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Balthy
Entretien avec un vampire
10/04/23 22:27 - #651
Kaevann

Alors que la nuit se levait, affichant une belle lune. Mayfair semblait un peu plus renfermé que les derniers jours. Le Voïvode Kaevann la voyait faire charger des chariots, toujours dans une étonnante discipline propre à son habitude. Le prince qui venait de visiter à nouveau leur temple dédié à Solweig, souillé d’une croyance détournée, hérétiques. Pour autant, la puissance divine se ressentait dans l’édifice et tous les vampires ressentaient une nouvelle magie en eux, une magie qui leur conférait une puissance terrifiante.

En sortant, le prince d’Altaïr vit ce que la Sénéchal orchestrait : un échange commercial avec la Caravane. La Matriarche elle-même était présente. Kaevann saisit l’occasion de cette rencontre pour assouvir sa curiosité sur l’extérieur du monde. Cela faisait plusieurs semaines qu’il n’était pas sorti, pris par les travaux d’infrastructure de la cité.

Apparaissant dans le désert par les portes de l’aube. Le noble alla à la rencontre des étrangers :

« Matriarche, soyez la bienvenue dans la cité des vampires.

Puis-je vous inviter à un déjeuner d’affaire afin que vous me fassiez part des beautés du monde ? » Interpela le prince qui savait mettre la dirigeante dans une posture délicate par une demande aussi directe que soudaine : refuser l’entretien maintenant serait synonyme d’une faute politique.

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11/04/23 02:15 - #655
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Aura

Le voyage est long, et Mastani commence à fatiguer. C’est la sixième journée d’un long trajet, Altaïr est si loin ! Mais un accord doit être respecté, et la matriarche s’est personnellement engagée à livrer elle-même la précieuse marchandise achetée par les Princes du Nord. Par intérêt personnel, certes – elle a toujours un plaisir particulier à discuter avec la très compétente bien que légèrement inquiétante ambassadrice Mayfair – mais également parce que la plupart des explorateurs de la Caravane sont plutôt réticents à l’idée de s’aventurer dans les dunes enneigées qui entourent la citadelle.

 

L’échange se passe bien, encore une transaction rondement menée avec ce peuple visiblement respectueux de la parole donnée, et Mastani obtient même la permission de camper cette nuit sur un chantier à proximité, afin de repartir reposée en toute sécurité le lendemain matin. Elle est en pleine discussion avec l’ambassadrice, aux premières minutes de la nuit, et s’apprête à prendre congé lorsqu’une silhouette inattendue semble apparaître de nulle part.

 

La matriarche a déjà eu l’honneur de rencontrer le souverain de la citadelle, quelques temps auparavant, lors du somment diplomatique organisé par l’ambassadrice Mayfair. Elle s’y était préparée, avec les conseils avisés des vampires de la Caravane, Nillaste et Peutrina. Un ancien pirate, avaient-elles raconté, formidable guerrier, grand défenseur, de la plus noble lignée, un prince de sang comme de cœur. Très respecté par les siens, avare de paroles, et peut-être un peu xénophobe ? C’est avec tout cela à l’esprit que Mastani l’avait rencontré, totalement sérieuse, absolument concentrée. Consciente de l’honneur qui lui était fait d’être admise en la présence d’un tel souverain, elle, la petite humaine insignifiante.

 

Mais là ? Là ? Là, c’était inattendu. Le sang de la matriache s’élance et cavale soudain dans ses veines, et le frisson glacé qui parcourt son dos n’a rien à voir avec la neige qui la transit depuis le coucher du soleil. Un rapide regard un brin affolé à l’ambassadrice ne l’aide pas vraiment : le sourire en coin discrètement esquissé et le léger clin d’œil ensuite lui indiquent simplement que Mayfair s’amuse bien. Oui, c’est bien à l’indigne sauterelle Mastani que s’adresse le tout-puissant seigneur d’Altaïr ; et non, l’ambassadrice ne compte pas lui venir en aide le moins du monde.

 

Elle s’autorise une seconde, la matriarche prise de court, pour fermer étroitement les yeux et inspirer à fond. Déglutir, aussi, pour humecter un peu sa gorge soudain desséchée. Puis elle rouvre les yeux, porte le regard au col de Kaevann – pas plus haut, en signe de respect – et s’incline. Confuse. Honteuse. Mortifiée. Quelle image de la Caravane doit-elle donner ! Elle n’a pas pu laver la sueur de son corps, elle est couverte de sable, de poussière et de terre. Sommairement coiffée, mal fagotée avec ses fripes de voyage élimées. Et pourtant, pas un instant il ne lui vient à l’esprit de refuser – l’instinct qui résonne en elle avec, curieusement, la voix de Nillaste, lui hurle que refuser serait un affront que seul le sang pourrait laver. Et puis… et puis, elle est curieuse, Mastani.

 

« Monseigneur, vous m’honorez bien au-delà ce que mon humble condition mérite. Je crains de me présenter devant vous bien indigne de votre temps et de votre attention, mais je vous répondrai avec sincérité, et vous remercie de l’insigne privilège que vous m’accordez. Les beautés de ce monde pâlissent devant la grandeur de votre œuvre, mais je tâcherai de vous les décrire ! »    

 

Redresse le menton, tu es la matriarche et tu portes la fierté de la Caravane sur tes épaules. Tu peux sourire pour signaler ta gratitude, mais tu ne dois pas croiser son regard, ce serait une offense. Montre-toi humble, car les humains ne sont rien à ses yeux, et s’il t’adresse directement la parole, comprends bien qu’il consent à s’abaisser à ton niveau. La sarabande des conseils reçus de Nillaste et Peutrina tambourine dans l’esprit de Mastani, au rythme de son cœur qui bat la chamade.

Puissent les étoiles l’empêcher de commettre un faux pas !

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11/04/23 22:57 - #674
Kaevann

Le voïvode, sachant que son invitation ne pouvait souffrir d’un refus fit une grimace qui aurait pu être pris pour un sourire, mais celui-ci n’avait rien de chaleureux. Se retournant pour entrer dans la cité, il invita la matriarche à le suivre pour s’engouffrer par les grandes portes de l’aube. Celles-ci auraient pu avoir des allures de porte des enfers pour un non-vampire. La Matriarche aurait pu avoir la présence d’esprit de se faire accompagner mais le prince d’Altaïr pris de court une telle proposition :

« Allons Matriarche, je vous prie de bien vouloir me suivre, ne vous inquiétez pas, vous êtes en sécurité ici. » dévoila-t-il en coupant l’herbe sous le pied d’une quelconque demande d’escorte. C’est ainsi qu’elle fut invitée à s’engager dans la cité des ténèbres à la suite de cet hôte, le plus dangereux de la cité.

 

L’intérieur de la ville, le quartier des âmes pour commencer, dévoila plusieurs monuments à l’aspect lugubres et corrompus. Ils passèrent devant les sources thermales noires : une source alimentait un bassin, crachant une eau opaque et sombre qui remplissait des infrastructures d’une part élégante, d’autre part effrayante, des bouillonnements çà et là associés à des dégagements de fumée laissaient la promesse d’une forte chaleur pour quiconque oseraient s’y baigner. Continuant leur chemin, ils bifurquèrent devant un moulin maudit d’où des craquements sordides raisonnaient cycliquement le long de l’enceinte de la cité. La cadence de la marche était suffisamment rapide pour la matriarche n’ait pas le temps de poser des questions, tout en étant suffisamment lente et protocolaire pour que l’effroi fasse son œuvre au fil des pas, tandis qu’ils s’enfonçaient dans les enfers de la cité des vampires.

 

C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent à changer de quartier en traversant le pont du temps qui enjambait une rivière sombre aux reflets rougeâtres et sanglants. La matriarche fut conduite dans le quartier noir qui dévoila une immense cathédrale noire aux vitraux multicolores accompagnée de ses corbeaux dont les coassements ajoutaient à l’ambiance pesante.

 

Le voïvode s’arrêta devant la cathédrale afin que la matriarche découvre leur dernière œuvre hérétique : les oriflammes du dieu Solweig habillaient le monument religieux. Mais les emblèmes semblaient pervertis par les vampires dans une mascarade odieuse. Il s’agissait cependant d’un des points clés de la visite du voïvode. Celui-ci voulait qu’elle voit leur œuvre, qu’elle l’exporte au déla de la Terrasylvanie aux travers d’histoires et de rumeurs : les princes du nord avaient capturé une partie des pouvoirs de la déesse du soleil. Le prince de sang restait silencieux en laissant la matriarche imprimer cette vision qui devait s’avérait troublante espérait-il.

 

Le haut noble vampire repris sa marche, le duo longea un jardin où d’énormes plantes carnivores donnaient un air de jardin mortel :

« Les dents de la terre. » Déclara le prince en continuant d’avancer sur un nouveau pont, encore plus effrayant que le précédent : le pont des cauchemars. Le fond n’était pas discernable, une brume noire s’y mouvait dans un balai étrange, sans logique de sens d’écoulement ou de gravité. Des ailerons noirs fendaient parfois cette étrange couche de brume, joignant une promesse mortelle à quiconque aurait l’idée de descendre les berges jusqu’à ce fluide damné.

C’est pourtant un quartier plus élégant qui se découvrait devant eux : le quartier des ducs. Il représentait l’élégance dont les vampires étaient capables, de grands manoirs s’alignaient le long des avenues qui baignaient dans une ambiance presque féérique. Des effets magiques bleu et rouge couraient d’un lampadaire à un autre dévoilant une énergie magique envoutante au fil des arcs d’énergie.

 

La marche avait ralenti pour finalement s’arrêter devant un édifice à l’aspect un peu plus accueillant que le reste de la ville qu’ils avaient traversé ensemble :

« Le restaurant « L’Aristocrate ». Je vous en prie Matriarche : après vous. » Adressa le voïvode dévoilant un demi-sourire carnassier tandis qu’ils se trouvaient quasiment au centre de la cité maudite.

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12/04/23 23:01 - #708
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Aura

Viens dans ma toile, dit l’araignée à la mouche. C’est un peu la sensation de Mastani tandis qu’elle s’apprête à emboîter le pas au redoutable souverain. D’un signe de tête ferme, elle indique aux caravaniers menant les chamals de rester au-dehors et de prendre soin du troupeau – inutile d’exposer un autre Marche-sables à un potentiel funeste destin sous une paire de crocs. Et grand bien lui prend : les détails architecturaux qu’elle découvre auraient pu effrayer ses compagnons, plus habités à la sauvage beauté pure des dunes qu’à la majesté de monuments sophistiqués.

 

Et quelle complexité ! Le regard de Mastani virevolte de structure en bâtisse, enregistrant mille rebords, arêtes et circonvolutions étranges. Elle n’y retrouve rien des ors étincelants et des statues imposantes du palais d’Isthar où elle a grandi – non, c’est un style bien plus sombre, bien plus complexe – bien plus torturé. Elle a déjà eu le privilège de visiter les quartiers publics en compagnie du digne sire Agendorf lors du sommet diplomatique organisé par Mayfair, mais là le prince Kaevann l’entraîne dans des endroits qui ne doivent probablement pas être ouverts aux étrangers, à en juger par la topographie des lieux.

 

Étrange sensation. Elle est mal à l’aise, Mastani, toute impressionnée par l’insigne honneur qui lui est fait et la grandeur somptueusement inquiétante de l’endroit. Mais elle est fascinée, aussi, par la promesse de noirceur qui imprègne l’ensemble des bâtiments, comme si les ténèbres environnantes avaient agrippé une part d’elle et lui chuchotaient mille murmures tentateurs. Perturbant, et elle frissonne en avançant à la suite du prince. Lugubre, sinistre et oppressant ; mais la matriarche ne s’effraie pas facilement et s’arme de tout son courage pour faire bonne figure. Elle doit honorer la bonne réputation de la Caravane.

C’est la vue de la cathédrale qui manque finalement de la faire flancher : elle ne craint pas les corbeaux, mais l’espèce de frémissement de mauvais augure qui parcourt tous ses muscles lui donne envie de prendre les jambes à son cou pour retrouver la chaude sérénité des dunes, au lieu de cette citadelle perdue dans les neiges, et qui lui glace tout autant l’âme que la chair.  Une larme – une seule, solitaire et désolée, glisse le long de sa joue hâlée par le soleil du désert. Juste une, alors qu’une étrange tristesse l’envahit. Comme le dernier souffle d’un rêve qui viendrait expirer là, sur les marches désertes. Elle ne prie pas Solweig, pourtant, non – c’est Valdania qu’elle révère, parfois, en hommage à sa mère. Mais il est vrai que la dame du soleil est une amie des nomades, alors… alors, peut-être que le cœur des voyageurs se montre particulièrement sensible à ces symboles bafoués, détournés de leur voie. Un sacrilège, presque – grandiose et décadent, mais ambitieux et éclatant.

Un léger soupir lui échappe, et Mastani essuie cette larme esseulée d’un geste songeur. Si elle sort d’ici en vie, elle tâchera de savoir ce que sa chère Maude pense de tout cela, là-bas au Saint-Siège.

 

Le prince Kaevann parle peu, mais cela ne dérange pas sa compagne de route. Le silence lui permet de recueillir pleinement toutes les impressions que cette étrange visite lui procure, et Mastani se plonge dans sa contemplation, gravant chaque détail dans sa mémoire, bien consciente que peu de mortels ont eu le privilège de contempler cette insensée splendeur dévoyée. Ses questions… elle les posera plutôt à l’ambassadrice Mayfair. Le prince l’a entraînée à sa suite pour l’interroger, il l’a dit – pas l’inverse, et la matriarche se répète la litanie des conseils de sa tutrice afin d’éviter tout faux pas.

Ils finissent par arriver devant un édifice à l’aspect légèrement plus avenant, aux fenêtres éclairées et à la façade dépourvue des détails saugrenus qui font grincer les instincts de la nomade depuis son entrée dans la cité. Un restaurant, dit le prince, et elle incline la tête avec respect. « Je vous remercie, monseigneur. Cette visite restera gravée dans ma mémoire jusqu’à ce que mon âme rejoigne les étoiles. » lui répond-elle. Que ce moment arrive dans longtemps, ou qu'il se produise très prochainement... Son regard ne monte pas plus haut que le menton du souverain, mais elle ne manque pas le sourire prédateur qui accompagne l’invitation. Il pourrait me tuer en un battement de cils, songe-t-elle distraitement. Il la viderait de son sang, d’abord, en quelques lampées, probablement ; puis viendrait le froid, le vrai, et l’oubli. Je me demande quelle sensation cela me ferait… a-t-elle le temps de penser, avant de se secouer mentalement. Sûrement l’effet de cette macabre tournée ! Quelle idée…

 

Inclinant à nouveau la tête devant Kaevann, elle passe la porte pour entrer dans le restaurant. Que va-t-on lui proposer ? En plein cœur de ce qui doit être les quartiers privés de la citadelle, elle doute que la carte soit adaptée aux appétits mortels. Encore une découverte… intéressante. Ou peut-être simplement une autre délicatesse du prince pour évaluer à quel point il peut la déstabiliser ? Enfin, comme si son curieux malaise, mâtiné d’une curiosité très peu saine, n’était pas déjà suffisamment évident…

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14/04/23 18:47 - #738
Kaevann

Entrant dans le restaurant l’Aristocrate, le duo s’arrêta quelques secondes dans le hall d’accueil. Le lumineux intérieur dénoté fortement avec le sombre extérieur. De grands chandeliers propageaient une lumière claire sur des murs de marbre blanc. Le design des lieux était épuré, l’entrée ouvrait vers une salle de réception qui comportait peu de mobilier, de grands rideaux rouges vif ornaient les bords de fenêtres, des tables de marbre blanc parées de somptueuses gravures dorés, des chaises de velours rouges créaient un rappel de la coloration des rideaux. L’ambiance impériale était confirmée par l’uniforme strict des domestiques, pantalon noir de coupe droite, chemise blanche, jabot rouge.

 

En voyant le prince entrer, le personnel ne fut pas surpris outre mesure, un valet l’attendant déjà. L’information de sa venue avait dû arriver il y a quelques minutes, animant un ballet rapide de mise en condition des lieux par le personnel de l’établissement pour préparer la venue du prince et d’un invité de marque. L’édifice était d’ordinaire déjà réservé à une élite vampirique mais la venue du prince créer évidement un petit bouleversement dans les habitudes du restaurant.

 

La matriarche fut invitée à suivre le valet vers un salon privé, dans les hauteurs de l’établissement. Après plusieurs montées d’escaliers, ils arrivèrent dans une pièce dans les mêmes tons que la salle de réception principale de l’établissement dans des proportions plus petites, ils s’approchèrent d’une table de marbre ouvragée plusieurs fois centenaires et pourtant d’une facture restée parfaite.

Une grande fenêtre donnait sur le cœur de la cité : le quartier des ténèbres d’où on distinguait les pics du palais des ténèbres, le lieu de pouvoir du voïvode. Des corbeaux virevoltaient autour des clochers, descendant parfois pour aller se poser en contrebas dans le jardin des dents de la terre. Sans pouvoir s’en échapper la plupart du temps.

Un magnifique lac de sang était visible, balisés de chandelles jaunes qui semblaient danser dans les reflets de la surface. L’obscurité nocturne était suffisamment installée pour que les étoiles scintillent partout dans le ciel. La Terrasylvanie s’étendait à perte de vue au-delà de l’enceinte de la cité. Le temps semblait figé sur cette vision calme de la cité des vampires, malgré le parcours effrayant pour arriver jusqu’ici.

 

Alors que Kaevann invitait la Matriarche à s’assoir en reculant sa chaise, le valet en profita pour annoncer les plats de la maison qui venaient d’être convenablement adaptés à un régime non-vampire pour convenir à cette clientèle étrangère surprise qui s’avérait être une invitée de marque :

« Notre chef étoilé vous propose :

-scorpions grillés en sauce à l’ail noir avec son vin des glaces.

-fricassé de corbeau à la sauce cactus qui sera accompagné d’un prestigieux vin rouge « Château-Cheval-Noir »

-Cervelle des canus servit avec une coupe de « Château-Noir-du-Pape ».

-Forêt noire à la mode Terrasylvanie au « rhum d’Ubar ».

Cela vous convient-il Matriarche ? »

Le prince d’Altaïr s’amusa de l’annonce du menu qui avait des accents comiques tant il était tendancieux sur les coutumes vampiriques sans pour autant intégrer d’ingrédient « saignant ».

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15/04/23 22:33 - #748
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Aura

Tant de clarté, si soudainement ! Le monde s’éclaire abruptement, et Mastani cligne des yeux un instant, déstabilisée après s’être concentrée avec tant de sérieux sur la noirceur d’Altaïr. Le marbre est d’une blancheur resplendissante dans la chaude lumière des chandeliers, et le contraste avec l’écarlate des épais rideaux est somptueux. Les fauteuils semblent bien trop confortables pour les habitudes rustiques de la matriarche, et les quelques employés de l’endroit se mêlent parfaitement au décor, dans leur livrée assortie au mobilier.  Le changement de température et de luminosité l’étourdit un instant, et elle vacille une seconde. Juste un instant, juste le temps de se reprendre. Ses muscles fourbus après sa longue route, et son esprit fatigué d’avoir tant observé et écouté pendant la visite, ont besoin d’un long sommeil réparateur ; mais ce n’est pas le moment de flancher ! Pas alors que le tout-puissant seigneur incontesté d’Altaïr lui fait l’honneur insensé de lui accorder sa complète attention pendant quelques heures.

 

Le ballet du personnel traduit bien l’importance de l’occasion, et un valet tiré à quatre épingles l’invite à le suivre. Plusieurs volées de marches plus tard, et les voilà installés dans une salle plus petite, mais tout aussi richement décorée. Mais c’est le paysage visible par la fenêtre qui attire Mastani : on y aperçoit les hautes tours du palais princier qui s’élancent vers le ciel, des chandelles parsemant les ténèbres, et il se dégage de l’ensemble une sérénité solennelle qui voudrait démentir les oppressants quartiers traversés pour arriver jusqu’ici. Elle est impressionnante, la citadelle des vampires – la matriarche n’en a guère vu que le bureau très neutre de l’ambassadrice Mayfair ; et fugacement, Mastani se demande bien quelles horreurs peuvent se cacher au cœur des ténèbres. Quelle splendeur secrète hante les tréfonds du sombre bastion ? Tout autant de crainte que de curiosité, dans cette simple interrogation. Elle n’est pas certaine de vraiment tenir à le savoir – sûrement peut-elle se contenter d’admirer la grandeur et la majesté des Princes du Nord depuis l’extérieur de leur enceinte ! Si tant est qu’elle ressorte des murailles un jour.

 

Elle est tirée de cette rêverie importune par la galanterie du prince Kaevann, qui l’invite à s’asseoir en lui tenant élégamment sa chaise.

Elle peu habituée à ce qu’on lui tienne sa chaise, Mastani.

En fait elle est peu habituée aux chaises, tout court.

Qu’il s’agisse de s’agenouiller sur un coussin élimé au campement de Sit’har, de s’asseoir en tailleur devant le feu de camp, ou de se percher sur un tabouret, aucun problème, elle le fait avec la gracieuse fluidité des nomades habitués à s’accoutumer de ce qui leur tombe sous la main ; mais une chaise, avec quatre pieds, et un dossier… ! Encore, ça pourrait s’envisager, mais une chaise qu’on lui avance, en plus, c’est vouloir jouer les funambules sans avoir au préalable appris à marcher. Les leçons d’étiquette de ses six ans remontent avec toute la brume de son enfance, et elle parvient à s’asseoir sans choir de son perchoir – mais avec toute l’élégance d’un sac de cailloux. Bon. Un léger mordillement nerveux de sa lèvre inférieure est le seul signe extérieur de sa frustration, mais elle se promet de travailler les interactions avec le mobilier dès qu’elle sera rentrée.

Il doit bien rester une ou deux chaises pas trop branlantes, dans les ruines de l’ancienne cité.

 

Mais d’abord, le menu.

Et… quel menu… ! À sa précédente visite, on avait servi à Mastani des plats typiquement humains et très classiques. Préparés avec grande compétence, mais sans la saveur particulière de la gastronomie nomade. Des repas très convenables, quoi qu’il en soit, et sans aucun risque pour la physiologie mortelle. Là… bon, le scorpion à l’ail, pourquoi pas. La chair doit bien être comestible, sous la carapace, une fois les glandes à venin retirées… Le corbeau, pas de problème, les Marche-sables consomment régulièrement les divers volatiles du désert. La forêt noire au rhum sera probablement un régal. Mais avant ça, la cervelle… brrr. La matriarche n’est pas certaine de vouloir consommer la cervelle de quoi que ce soit. Loin d’être une experte en fromage, qu’il soit blanc ou affiné, elle ne reconnaît pas ce qui lui est proposé et hésite donc, une petite seconde. Cherchait-on à l’intoxiquer ? À la dégoûter ? Ou peut-être à évaluer ses manières et son éducation ? Sûrement.

Et souhaite-elle réellement offenser le prince Kaevenn en doutant ouvertement de la pureté de ses intentions… ?

… Absolument hors de question.

C’est donc avec une légère crispation des mâchoires qu’elle opine du chef. « Ce sera parfait, je vous remercie. J’ai hâte de goûter les spécialités d’Altaïr. » Et tant pis si elle en est malade – elle mangera ce qui lui est proposé, et avec le sourire !

 

Mastani observe le prince prendre place face à elle, de l’autre côté de la table imposante. C’est si formel ! Si un ambassadeur se présente au campement de la Caravane, c’est l’occasion d’une grande fête. Un dîner simple mais copieux, des chants, de la musique. La danse des dunes, sous les étoiles ; un grand rassemblement autour du feu central. Des histoires, des poèmes, de l’alcool, et des rires à en faire tourner la tête. Là… Elle se sent scrutée, dans le moindre de ses gestes, et le prince s’amuse probablement beaucoup de ses réactions.

Tant pis. Elle n’y peut rien : elle a toujours été un livre ouvert. Étonnant pour une diplomate, mais elle a toujours préféré l’honnêteté aux faux-semblants, estimant qu’un pacte a bien plus de poids lorsqu’il repose sur de solides fondements. De creux mensonges ne feraient qu’empoisonner les relations de la Caravane avec Altaïr, aussi se couvrira-t-elle de ridicule avec bonne grâce si cela permet à son peuple d’y gagner de lointains amis.

« Un instant ! » Elle se permet de retenir le valet qui s’apprêtait à sortir. « Pourrez-vous me faire porter un bassin d’eau, je vous prie ? J’aurai besoin de me laver les mains. » Le serviteur acquiesce et s’esquive, tandis qu’elle détaille d’un œil critique le sable et la terre sous ses ongles. Elle est fagotée comme une miséreuse et d’une saleté scandaleuse pour un endroit aussi huppé – mais tant pis, se répète-t-elle à nouveau. Tirer le meilleur de chaque situation, c’est à ça qu’on l’a formée, et elle ne fera pas honte à la Caravane !

 

« Vous me faites un grand honneur, Altesse. J’ai presque l’impression d’être de retour dans la splendeur du palais de mon enfance. » indique-t-elle en souriant, le regard fixé sur le col de son hôte. Qui est certainement suffisamment âgé pour avoir connu Isthar, voire peut-être même avoir visité sa capitale, du temps de sa grandeur, avant sa funeste chute. Peut-être a-t-il même connu Badak et Nari ? Si l’occasion se présente, si elle en a le courage, elle tentera de l’interroger. Qui sait où les secrets de son passé peuvent se cacher ?

Mais il y a une autre question. Un peu préoccupante, un peu fascinante. Certainement très importante.

Que va-t-il bien manger, lui… ?

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17/04/23 00:12 - #767
Kaevann

La matriarche se lava les mains devant un voïvode réjoui malgré lui par ce sursaut de fierté. Le prince fit un signe de tête courtois pour répondre à la matriarche qui lui signalait son ravissement. Le vampire remarqua que la matriarche n’était pas très à l’aise et semblait jetait des regards inquiets à l’assiette de son hôte.

« Oui… mes plats seront légèrement différent des vôtres. » annonça-t-il en laissant planer quelques secondes de silence gênantes pour avouer finalement :

« Veuillez me pardonner : je n’aime pas trop l’ail ! »

 

Le serveur amena les entrées, effectivement sans sauce à l’ail pour le vampire, ainsi que le vin des glaces prévu en accompagnement.

Le monarque des ténèbres, malgré tout son cérémonial, comptait sur la qualité de cette entretien. En effet, peu d’étranger venait jusqu’à Altaïr. D’une part : peu de non-vampires étaient tolérés, d’autres parts, ils avaient rarement la position de matriarche dans leur clan. Il voulait en apprendre plus sur le monde grâce à elle.

Cela faisait des jours qu’ils se concentrait sur l’essor de sa cité, les problèmes internes, les problèmes divins, l’intendance de sa cité en pleine montée en puissance. Bien qu’il déléguait les affaires étrangères à la sénéchal Mayfair, il n’en était pas moins curieux.

 

Les « moissonneurs » comme il appelait les maraudeurs vampires de la Terrasylvanie l’abreuvait de rapport, certain partait d’ailleurs très loin. Mais ils lui décrivaient quasiment tout dans des teintes rouges sang, évidement. Bien que cela comblait la majeure partie du temps les attentes du voïvode, il se demandait ce qu’il y avait au-delà du rouge.

 

Le souverain posa ses yeux sur le lointain, bien plus loin que les flèches de son palais, bien plus loin que l’enceinte de la ville. Loin à l’horizon. Il voyait se monde à travers les cartes, référençait par les coureurs nocturnes, il essayait de comprendre le monde à travers des rapports, des récits, des légendes et des rumeurs qui lui revenait, lui qui était au milieu de la toile d’araignée, tandis que les princes du nord étaient ses fils. Mais il ne voyait pas le monde.  

 

Etrangement, il doutait qu’il l’aimerait, ses dernières décennies ayant fait de lui un xénophobe notable, nostalgique de la planète Démétrius, terre d’origine des vampires avant leur arrivée sur Terra. Le voïvode espérait recréer ce manoir vampirique hors norme dont il se souvenait, gonflait de magie et de mystère. Un sanctuaire pour les enfants de la nuit, un cimetière pour leurs agresseurs.

 

Il aborda ainsi le début de l’entretien :

« Sachez que je suis concentré vers les affaires internes depuis plusieurs lunes or Terra, en dehors, me semblent de plus en plus agitée et intéressante. Vous êtes la matriarche de la caravane, voudriez-vous bien me décrire le monde extérieur ? »

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21/04/23 01:15 - #825
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Aura

La confession du prince tire à Mastani un sourire tout aussi amusé que soulagé. Il se chuchote tant d’horreurs sur le compte des habitants d’Altaïr ! Le grand secret dans lequel ils se tiennent a laissé la possibilité à mille rumeurs de se développer. Dur de démêler le vrai du faux, mais la matriarche enregistre soigneusement tous les détails de ce qu’elle observe : occasion unique, insigne honneur, il ne s’agit pas de rater la moindre information !

La cuisine est d’ailleurs loin d’être désagréable, et la matriarche prend mentalement des notes sommaires pour tenter d’obtenir quelques recettes. Contre un ou deux tonneaux d’hydromel de coco, éventuellement… ? À voir, plus tard, au fil de ses échanges avec la sénéchale Mayfair, une fois qu’elle sera rentrée à Sit’har.

 

C’est en sirotant l’alcool raffiné qu’on lui a servi qu’elle observe discrètement le seigneur de la nuit. Il semble songeur, un peu perdu dans ses pensées, et si elle se retient de croiser son regard, elle discerne toutefois un léger changement dans l’atmosphère de la pièce. Après le badinage initial, voilà venu le temps des choses sérieuses… et la demande qui lui est faite est dantesque. Décrire le monde extérieur ? Mais… par quoi commencer ? Mille détails se bousculent dans l’esprit de Mastani, et elle prend quelques secondes pour réfléchir. Si elle se met à la place d’un noble vampire reclus dans sa citadelle pendant des mois, de quoi aimerait-elle qu’on lui parle en premier ? Du bout des doigts, elle tapote le marbre de la table, le léger cliquetis de ses ongles rythmant sa réflexion tandis qu’elle hoche pensivement la tête.

 

« Il y aurait tant à dire, monseigneur. La Caravane n’a rejoint cette région que très récemment, et nous n’avons pas encore une complète connaissance du monde alentour. Mais votre question est intéressante, et complexe. Il se dit dans ma tribu qu’à chaque question, il y a deux réponses : celle du savant, et celle du poète. La première est la plus simple, aussi vais-je commencer par vous donner cette réponse-là. » D’un geste délicat, Mastani repose sa coupe, croisant les mains devant elle sur la table, le regard baissé. (Pas les coudes ! Ne pose jamais tes coudes sur la table, résonne dans un lointain écho la voix de sa défunte mère, l’infortunée Nari d’Isthar.)  

 

« Le savant vous dirait que le désert est bien vaste, mais que ses habitants ont tous les mêmes préoccupations : survivre, se défendre, conquérir. Pas nécessairement dans cet ordre. Le climat diffère quelque peu, il fait plus froid au nord de la pyramide, et les neiges ne se trouvent qu’ici. Le reste du désert est bien plus chaud. Les dieux sont vénérés différemment selon le clan interrogé. Les peuples sont cloîtrés à l’abri de leurs murailles, et nous n’avons guère croisé entre les dunes que les fils et les filles d’Ubar, qui semblent partager notre penchant pour le voyage. Les villes sont ceintes de murs qui empêchent les visiteurs de s’y aventurer, et tous semblent méfiants des étrangers. Il y a bien peu d’unité entre les peuples et la politique est… désordonnée. Le regard du savant, monseigneur, ne voit en tout cela qu’une certaine… vacuité. » Elle hausse les épaules, écarte les mains, pour signifier son désintérêt pour ces aspects triviaux. Son exposé factuel est froid, clinique, distant, sans la moindre passion – Mastani n’a que peu de goût pour les savantes observations.

 

« La réponse du poète est plus subjective, et bien plus personnelle, car chaque regard observe le monde à sa façon. Souhaitez-vous que je vous livre ma propre vérité, monseigneur ? » demande-t-elle, le regard toujours fixé sur son menton, en tendant la main vers lui, paume offerte dans une invitation silencieuse. Y posera-t-il la sienne ? Ou préférera-t-il s’en abstenir, se contentant d’écouter ses mots au lieu de les ressentir ? Telle est la coutume de la Caravane lorsque l’on raconte une histoire : main dans la main, peau contre peau, le conteur et son auditoire partagent un instant précieux, tandis que la magie du verbe s’incarne entre ceux qui le manient et ceux qui l’écoutent. Si le prince Kaevann désire avoir un aperçu du monde extérieur, ce simple geste romprait probablement nettement ses habitudes. À voir si le redouté maître de la citadelle consentira à toucher la main – propre ! – d’une petite humaine nomade. Si elle ne peut pas le regarder, au moins pourrait-elle lui transmettre autrement les nuances de la réponse qu’elle veut lui offrir.

Et Mastani s’interroge, avec une légère crainte devant sa folle hardiesse, dans le silence qui les enveloppe. De quelle température serait sa peau ? Elle a l’habitude des étreintes de Nillaste qui l’a élevée, et de Peutrina qui lui a enseigné son savoir – elle connaît leur peau réchauffée par le désert, leur pouls serein, la fermeté de leur main quand leurs doigts s’entrelacent au fil d’une histoire. Mais ici, au cœur des ténèbres, dans le bastion des vampires environné de neige, leur peau est-elle froide ?

Plus important, se dit-elle avec une certaine appréhension : devra-t-elle expier de sa vie l’audace de cette simple proposition ?

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03/05/23 16:07 - #1057
Kaevann

Le Voïvode sirotait les vins du repas en écoutant la matriarche qui semblait avoir repris de l’assurance face à ce sujet qui lui parlait assurément. Pour autant, elle désarçonna son hôte par une entreprise à laquelle il ne s’était pas attendu.

 

Le silence dura tandis que le voïvode hésitait sur la marche à suivre : saisir cette main ou la couper ? La curiosité l’emporta finalement sur la prudence et il en vint à avancer sa main pour la poser sur celle de l’humaine dont le contraste de température se fit sentir. Le vampire avait la main froide, sa température corporelle plus basse que celle d’un corps humain. Réduire sa distance physique fit tressaillir l’un des serveurs qui se demanda s’il devait protéger son suzerain mais le voïvode lui lança un regard qui le cloua sur place.

« Je me vois comme un survivant, c’est peut-être d’ailleurs la définition la plus simple d’un vampire, un être qui a surmonté la mort. Pour autant Matriarche, je suis un artiste et un magicien, évidemment, la version du poète m’intéresse. »

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07/05/23 23:44 - #1100
Mayfair

Tout se précipitait, la situation du désert était instable, les rapports de Terrasylvanie étaient fort bien remplies, et surtout cet évènement, véritable épreuve pour Mayfair approchait rapidement.

Voila déjà un moment que Voïvode Kaevann et la Matriarche Mastani étaient en rendez-vous privé, et la Sénéchal devait reprendre quelques affaires urgente et son temps était compté.

Elle envoyait donc un messager à la table du Prince avec une note pour le maître d'Altaïr, message relatant les nombreuses incursions de plus en plus nombreuses d'habitants de la citée de Polaris sur le territoire vampire, et leurs neutralisations. Et également un billet pour la Marche-sable présente.

l'Estafette

Mon Maître, un rapport urgent des services intérieurs.

l'Estafette

Matriarche celui ci est pour vous.

Tant pis pour le porteur de missive qui risquait sa vie en dérangeant le Prince, mais l'objectif était la, le message était passé...

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08/05/23 15:46 - #1104
  • Vampires
  • Femme
  • Solweig
  • La Caravane
Aura

Quelques secondes passent, le temps de quelques battements de cœur dans une éternité suspendue, et Mastani se sent osciller sur le fil du destin. D’un geste si anodin peuvent dépendre les relations futures entre ces deux peuples si dissemblables, et la voix de la raison lui murmure qu’elle a eu tort de taquiner sa chance. Si le Voïvode décide d’être offensé, s’il choisit de la faire couper, cette main si hardie, il y a fort à parier que la Caravane ne vivra pas très bien la mutilation de sa matriarche ; et distraitement la bohémienne songe qu’à sa mère aussi, on avait amputé un membre. Avec le résultat que l’on sait, et la chute fatale de la principauté. Est-ce la perte de la Caravane qui se dessine en filigrane dans la paume de sa main tendue ? Elle sent l’hésitation dans l’immobilité du tout-puissant souverain ; et lui, sans doute, devine la crainte dont est tissé son courage. 

Puis la roue du temps reprend son cours.


Il a la peau froide. 

Bien plus que celle de Nillaste, que celle de Peutrina, caressées par le soleil entre les dunes. La peau de Kaevann a la distante froideur des étoiles qui veillent si loin la nuit, le calme glacial d’un intellect puissant et d’une logique sereine. Mais il se dit artiste, il se dit magicien, et elle le pressent curieux de lever un coin du voile qui sépare les vampires d’Altaïr des existences mortelles. Elle ne tressaille qu’un instant, l’esquisse d’un sourire retroussant imperceptiblement le coin de ses lèvres. Les serviteurs autour d’eux la déconcentrent, et Mastani ferme les yeux pour s’isoler dans son récit, détend ses épaules et relève son menton, étendant l’autre main pour enserrer délicatement celle du vampire entre les siennes. À travers ses paupières fermées, elle devine la lueur des flammes, et s’imagine être de retour à Sit’har, au campement capital de son clan, à raconter le récit de ses voyages à ses compagnons. 

Inspiration. Expiration. Un hochement de tête machinal, tandis qu’elle rassemble ses pensées.


« Le poète vous dirait que les mots ne suffisent pas à décrire ce que l’esprit ne peut appréhender dans sa totalité. Le désert qui s’étend au-delà de vos neiges semble éternel aux yeux des mortels, et il y a sans cesse une découverte cachée derrière la prochaine dune. Elles dissimulent autant de rêves fous que de terribles infortunes - la vie dans le désert est tout autant faite d’insigne grandeur que de triviales terreurs. »

Par quoi commencer ? Comment trouver les mots justes pour tout lui décrire ?

« Si j’étais le poète, monseigneur, je vous raconterais combien l’enfant perdue, puis la femme que je suis devenue, continue à s’émerveiller chaque jour devant les mystères de Terra, et qu’elle porte chevillée au coeur la mémoire des splendeurs qui ont façonné ses rêves et ses espoirs. Voyez-vous, Votre Grâce… » Machinalement, d’un pouce songeur, elle caresse légèrement le dos de la main si froide qu’elle tient entre les siennes, comme elle le fait pour les enfants fascinés par ses histoires. « … Le désert reste le même, et pourtant, à chaque réveil, tout est différent. Les vents sauvages qui sculptent les dunes nous portent des senteurs nouvelles, des sons lointains, mille promesses éphémères ! Et nous qui n’avons rien, juste nos vies pour unique bagage et l’horizon pour seule maison… le poète vous dirait que nous sommes bien plus riches, bien plus sages, que les plus nobles résidents des cités qui parsèment la mer des sables. » 


Son ton se fait songeur, et elle continue, à mi-voix, comme un secret dévoilé en confidence. « Le poète vous dirait que la rigueur du désert peut sembler cruelle, mais que la beauté sauvage des dunes vaut bien toutes nos peines, et toutes nos larmes. Nous avons pour nous la chaleur du désert au creux de nos veines, et nous ne craignons pas d’arpenter la voie des armes. La vie en dehors de vos murailles, seigneur, marque les corps et les âmes ; mais ce sont ces cicatrices qui nous permettent de profiter pleinement de tout ce que nous offrent les dieux. C’est dans le dénuement que la vie devient vraiment un présent, et nous l’honorons sans aucune restriction, passionnément. Nous avons si peu, Votre Grâce, mais nous sommes bien plus heureux que tous ceux retranchés derrière leurs remparts. Nous avons la liberté, l’infini à explorer, la magie de nos histoires… et l’intensité de nos émotions, la sincérité de nos sentiments, ont une valeur bien plus précieuse que les ors les plus éclatants. Quand la nuit tombe sur nos campements, que les étoiles s’allument au firmament et que nous abandonnons nos corps à la danse… nous devenons tout autant le musicien que la partition, à la fois l’artiste et la chanson, et il n’y a plus de limite à ce que nous partageons.  Le poète vous dirait que nous sommes privilégiés, monseigneur, de savoir réellement aimer à mort. »


Ses mains tremblent un peu tant l’émotion est forte, tant Mastani s’est perdue dans les tréfonds de son être, aux racines mêmes de ce qui l’a faite. C’est qu’elle aime tant son peuple ! Chacun de ses Marche-sables, la moindre parcelle des principes fondateurs de la Caravane, qu’elle mourrait sans regret si cela devait les préserver. Elle tente rarement d’expliquer aux peuples sédentaires la symphonie barbare de sa vie au bonheur si simple qu’il devrait être évident - beaucoup ne peuvent admettre que l’affolante liberté des nomades vaut bien quelques contrariétés passagères. Mais elle n’a pas le temps d’aller plus loin - il y a du mouvement, autour d’eux, et elle sursaute, brutalement tirée de sa rêverie. Elle ouvre les yeux sur l’entrée d’un autre domestique - le temps a -t-il tant filé qu’elle a abusé de l’insigne privilège qui lui a été accordé ? Ses doigts s’écartent et elle lâche soudain la main qu’elle a réchauffée entre les siennes - avec la hâte presque coupable d’une enfant qu’on aurait prise en faute. 

Et une pointe de regret que cet instant particulier soit déjà terminé.


Elle saisit le pli apporté par l’estafette, remerciant d’un signe de tête le messager ; avant de lire rapidement les quelques lignes écrites de la main de Mayfair. Et c’est le rouge aux joues, un peu honteuse de s’être beaucoup trop livrée, qu’elle reporte son attention sur le Voïvode. À peu près à hauteur de son nez. « Je vous présente mes excuses, je parle trop et je gaspille votre temps précieux. Je vous remercie de votre patience, et de m’avoir écoutée. J’ai rarement l’occasion de mettre des mots sur l’affection que je porte aux miens, ni de décrire le bonheur qui m’a été accordé. J’espère qu’un jour, vous voudrez bien en retour me parler de vos liens avec le peuple d’Altaïr. Pour le moment, votre sénéchale me demande auprès d'elle. Me permettez-vous de la rejoindre, si vos obligations vous appellent ? » 


Pensivement, elle resserre les doigts de sa main libre. 

Le froid s’est envolé.

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08/05/23 23:22 - #1108
Kaevann

Le Voïvode écouta la voix du poète, un froncement de sourcil se fit de plus en plus sévère au fur et a mesure de l’explication de la Matriarche. Comment pouvait-il comprendre un discours sur la liberté, lui qui était rongé par la paranoïa, la mégalomanie, la haine des rayons du soleil. Sa cité des ténèbres, bâti dans pierre après pierre, sang après sang.

 

Le Voïvode regarda par la fenêtre, son jardin de plante carnivores, paradoxalement, cette serre serait dévorée par le sable, par la sècheresse, le désert emporte tout. Ce maudit soleil ne laisse aucune chance à la vie.

 

Il tourna son regard bascula sur la cathédrale noire, le plus bel ouvrage des princes du nord. Quelle beauté, quel monument grandiose, aux vitraux colorés, toute dédié aux dieux. N’était-ce pas un endroit qui les rapprochait des divinités.

 

Il regarda son assiette, son vin, la pièce somptueuse, qu’il aimait cette vue, cette sensation de protection et de propriété. Manger chaud, raffiné, sur une splendide table en marbre.

 

Son regard se perdit finalement sur son palais des ténèbres, le cœur de la capitale d’Altaïr. Ses murs, ses tours, son donjon, sa noirceur désagréable et effrayante qu’il admirait d’ici.

 

Au loin, ses yeux remontèrent vers le désert et même s’il s’agissait de la Terrasylvanie, le domaine des princes du nord, il détestait ce monde. Lui rappelant Demetrius par bien des aspects : une terre désolée, ou la nourriture était rare, des monstres mort-vivants rôdant entre les dunes. Et ce maudit soleil…

 

Le Voïvode avait été un pirate d’Ubar, et bien que cette vie d’aventure l’avait grisé et lui avait appris une vie plus rude que cette d’un jeune prince d’une grande dynastie de Démétrius, il avait eu besoin de plus de sécurité, de plus de racines.

 

Le Prince d’Altaïr soupira quelque peu, il s’était peut-être attendu à mieux comme poésie, il s’agissait finalement d’un art de vivre qu’il ne comprenait pas.

Pour autant « aimer à mort » était bien quelques choses que les vampires comprenaient, eux qui sont capables de vivre éternellement peuvent passer plusieurs siècles au milieu d’une passion dévorante. Pour autant, les vampires se montraient avant tout calculateur, ambitieux et égoïste dans leur passion, ce qui était exactement le cas de Kaevann.

 

Le voïvode regarda cette humaine d’une trentaine d’année, que savait-elle de l’infini à explorer, de la magie des histoires, lui qui avait déjà vécu 120 ans dont une majorité sur une autre planète. Lui qui avait assez d’histoires cauchemardesques à raconter pendant le temps d’une vie humaine, par exemple l’histoire de Shamy Rajan, La Lame Insoumise.

 

Alors que le Voïvode sentait une rage monter en lui suite au discours de la matriarche, les missives de la sénéchal Mayfair coupèrent court à tout emportement. Le Prince ouvrit le rapport qui lui était destiné. Il hésitait entre punir Mayfair ou la récompenser d’interrompre son repas pour des rapports qu’ils auraient pu lire une heure plus tard. La missive destinée à la matriarche semblait tout autre car celle-ci demanda à prendre congé avant même le voïvode.

 

L’étiquette voulait que le voïvode décide de la fin du repas sans qu’on ne lui demande. Mais cette faute dans le protocole tournait à l’avantage du prince vampire qui en avait assez entendu :

« Matriarche, je vais vous faire accompagner jusqu’au manoir de la Sénéchal. Veuillez lui transmettre tout mon malheur. » déclara le Voïvode.

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