Dans le silence assourdissant du désert, Shamy Rajan, la Lame de la Faille, commença son ascension. Le chemin sinueux qui menait au sommet de la crête était balisé par des stèles de pierre, des sentinelles muettes guidant son chemin dans l'obscurité croissante. Il sentait sous ses mains rugueuses la froideur du roc, témoignage silencieux de l'implacable passage du temps.

Sa silhouette se découpait avec netteté contre le ciel qui s'assombrissait, son manteau de cuir battant au vent comme les ailes d'un grand oiseau de proie. L'escalade était difficile, chaque pas l'obligeant à s'enfoncer un peu plus dans ses réserves de force. Mais il avançait inlassablement, mu par une détermination inébranlable.

Tout autour de lui, le vent sifflait, traçant des arabesques de sable dans l'air, dessinant des ombres éphémères sur le sol. Là-haut, la solitude était totale, seule le ciel comme unique témoin de son ascension solitaire.

A chaque prise, à chaque pas, les pensées de Shamy se tournaient vers ceux qu'il avait laissés en bas, dans la cité en éveil. La peur, l'incertitude, l'espoir... Toutes ces émotions qui se mêlaient et s'entrechoquaient au sein de la cité lui donnaient l'énergie nécessaire pour poursuivre son ascension.

Lorsqu'il arriva finalement au sommet, l'air était nettement plus frais, la brise plus mordante. Il se tenait là contre le firmament, les muscles endoloris par l'effort, la respiration haletante. Lentement, il tourna son regard vers la cité qui s'étendait en contrebas. Les derniers rayons du soleil coloraient les murs d'une teinte mélancolique, les ombres projetées dessinant dans le sable des promesses d'un avenir meilleur.

Il se tenait droit et fier, surplombant l'étendue de la cité nouvellement formée. Un sentiment de fierté faisait battre son cœur endurci par le combat, un réchauffement bienvenu qui contrastait avec la froideur du désert nocturne. Chaque pierre, chaque tuile, chaque ruelle sinueuse racontait une histoire d'efforts partagés, une mélodie de persévérance portée par des voix diverses, des vagabonds du désert aux exilés d'Istharie.

Dans le silence du crépuscule, l'image de la déesse Libra se forma dans son esprit. Elle, la déesse des morts à la robe constellée, l'avait guidé jusqu'ici, le menant sur un chemin invisible tracé dans le sable doré. Il avait suivi sans poser de questions, chaque pas le rapprochant d'un nouveau défi, chaque avancée le menant vers une épreuve à surmonter.

Les souvenirs du bal des vampires d'Altaïr s'invitaient dans ses pensées. Il se souvenait de la douceur de la soie, des ombres mouvantes, des sourires enjôleurs qui dissimulaient des crocs aiguisés.

Des images de joie se mêlaient à des visions d'horreur lors d'une nuit passé avec les nomades de la caravane, des souvenirs de danse et de rires interrompus par la terreur d'une attaque de morts-vivants.

Son esprit vagabondait aussi vers la cité de Polaris, cette cité de lumière ravagée par les vampires et les pirates d'Ubar, un lieu dont il n'avait entendu parler que dans les murmures des voyageurs.

La destruction récente de l'Ordre du Feu Secret, consumé par l'impitoyable coalition du Saint-Siège et des pirates d'Ubar, hantait également son esprit. Les images de flammes dévorantes, de ruines fumantes, de cris agonisants... tout cela était trop proche, beaucoup trop proche.

Et toujours, ces pirates d'Ubar, semant la dévastation et le chaos partout où ils passaient…

Shamy se tournait maintenant vers l'immensité du désert, là où le vent entonnait son chant éternel.

Les tambours de guerre risquaient de sonner bientôt, apportant le tumulte et la destruction à leurs portes. Mais ils étaient prêts. Ils défendraient chaque grain de sable, chaque pierre, chaque foyer de leur précieuse cité.

Car c'était leur sanctuaire, leur espoir, leur avenir, leur liberté. Pour tout cela, il était prêt à affronter tout ce que le destin lui réservait.

La flamme de détermination dans ses yeux reflétait son engagement, comme le soleil couchant se reflétait sur les silhouettes de la cité de la Faille. Une cité bâtie sur le sable, mais dont le courage et l'unité étaient aussi indestructibles que le roc. Il pencha la tête regardant les ombres circuler dans la jeune citée.

Shamy ne serait pas seul dans cette lutte. A ses côtés, il avait rassemblé une troupe hétéroclite de compagnons, tous prêts à défendre la Faille jusqu'à leur dernier souffle.

Il y avait Avel Egerzhour, le nain robuste à la barbe bien entretenue. Son esprit vif et sa connaissance des intrigues politiques en faisaient un diplomate hors pair. Son sens aigu de l'orientation leur avait permis de traverser le désert sans se perdre, malgré ses caprices incessants.

Asmirov, l'assassin silencieux, dont l'esprit tranchant comme un rasoir était un atout stratégique. Ses tactiques étaient aussi fatales que son poignard, et il ne reculait devant aucun défi.

D'autres étaient venus par la suite, chacun apportant ses talents uniques à la cité.

Boopy, le sourcier espiègle, dont l'humour tranchant et l'énergie inépuisable amenaient de la lumière même dans les moments les plus sombres.

Zasfree, l'érudit, qui trouvait de la sagesse dans chaque grain de sable, chaque souffle de vent du désert.

Deconan, le guerrier nain amnésique, armé d'une volonté inébranlable et d'un fidèle compagnon nommé Darkken.

Ludmila, la mage aux cheveux flamboyants et à la magie élémentaire de l'eau, était une contradiction fascinante, un feu qui brûlait dans le désert mais qui puisait sa puissance dans l'élément opposé.

Druss, un géant parmi les hommes, portait sa hache Snaga avec fierté, rêvant d'arbres verdoyants dans l'aridité du désert.

Et puis il y avait Gobeletmusique17, lui euh... un nain.

Tous ces compagnons étaient prêts à faire face à l'avenir, à affronter les tempêtes que le désert leur lancerait. Ils étaient prêts à se battre, à défendre la Faille, à construire un futur ensemble.

Car malgré leur passé varié, malgré leurs différences, ils étaient unis par une même cause, un même rêve : celui d'une cité dans le désert, d'une lueur d'espoir dans un monde impitoyable.

C'était cette unité qui les rendait forts, qui faisait d'eux plus que la somme de leurs parties.

C'était cette unité qui les conduirait vers leur destin, quelles que soient les épreuves qu'ils auraient à affronter...