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Balthy
Une chronique de Polaris - Le sable et la faux
23/05/23 21:26 - #1372
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Racoon
HRP

Si nous nous sommes croisés en jeu, n'hésitez pas à intervenir en Roleplay, sinon en HRP si c'est en-dehors du récit ;) Les événements racontés ici font suite à l'assaut sanglant de Polaris, par une coalition d'Ubar et des Princes du nord, le 75è jour de Terra. Le personnage a déjà vaguement fait parler de lui, mais de façon très secondaire dans

- Polaris - L'Étoile du Nord

- Des mineurs opportunistes

À notre prochaine rencontre, pirates et vampires ! Gloire au peuple de Polaris, défait mais non vaincu.

Lundi noir.


Soudain une grande lumière.

Racoon ouvrit les yeux. Il mit un long moment à comprendre où il était, et dans quelle position il reposait. Allongé, sur le côté, dans une lumière crue qu’il connaissait bien : la Pyramide blanche.

Alors Polaris avait été prise. Il mit un moment à se rappeler cette existence-là. Des éclats de violence lui revinrent par saccades, à chaque fois qu’il fermait les yeux, l’image se précisait. Une armée de parias réunie par miracle par des vampires précieux aux titres ronflants, ombrageux mais aguerris.


Les jours précédents, il se rappelait vaguement avoir alerté sur la recrudescence de pirates dans les environs de la Cité. Le conseil prenait en fait la situation très au sérieux : des patrouilles étaient sur le point d’être organisées pour surveiller les abords de la cité, impressionnante mais encore fragile, puisque nul ne pouvait poser un pied à quelques lieues sans rencontrer un ennemi qui frappait gratuitement. Chaque jour, un meurtre signé Ubar aux environs de Polaris. L’Étoile du Nord était menacée, et ces escarmouches ressemblaient plutôt au harcèlement qui précède un assaut d’ampleur.


La veille, Racoon avait fini par s’endormir sur les marches de la Capitale, épuisé par cette période d’intenses constructions et de récoltes. Il dormait du sommeil du juste, son capuchon rabattu, et sa faux posée sur le côté. Tout semblait paisible.


Juste avant minuit pourtant, des sons tonitruants se firent entendre à l’est, comme le confirmeraient les quelques survivants. Des notes fausses, des instruments mal maîtrisés, un goût certain pour le désordre : les pirates d’Ubar étaient là, et en nombre. C’était l’assaut tant redouté, mais la Cité dormait.


Les portes furent enfoncées en quelques instants, et dans un vacarme de cliquetis, de guerriers avinés qui trébuchent et qui grognent, l’ennemi entra avec fracas. La première ligne de portes abattue, déjà la Capitale était en vue de l’assaillant. Le fermier Racoon, elfe de son état, était habituellement vif pour la contre-attaque et parvenait à surprendre ses adversaires jadis, mais pas cette fois.


Il émergeait à peine d’un cauchemar où deux statues de Solweig étaient piétinées par une horde : des pirates massacraient les fines sculptures d’albâtre tandis qu’au loin, leurs Maîtres vampires admiraient le saccage, sans même cesser de louer la même divinité... On avait déjà vu ce genre de scène absurde dans bien des temps cruels. En réalité Polaris avait, par sa prospérité et par la beauté de ses constructions, attisé l’envie d’un grand nombre de guerriers désœuvrés. Ayant fait plier la moitié de Terra sous le poids de leur « protection » à la fiabilité douteuse, ils s’ennuyaient. De son côté, la Terrasylvanie émettait depuis toujours des missives acerbes et anti-polaréennes, dans lesquelles elle prétendait que même le pied des murs de Polaris était déjà trop près de leur cathédrale noire, où l’on faisait mine de prier une Solweig dévoyée. Solweig dont la lumière faisait pourtant brûler la peau du Voïvode, qu’il ne dévoilait jamais en public, et probablement pas davantage à sa sénéchale, discrète mais fine stratège. L’attrait des pirates pour le pillage était donc une aubaine, et le moindre prétexte d’un vampire surpris sur le territoire polaréen devait être saisi. En réalité, nulle raison valable autre que la guerre et le pillage, le besoin de dominer et de satisfaire une forte envie d’en découdre.


Polaris avec ses murailles et son temple ouvert, son organisation méthodique et démocratique, était donc une insulte à toutes sortes d’individualismes ou d’autocraties, et ne pouvait que provoquer leur union de circonstance.

Polaris et son chef Yanemir respectaient leurs voisins, aucun citoyen ne parcourait les sables vampiriques, même si la version terrasylvanienne était celle d’une menace permanente. Il fallait bien trouver un adversaire, quitte à grossir le trait.


Et cette nuit-là dans la ville endormie, des torches étaient brandies à tous les carrefours, des épées courbes tranchaient au hasard des rues, et les sentinelles épuisées par le labeur n’avaient pas même pu donner l’alerte.


Racoon eut à peine le réflexe de saisir sa précieuse faux que déjà, une troupe d’ombres vociférantes l’avaient repéré et fonçaient vers lui. Au loin, des vampires avançaient furtivement, dans un silence étrange, achevant sans peine les blessés dans leur lit. Les assaillants pirates quant à eux hurlaient à des polaréens déjà morts que la cité était faible et mal conçue, sans même comprendre que ses murs formaient le S d’une divinité qui leur offrait leurs jours. L’art ne pouvait que leur échapper.


Racoon reconnut immédiatement Ortanko le pirate, qui, dès la première marche de la capitale, trébucha et parvint pourtant à lui asséner un coup avant de rouler sur le côté, car l’attente du pillage l’avait rendu très fébrile.


Puis un vampire bardé d’acier qu’il n’avait jamais vu (on lui dirait plus tard qu’il s’agissait de Roderik) engagea immédiatement le combat avec Racoon, et lui ne comptait pas ses coups. Malgré trois contre-attaques, Racoon reçut trois puissantes estocades qui le mirent à genoux, tandis que deux autres vampires indissociables, Kane et Mando, le lacéraient avec joie entre deux coups portés par leur frère de sang. La vue de Racoon se troublait, il allait tomber en avant, quand il sentit derrière lui une présence familière. Une puissante odeur de rhum trafiqué et d’ammoniaque, comme une vieille laine imbibée de miction dans un hospice… Il n’en connaissait qu’un pouvant ainsi se faire remarquer olfactivement : le fielleux mendiant des premiers jours de Polaris, le saccageur de puits et de cultures, ce Sir Ramix sur lequel pleuvent encore les rires du désert. Il eut à peine le temps de maudire sa simple présence, couarde dans cet assaut nocturne, qu’une dague mal aiguisée (sans doute volée comme tout le reste), pénétra son côté gauche et ôta la vie de Racoon, fermier polaréen dans cette existence-là.


Voilà ce qui s’était passé dans ce désastre.


À présent Racoon hésitait : fallait-il vraiment reconstruire, bâtir à nouveau et à grand peine, sous la menace constante du premier barbare venu, ou bien oublier cette existence dans une longue méditation auprès de la Pyramide ?


Un regard plus loin que sa faiblesse actuelle lui montra, à peu de distance, un petit groupe qui se relevait péniblement, comme lui voire pire, d’une nuit difficile. C’était Thini, l’Architecte et joyeuse sourcière, c’était le valeureux Panzer, c’était l’adorable Éléonore, c’était Last Flamenco qui déjà esquissait un sourire, et tant d'autres…


Après tout, cela n’était qu’un jeu. Existence après existence, ce qui comptait était le lien avec les autres, quels qu’ils soient et peu importe leurs croyances, pas le matériel qui reviendrait toujours à l’état de sable.


Racoon connaissait bien la suite : il y aurait un Traité plus ou moins humiliant, plus ou moins à la gloire des vainqueurs, jusqu’au prochain coup déjà en germe entre les lignes de calligraphie ampoulée. Mais on disait dans l’ancien temps que c’était après la guerre que les meilleures récoltes se faisaient, et que le triste gâchis des combats laissait derrière eux un terreau propice à renforcer les groupes. Il était temps de vérifier cet adage.


Il se leva très lentement, et en s’appuyant sur sa faux se dirigea vers cette oasis paisible, auprès de laquelle ses compagnons se reposaient et préparaient déjà la suite.


Alors qu’il allait atteindre le coin d’ombre, une plante attira son attention sur le bord du chemin. Sa passion pour tout ce qui poussait était revenue. En se penchant, Racoon reconnut ces tiges et surtout cette senteur puissante. C’était de l’ail. En souriant, il arracha délicatement deux bulbes du sable. Après en avoir mangé un peu, il écrasa une moitié de la gousse sur le fil de sa lame de faux, et rangea une deuxième gousse dans sa besace. Au cas où.

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09/06/23 21:57 - #1606
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Racoon

Une traversée du Désert - I

Une fois les compagnons de Polaris réunis, c’est une troupe encore fatiguée mais à l’œil déterminé qui reprit le long chemin vers leur histoire de bâtisseurs, interrompue par une coalition féroce qui marquerait un tournant dans l’histoire de Terra. C’était une épreuve. Revenir vers une Cité dont les portes laissaient passer le sable… Il y aurait beaucoup à faire et beaucoup à oublier.


Racoon s’éloigna pourtant un soir de ses compagnons, leur faisant une simple révérence. Ils comprirent qu’il avait besoin d’être seul. Il retrouverait le chemin. Il voulait voir de ses yeux le chantier dont le murmure avait atteint la Cité du Nord : cette statue que certains attribuaient à Chemnosh, dont les plans mystérieux étaient apparus près du Hameau du Renouveau. Pourquoi pas, après tout… Pourquoi ne pas participer à cette œuvre anonyme du désert, dédiée au Dieu créateur de toute chose, à l’infini ? Polaris, quoi qu’aient pu penser des peuples mal informés, laissait une liberté de culte complète à tous, pourvu que l’Union face au désert survive aux désaccords, rendant hommage à la joie d’exister dans ce monde. Solweig n’était pas seule à être vénérée par les Polaréens, et tous savaient que l’équilibre naissait de l’existence d’autres divinités.

Seul, il marcha jusqu’à une oasis pour se reposer, et fut dès le lendemain en vue d’un gigantesque échafaudage. Une fois en haut, il put apercevoir les toits de ce Hameau paisible où en principe, ni la guerre ni les espions faussement mendiants n’entraient. Ou pas encore.

Dès le lendemain, Racoon participait avec ferveur au chantier de la statue, mû par une volonté qui lui sembla presque extérieure, tant l’envie de bien faire surmontait sa fatigue d’avoir dû renaître à la Pyramide blanche. Ce chantier était le plus étrange de tout Terra : nul ne connaissait le plan, nul ne savait ce qui devrait être sculpté, et nul ne savait quand cela serait terminé, et pourtant, dès lors qu’on s’en approchait avec un outil, une force poussait à bâtir.


Après quelques jours passés à manier le burin et le marteau, Racoon sentit qu’il avait assez œuvré, et il se résolut à prendre la direction du nord, où étaient ses cultures abandonnées… Tout lui manquait.

Le soir venu, alors qu’il croyait devoir marcher seul encore longtemps, il aperçut un feu de camp et autour, c’étaient ses compagnons ! La joie de les retrouver un peu plus reposés et déterminés laissa vite place à l’envie de redonner à sa faux un usage intéressant : un Golem de pierre avait été aperçu à quelques kilomètres au nord ! Une discussion s’engagea alors entre eux. Fallait-il l’attaquer et revenir à Polaris avec un peu de cette pierre qui manquerait à tant de chantiers ? Ou bien explorer les environs ? Des bouteilles de rhum traînaient çà et là près du sentier, et la troupe était encore trop faible pour faire face à une escarmouche d’Ubar, qui pouvait être partout… Finalement, la décision fut prise : le Golem était une épreuve que Polaris devait affronter pour retrouver à la fois son moral après une guerre non souhaitée, et des matériaux de construction pour poursuivre l’œuvre commune, et ainsi raviver les survivants du Nord.

Dès l’aube, les 4 Polaréens dressèrent leur plan, et après avoir évalué leurs forces respectives, s’attaquèrent au géant minéral. Trois jours durant, ils firent l’assaut du Golem, qui était plus fort que prévu. Mais l’objectif raffermissait les liens du groupe, les soins mutuels leur donnaient espoir de retrouver un jour toute leur combativité d’avant l'Assaut du Nord.


Au soir du troisième jour, une silhouette apparut sur la dune voisine. Juché sur un chameau, drapé de blanc, le personnage était grand, et l’on devinait sous son masque doré des yeux vaguement amusés. Ce même artifice délicatement orné dissimulait le plus grand appétit de tout le désert pour la provocation.

(...à suivre...)

  • 7
10/06/23 19:46 - #1617
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Une traversée du désert - II - Une rencontre inattendue


... C’était Judas, chef auto-inavoué des pirates d’Ubar, dont l’absence officielle de hiérarchie ne trompait guère que les simples d’esprit. Nulle troupe avec lui pourtant. Il contemplait le spectacle des Polaréens dormant à côté de leur tas de pierres, et s’adressa à un Racoon épuisé qui était de guet ce soir-là et n'était pas prêt à lutter.

Il approcha, descendit de sa monture et déplia une paillasse de rotin à même le sable, prenant le temps de faire une large révérence avant de s'asseoir en tailleur sur le petit tapis. Ses yeux clairs semblaient sourire de façon narquoise alors qu'il sortait un long calumet et commençait à le bourrer d'herbe à pipe.

« - Chers messieurs, chères mesdames. J'espère que vous pardonnerez mon outrecuidance, je compte partager votre bivouac pour la journée.

Je ne saurais trop vous remercier pour votre grande hospitalité. »


Il se mit immédiatement à tirer de larges bouffée de son ustensile en observant ses hôtes au travail. Visiblement fourbu par un long voyage ininterrompu.


Racoon avait relevé la tête lorsqu'il avait entendu un bruissement au nord. Il avait froid, et la Cité était si loin... Dans le même état que lorsqu'il était mort, se dit-il. Autant dire que l'arrivée du Grand Judas d'Ubar n'était pas la meilleure rêverie qu'il ait pu avoir. Mais enfin. Il ne semblait pas être suivi. Pour l'instant. Esquissant une courte révérence par politesse, en faisant mine d'avoir encore le dos bloqué, il prit acte de la présence du souverain pirate.


« - Salutations, Grand Judas. Ton nom et la violence presque artistique des tiens nous sont parvenues, bien que ce soit pour nous une première rencontre, je crois. Je me réjouis des effluves d'herbe séchée, qui me font oublier l'urine ramixée. Prends place, Grand Judas, car le désert est à tout le monde et les Traités ont été signés ou sont en passe de l'être, d'après nos colombes. Le désert, disais-je, est à tout le monde, sauf la pierre de ce Golem endormi que nous comptons bien ramener auprès des nôtres. Nous avons comme tu le sais une cité à reconstruire… »

L'Insondable pirate laissa échapper un rire clair, visiblement charmé par la situation et par cet accueil presque cordial.


« - De grâce, pas tant d'égards, nous sommes tous posés sur le même sol. Je m'appelle simplement Judas et ma taille est plus que commune. Là d'où je viens nous appelons les gens par leur prénom.

Je vous laisse bien volontiers à vos cailloux, ils ne m'intéressent pas. »


Il se laissa glisser délicatement pour se trouver allongé sur le coté, s'appuyant sur l'un de ses avant-bras il poursuivit le petit manège qu'il réalisait avec son calumet.


« - Dites-moi vieillard, quels sont vos sentiments sur ces derniers jours ? Que dit-on chez les vôtres, des pirates et des princes ? Quel est votre opinion sur leur foi étrange ? Nous avons été traînés dans cette guerre si subitement que je n'ai jamais eu l'occasion de vous en parler.

- Eh bien Judas, je ne saurais pas vraiment te répondre sur la foi de notre Cité. Nous en avons beaucoup, et elle est variée. Pour ma part je me mêle peu des débats théologiques avec les cités voisines. Je préfère m'occuper de mes champs et des ressources, c'est plus concret ! »


Quand elles ne sont pas gaiement piétinées par des ubarites qui veulent faire croire que tout leur appartient, quel que soit le prétexte, par l'usage de la force ou de l'intimidation, pensa Racoon.


Racoon savait que tout ce qu’il pourrait raconter serait retenu contre lui et contre la cité pacifique de Polaris, tristement pillée, et dont il n’était qu’un citoyen parmi d’autres.

Il avait suffisamment entendu parler de Judas pour savoir quand il fallait rester évasif.

Et puis, une telle rencontre aux allures de cordialité ne lui faisait pas oublier la sauvagerie d’Ubar. Même enrobé de miel, ce discours n'était peut-être qu'un écran de fumée soufflée par le fin stratège des pirates.

L’échange n’alla donc pas plus loin. Le status quo prévalait tant que les forces de Polaris n'avaient pas regagné leur foyer après une reddition visiblement négociée, puisqu'un Judas triomphant et débonnaire était de retour chez lui.

Afflictis longæ, celeres gaudentibus horæ. Les heures sont lentes pour qui souffre, rapides pour qui est heureux.

Le silence du sable reprit le dessus, et Racoon poursuivit son tour de garde jusqu’à s’endormir comme une pierre au fond d’une oasis.

Au matin, il fut soulagé de constater que Judas était reparti.

Respect tacite ou absence de butin à se faire sur cette troupe encore misérable et loin de chez elle ?

Il ne saurait pas pourquoi Judas n’avait pas profité de cette garde inattentive.

Il n’évoqua jamais cette rencontre auprès de ses compagnons, mais essaya d'être plus attentif lors des gardes suivantes. Avec plus ou moins de succès comme nous le verrons.

(... à suivre...)

  • 7
12/06/23 19:50 - #1652
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Une traversée du désert - III - Destination


... Le golem heurta enfin le sable le lendemain. Mais la route était loin d’être terminée.

Le chemin du Nord était peu fréquenté en-dehors des grandes routes, et des squelettes de voyageurs égarés hantaient par groupes entiers les dunes.

Chaque jour ressemblait au précédent : abattre encore et encore des morts-vivants en sentant à chaque kilomètre que l’on progressait malgré tout vers Polaris. Au moins, abattre des morts-vivants en récupérant quelques ressources donnait à la troupe polaréenne le sentiment de se purifier d’une défaite nocturne. Malgré les épreuves et la lassitude de devoir retourner vers une Cité sans doute encore fumante, le groupe des Polaréens ne se laissa jamais détourner de son but.

Racoon cependant avait encore besoin de méditer.

Un soir, il s’éloigna du groupe prêt à regagner la cité. Il avait aperçu un groupe de squelettes à l’Ouest du sentier, et voulait en découdre. Seul. De nuit, il arriva silencieusement près d’un premier macchabée, et lui trancha la colonne en un seul coup avec sa faux. La lame très effilée malgré son antiquité, et dont il ne se défaisait jamais, pouvait être adaptée sur deux manches. Un long manche, qui lui servait aussi de bâton de marche, pour les récoltes paisibles, et un manche court et gravé de runes pour le combat au corps-à-corps.

Un deuxième, puis un troisième squelette tombèrent le lendemain. Racoon s’endormit entre deux dunes, sous son manteau usé. Un sommeil agité peuplé de rêves sombres le prit toute l’après-midi, à l’ombre d’un rocher. Des dents lui prenaient le cou, la chair était entamée et le sang bu. Quand il se réveilla au crépuscule, il vit deux choses : son sac contenant l’ail déchiré, et une marque de sang séché sur son manteau, au niveau du torse… Son sang. Il s’était fait attaquer ! Et pas par n’importe quel vampire, mais par une Princesse du Nord, Nyx, comme en témoignait son blason sur la carte de visite vampirique déposée non loin. Racoon était surpris d’être encore en vie malgré la quantité de sang perdu. Comme si Nyx l’avait ressuscité puis guéri par le pouvoir de Solweig, qu’il connaissait bien… Elle était partie comme elle était venue. Racoon se promit d’élucider ce mystère un jour, si un Prince du Nord venait à sa rencontre sans mauvaise intention. Il y avait peut-être une raison religieuse ou diplomatique à cette résurrection… La paix ?


Pour l’heure, il en avait assez du Désert, plus qu’assez, et ne pensait plus qu’à une seule chose : revoir sa ferme et aider à rebâtir Polaris. Les derniers squelettes le virent repartir d’un pas décidé vers le nord. On les faucherait plus tard.

Et c’est par un soir tranquille qu’il aperçut enfin la cité.

Les portes sud baillaient lamentablement mais l’Étoile brillait encore…

Entre les deux montants, un guerrier était là, l’armure abîmée et les traits fatigués.

Gris, l'inébranlable Gris, avait tenu bon dans le combat nocturne, et il se tenait chaque jour là à accueillir les revenants et éviter de nouveaux pillages isolés. Son visage s’éclaira, en voyant apparaître un de ses compagnons pour lequel ses prières étaient adressées.

Après une accolade, Gris lui raconta sa part du combat : les flammes, la terreur des apprentis dans les maisons, et les survivants protégeant coûte que coûte un dernier bastion près de la porte ouest… Puis la reddition, l’ultimatum des Princes du nord et surtout… le départ de Yanemir. À peine rentré dans sa Cité dévastée, et déjà otage de guerre emporté vers la noire Altaïr, territoire interdit à tout polaréen. Les deux compagnons d’arme pleurèrent une dernière fois ce désastre, sans voir qu’au milieu des nuages la Lune et une première étoile se penchaient sur eux.


Les exigences d’Ubar étaient cruelles et prévoyaient de laisser une statue de Solweig défigurée. Comment les Princes, adorateurs de la déesse, pouvaient supporter que leurs mercenaires s’attaquent à un tel symbole ? Leur alliance un jour s’effriterait, pensa Racoon, et il espérait secrètement que Yanemir, depuis sa cellule, ne perdrait jamais la Foi.

Il rentra et vit sa ferme, encore debout mais privée de champs. Personne n’avait pu les arroser pendant l’occupation de la ville. Sa maison avait été miraculeusement épargnée ; il faut dire qu’elle paraissait misérable pour la soldatesque, qui ne pouvait se douter de la riche bibliothèque botanique et historique, dissimulée derrière une tenture absolument raide et défraîchie !


Après une prière et en pensant à Yanemir enchaîné à l’Est, Racoon s’allongea et put malgré tout, et enfin, rejoindre Morphée, la déesse mineure du sommeil profond.

  • 6
13/06/23 11:03 - #1662
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Les premiers jours furent difficiles. La cité comptait ses morts, ses disparus, que le vent du désert avait dispersé et qui ne reviendraient pas. Le saccage avait coûté cher, mais enfin la reddition avait conduit les mercenaires pirates (du moins, ceux qui n’étaient pas saouls), à cesser leur pillage de la Capitale, et les armées avaient enfin quitté les lieux le soir où Racoon était revenu chez lui.


Rapidement, tout le clan réuni discuta de la suite à donner à ce désastre. Réparer les portes. Prier. Tâcher de nouer de nouvelles alliances. Prier encore. Repenser le plan de la cité. Débattre de la protection de Solweig, de la complémentarité de Valdania. Engager les meilleurs sculpteurs pour refaire l’une des statues de Solweig, défigurée.


Et tout ce temps, Racoon n’avait pu replanter ses champs !


Les nouvelles du désert n’étaient pas très bonnes.

Yanemir enfermé à Altaïr.

Un clan monastique attaqué, encore une fois par Ubar…

Une alliance entre le Saint-Siège et les pirates…

Un jeune clan éloigné, lui aussi menacé par les pirates d’après la rumeur.

Et toujours cette odeur de rhum laissée par les assaillants dans tous les recoins… Cela faisait beaucoup trop.


La Cité bruissa soudainement d’un vent inédit, annonciateur d'une tempête qui se dirigerait vers le sud.


Autour de Gris, s’assembla une confrérie déterminée à protéger la Cité : les Ours. Guerriers chevronnés ou volontaires sans formation, beaucoup rejoignirent cette petite troupe qui aurait l’objectif de défendre Polaris. La meilleure défense étant parfois l’attaque, un plan fut bientôt mis au point. Le désert colportait le bruit d’une cité imprenable, libre de ne rendre de comptes à personne, capable d’attaquer des peuples lointains, d’imposer un tribut arbitraire à tous. C’était Ubar, qui saisissait le moindre prétexte pour occuper ses mercenaires.

Une fois la Cité à l’abri, une fois les plaies les plus graves pansées, les Ours décidèrent que le moment était venu de se dévoiler. Ils emportèrent des armes, des vivres, du courage et toute leur foi, et partirent vers le sud. Une direction que jamais les Polaréens n’avaient prise, mais qui leur semblait Juste cette fois-ci.

Une chauve-souris apprivoisée par Éléonore s’envola au même moment vers l’Est, porteuse d’un parchemin secret, qui pourrait peut-être se frayer un passage entre les tours noires des Princes du Nord, jusqu’à Yanemir.


En partant, nul ne savait ce que ce terrible voyage allait coûter, ni ce qu’ils allaient devoir affronter, mais ils avaient avec eux l’espoir des clans attaqués par les pirates, celui des clans menacés, et de chaque joueur abattu sans sommation. Non, tout n’était pas à eux, Terra était à tout le monde ; la différence pouvait être dure à saisir mais elle était profonde. Polaris avait le droit à la paix, mais devait aussi apprendre l’art de la guerre...

Tout Terra apprendrait sous peu comment cet assaut sur Ubar, et ce grave trou dans sa coque, avaient pu être réalisés par une petite poignée de Polaréens décidés. Déterminés à être acteurs et non plus spectateurs ou victimes des grandes batailles.

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