un d’une autorité religieuse.

Les vampires étaient en tenue d’apparat et la noblesse d’Altaïr était réuni en ce jour dans le cadre d’une montée en puissance divine. La nuit était maussade et nuageuse, un temps idéal pour les anciens habitants de Démétrius. La lune était pleine et apparaissait par intermittence suivant les cumulus qui passait devant.

Le Voïvode Kaevann était présent, évidement. Il ressentait la puissance de Solweig en ce lieu mais pas que, l’édifice était polythéiste. Ainsi ressentait-il une autre magie, ancienne qui le parcourait : la magie du temps alimentait par le dieu Taps. Les différentes croyances vampiriques étaient réunies ici bien que Solweig, le dieu du cataclysme, prenait plus de place.

Le récipiendaire était le Baron Agendorf, il allait être promu « Marquis Agendorf, Inquisiteur Noir ». Un titre qui lui confèrerait des responsabilités de justice divine, toute relative, évidement. Il aurait accès aux hauteurs de la cathédrale et ses clochers avec tout loisir de les aménager à sa guise. La crypte, aussi lugubre que l’on peut l’imaginer dans une cathédrale noire au milieu d’une cite de vampire ferait également partie de sa propriété. Bien qu’il paraissait qu’un des étages les plus profonds n’était accessible qu’au Voïvode lui-même. Les rumeurs allaient bon train sur ce qu’il pouvait cacher là-dessous, toutes aussi fantasques que romanesques.

Le voïvode détailla l’intérieur de la cathédrale noire, les vitraux chargés d’image de Solweig invoquant un cataclysme, ou encore des fresques représentant des souvenirs des paysages de Démétrius, désolés, rocailleux et mal éclairés par une lumière solaire lointaine, la planète étant située en limite d’écosphère.

L’autel de marbre noire devant lui ouvrait sur un grimoire sombre qui retraçait l’historique des hautes affaires religieuses.

Le nom de l’Inquisiteur Noir allait y être apposé à coté de son sceau, pour le meilleur et surtout pour le pire.

Dans la caserne l'effervescence était palpable. Tous se préparait, non pas à partir en campagne, mais un évènement propre à la cité. Assis derrière son bureau Agendorf regardait devant lui, presque dans le vague. Il allait quitter ce lieu, changer de grade et d'affectation. Il n'avait jamais été des plus sentimental, mais c'était quand même un pincement au cœur, il espérait que son successeur serait digne également.

De la fenêtre les haut clochers de la cathédrale noire se découpaient dans la lumière de la lune, lorsqu'elle était visible entre les nuages. Son nouveau bureau, du haut jusqu'au sous-sol, faire appliquer la loi de Solweig avec l'appuis de sa divinité Libra. Il aurait le droit d'utiliser ce dont il souhaitait pour convertir ou faire avouer les plus récalcitrant. Déjà quelques meubles et accessoires avaient été installé dans la crypte, fermée à clef depuis. D'ailleurs son bureau de la caserne avait été vidé en bonne partie également, il ne restait que les instructions pour son successeur et dans une armoire, sa tenue officiel.

L'heure avançait et le moment approchait. Lentement il se préparait, chaque habit qu'il enlevait était comme son ancienne vie qu'il laissait derrière lui et la tenue qu'il enfilait sa nouvel affectation, qu'il acceptait petit à petit. S'approchant de la fenêtre, un rayon de lune l'éclaira, comme si Solweig approuvait ce choix et le rassurai de sa lumière. Se mettant à genou il baissa la tête, comme pour accepter le choix qui avait été fait. Il resta un moment dans cette position, semblant en discussion interne avec le dieu.

En se relevant il vit dans la cour la garnison en rang, prête à être passée en revue. Mais aussi pour lui souhaiter une bonne continuation dans la suite de sa nomination. Le calme était revenu dans la caserne, tous était dans la cour. Il ferma la porte de son bureau, descendait les marches, lentement, lourdement. En sortant du bâtiment, un dernier cliquetis se fit entendre, tous les soldat se mettant le plus au garde à vous possible. Passant devant les vampires présents, il les observait, pour leur dire aurevoir, pour chercher des soldats dignes de le seconder dans son nouveau rôle, impossible de le dire. Faisant face à tous, il se mit lui aussi au garde à vous.

"Pour Solweig ! Pour Altaïr !"

Et tous répondirent de même, levant leur arme en direction de la lune, visible à ce moment. Et il finir par sortir en direction de la cathédrale, où il allait prendre ses nouvelles fonctions.

Et c’est ainsi que le Voïvode vit arriver le militaire qui venait prendre ses nouvelles fonctions. Le Baron Agendorf affichait, avec la retenue d’un militaire expérimenté, une fierté dans sa démarche même si un soupçon de nostalgie aurait pu poindre dans son regard lorsqu’il passait sur d’anciens compagnons d’arme.

Le Voïvode avait reçu quelques semaines plus tôt une missive qui avait attiré sa curiosité. Maude par trois fois nommée Sainte tendait une main à la Terrasylvanie par la voie de l’inquisition. Cela avait paru déplacé au voïvode pendant plusieurs jours. Jusqu’à ce que finalement il épouse l’idée lui-même pour la retourner : qu’à cela ne tenait, la Terrasylvanie aurait aussi son inquisition. Sa jalousie était en passe d’être assouvie par cette nomination en bonne et due forme de la première pièce de la branche militaire religieuse d’Altaïr.

Le prince Kaevann scruta le Baron Agendorf, ce dernier se verrait confier une première mission sainte : aller à la recherche du Saint-Siège afin d’y faire connaitre les princes du nord comme une puissance religieuse.

« Baron Agendorf, bienvenu à vous, prenez place je vous prie. » Requit le voïvode.

Rentrant dans la cathédrale noire, il ne pu retenir son regard passer de vitrail en vitrail, lui rappelant des paysages de son enfance, enfance qui lui semblait loin à présent. D'autre le plongeait plus dans un avenir plus ou moins proche de destruction, purification des infidèles par le feu purification de Solweig.

La lumière externe semblait devenir plus sombre, se charger d'une énergie étrange par ces vitraux, dans l'air de la cathédrale. Si vous avez déjà eu l'impression d'être écrasé et vous sentir tout petit en entrant dans un bâtiment idoine, ici vos poumons semblait s'écraser dans votre cage thoracique. Solweig semblait présente et s'asseoir sur chaque visiteur pour le scruter et voir si il était digne de pénétrer en ce lieu saint. Cette première impression passé, le vampire se sentit comme soulagé, soulevé. Peut-être que cela était un signe d'approbation, comme si la Déesse le portait pour l'amener à l'autel.

Les regards des autres vampires présent suivait son avancée dans l'allée central, dans le silence ambiant chaque pas semblait venir de partout suite à l'écho produit. Derrière l'autel le Voïvode le regardait avancer, il lui semblait déceler un sourire, chose rare. Arrivé face à l'autel il posa un genou à terre, courbant le dos. Voïvode s'adresse directement à lui, sans dire un mot, humblement il fit le tour de l'autel et alla s'asseoir sur une chaise derrière l'autel, en contrebas.

Le Voïvode vit arriver le vampire pour qui toute cette agitation avait été orchestrée. Il affichait un air fier mais moins serein qu’à l’accoutumé. Ce genre de grande cérémonie restait toujours impressionnante, même pour un vieux militaire.

Les vitraux multicolores de la cathédrale faisaient baigner l’édifice dans différente couleur qui rendait l’ambiance magique. Le voïvode Kaevann fit un discours d’ouverture, louant Solweig ainsi que les autres divinités.

Il était étonnant de voir comment les Princes du Nord avaient pervertis les attributs des dieux pour en faire de sombres et malfaisants dieu-démons. Il insista sur le fait que ses croyances sectaires étaient évidemment la voie la plus pure de Terra et qu’ils étaient les seuls à avoir véritablement compris les véritables pouvoirs du panthéon divin.

Kaevann par exemple, faisait parti de ceux qui priait le dieu Taps, le dieu du temps. En extrapolant il en avait fait le dieu-démon de la ruine, du vieillissement, de la corrosion et du pourrissement.

Yourik représentait un dieu-démon malin, tricheur, envieux et secret tandis que Valdania est une déesse-démone de la haine, de la vengeance et de la sauvagerie.

 Et Libra … représentait Libra.

C’est ainsi que le voïvode finit l’ouverture de la cérémonie et invita le Baron Agendorf à le rejoindre jusqu’à l’estrade.

Le Voïvode déclara la montée en noblesse du chevalier :

« Vous voilà dorénavant Marquis Agendorf »

Mais en réalité, c’était l’autre promotion qui était importante et allait changer sa vie. C’est ainsi que le voïvode refit une tirade sur les dieux en insistant évidement sur Solweig.

Approchant du récipiendaire, le patriarche remis un grimoire en main propre du Marquis Agendorf en signe de passation du savoir religieux :

« Que votre jugement soit absolu et votre sentence terrible, je vous nomme Inquisiteur Noir.

Que Solweig vous maudisse et vous offre la puissance du cataclysme.

Que la croisade noire commence. »

La Sénéchal, bien qu'invitée à cette cérémonie dans la cathédrale noire, se faisait discrète, elle était sur un des balcons, haut, très haut, au dessus même des tubes du puissant orgue du bâtiment. Elle suivait tout cela d'un très mauvais œil. Une fois le cérémonial clôturé par le Prince, elle soupira un grand coup...

Nous sommes fini...pensait elle, le point de non retour était atteint, pour elle, le Voïvode était corrompu par toute cette religion représentée par Agendorf, le nouvel Inquisiteur.

Mayfair n'avait plus vraiment le choix, elle devait trouver le moyen de rencontrer Sainte Maude, et rapidement.

La vampire tournait les talons, descendait les marches, et sorti par la porte de derrière pour quitter le lieu consacré discrètement et se rendre à son bureau.

En tout bon inquisiteur fraichement nommé, la première mission du vampire était d'aller se présenter au Saint Siège, et Mayfair rajouta une ligne et un message pour la papesse, lui demandant de venir en visite d'état à Altaïr en profitant du retour d'Agendorf.

Après tout, tout n'était peut être pas perdu...pas encore du moins.

Il était face à cette assemblée venue pour lui. Jamais il n'avait senti une pression aussi forte, un stress aussi puissant. A choisir il aurait mieux aimé être sur le champs de bataille, il y serait plus à l'aise. Le Voïvode présenta le panthéon des dieux vénéré par les Princes, la véritable face de ceux-ci. La plus puissante également. Mais ça y était, le moment fatidique état venu, son moment.

Montant sur l'estrade il s'inclina face au Voïvode, acceptant son nouveau titre de Marquis. Mais toute cette cérémonie n'était pas là que pour ce titre, un titre encore plus important et capital était sur le point de lui être donné. Le Voïvode repris la parole, le nouveau Marquis lui fit un pas en arrière, ne voulant pas attirer l'attention sur lui.

La nouvelle déclaration portait l'attention particulièrement sur Solweig, de sa puissance destructrice et créatrice. De son rôle capital pour Terra et les Princes. Il était capital qu'une personne s'occupe de son culte et de rétablir la vérité sur elle. Trop de personne avaient été aveuglée par de fausses croyances et trop longtemps. Le Voïvode se tourna vers lui, lui tendant un grimoire, les textes sacrés des Princes. Le voilà receveur de sa nouvelle mission, de sa nouvelle vie et destin. Les phrases accompagnant ce geste étaient on ne peu plus équivoque. Prenant le grimoire une main dessous, l'autre dessus il répondit de manière solennel :

Mes jugements seront les décisions de Solweig

Ma sentence sera à la hauteur de sa puissance.

J'accepte la malédiction de Solweig ainsi que sa puissance cataclysmique.

Mon inquisition noir commence à ce moment

Puis il refit une révérence face au Voïvode, tenant ce livre sacré entre ses mains, ce livre renfermant les vérités cachées aux autre peuple. Il partit s'assoir en arrière plan. Non pas qu'il n'aimait pas la foule, mais il préférait se montrer discret et surtout ne pas être au centre de l'attention d'un grand groupe.

Le Voïvode clôtura la cérémonie public en assenant un nouveau discours fanatique. La foule fut dissipée assez rapidement tandis que le voïvode invita l’inquisiteur à le rejoindre afin de le suivre vers les appartements privés de la cathédrale.

« Vous voici chez vous Inquisiteur. » déclara le voïvode en ouvrant le bras englobant l’ensemble des lieux.

« J’ai un dernier présent, il n’est peut-être pas aussi efficace que la foi, encore que...

Il s’agit d’une arme imprégnée d’une puissante divine. »

Le voïvode sortit un long coffret d’ébène et l’ouvrit pour dévoiler une silhouette d’épée enveloppé dans un fin tissu rouge :

« Voici la lame de lune, imprégnée de la lumière de la lune qui nous provient indirectement de Solweig. Mais ce n’est pas tout : elle est également imprégnée de l’énergie de mort de Libra. »

Le voïvode ouvrit le tissu sur la lame qui émettait une aura blanchâtre et il tendit le coffret au marquis :

« Je ne doute pas que vous en ferez bonne usage. » Dit-il en lui donnant l’artefact sacré.

Le voïvode se dirigea vers la sortie puis s’arrêta :

« Vous disposez également des cryptes de la cathédrale à votre guise, excepté l’étage le plus profond dont je dispose du seul accès, il est confidentiel donc j’apprécierais qu’il n’en soit pas fait mention à tort et à travers.

Je vous souhaite une bonne installation. »

Enfin la cérémonie se terminait, le public commençait à sortir et le Voïvode l'invita à le suivre dans le fond de la cathédrale et lui fit une rapide visite de l'espace privé de celle-ci. Il reconnu ses meubles et affaires personnels qui avaient été amenée plus tôt, de quoi se sentir rapidement chez soi.

Un magnifique coffret lui fut offert par le Prince, il contenait une lame attirant le regard. Non seulement car elle luisait légèrement tel la lune dans le ciel, mais surtout son fil semblait pouvoir couper tout ce qui s'opposait à elle, comme une légère lueur bleue en émanait. La prenant en main, il sentit comme un souffle froid et glacé le parcourir, comme si Solweig le prenait lui en main pour diriger ses actions et un fort apaisement lui rappelant que la mort était le calme et que rien ne servait de s'énerver pour mener les autres à celle-ci.

Il fit tournoyer la lame dans sa main plusieurs fois, elle était légère et semblait couper l'air émettant un léger sifflement. Il la rangea dans son fourreau encore dans le coffret et déposa celui-ci sur son bureau. Le Prince finissait de lui expliquer les zones qu'il pouvait à présent utiliser, mais aussi celle qu'il lui était interdite.

Bien mon Prince, nul ne connaîtra cette zone par mon biais. Je pense que j'ai assez d'espace pour mes activités lié à mon nouveau rang.

Un sourire presque démoniaque se dessina sur son visage. Il accompagna le Voïvode à la sortie et commença à descendre aux cryptes, s'imprégnant de leur aura et des souhait de Solweig pour ces lieux. Il passa de nombreuses heures, seul, à parcourir en long et en large ces pièces. Il ne remonta que pour chercher de quoi écrire et esquisser l'aménagement souhaité. Les charpentiers et forgerons de la cité auront du travail en plus, même si ils étaient bien occuper par les travaux des barricades. Se dirigeant vers les escaliers il se tourna une dernière fois et sourit amplement satisfait de son choix.

Merci Solweig