
La grande nasse s'était refermée et les envahisseur de la grotesque coalition étaient, une fois encore, pris à l'intérieur. Ce spectacle était devenu terriblement familier aux habitants de la grande Ubar mais gardait tout son charme, comme un conte du bon vieux temps. Il y avait quelque chose de profondément rassurant à savoir qu'ils étaient au sommet de leur art et que leur ville, elle même, se défendait contre les outrages de ceux qui avaient désiré l'envahir. Ses boyaux labyrinthiques, ses vigies hasardeuses, ses réseaux de tunnel, pour ses défenseurs comme pour ses assaillants elle semblait vivante, dotée d'une volonté propre. Les uns la pensaient espiègle, les autres, carrément malicieuse.
Mais toute chose doit avoir une fin, et le chasseur magnanime doit parfois jouer du gourdin pour soulager la proie de ses collets. Les pirates devraient jouer du cimeterre pour soulager les proies des leurs.
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Ces considérations hâtives furent interrompus, comme c'est souvent le cas, par le vieux Byurus qui entretenait depuis plusieurs jours une relation épistolaire avec l'un des membres de la coalition (du moins aussi épistolaire que peut l'être une relation vécu à une centaine de mètre).
Ce mystérieux correspondant n'était autre que le général Kane. Un commandant avisé et favoris du prince lui même, bien formé à l'école de la guerre l'Altair, la descendante directe de celle d'Ubar.
Les défenseurs s'étaient questionnés plusieurs fois sur son implication dans l'attaque de la ville. Qu'un troglodyte au crâne plat comme Rajan puisse orchestrer si mal une attaque ? C'était une évidence. Qu'un aliéné babillant comme le prieur Antarès puisse faire de même ? Tout naturel.
Mais qu'un homme de la qualité du général fasse de même ? Qu'il refuse toute tactique et tout bon raisonnement de la sorte ? Qu'il ne réalise aucun pourparlers ? C'était à ni rien comprendre.
Ces courriers que le pontife de Valdania sortait aujourd'hui feraient la preuve qu'il existait au moins un homme dans l'armée d'en face qui soit capable de respirer par le nez sans s'étouffer.
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Les lettres dressaient un portrait grotesque, mais réaliste, de l'armée adverse. La crasse indiscipline que les gens aiment à attribuer à Ubar avait toujours été endémique de ses adversaire et la coalition ne faisait pas exception à la règle.
Des troupiers désorganisés, désobéissants, capricieux, quoi de plus compréhensible que le désespoir du général ? Quoi de plus sage de sa part que de laisser derrière les parasites qui avait décidé de s'accrocher à lui ? Il n'est pire fou que celui qui voit de la couardise dans la prudence.
Il fut donc décidé que ce général était un "gars bien" et même un "sacré cador" de reconnaitre ainsi, tant la bêtise de ses anciens alliés, que la valeur de ses adversaire. On déclara même que c'était finalement "presque un ubarite" et qu'on boirait à sa santé. Plus concrètement, il fut décrété qu'on lui ouvrirait la porte de la nasse et qu'il pourrait rentrer à Altair avec tous les honneurs qu'il méritait, et que celà ne rendrait que plus ridicule la défaite du reste de la coalition.
Tout est bien qui fini bien.
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